L’ancien candidat à la présidentielle François Asselineau, poursuivi pour harcèlement et agressions sexuelles, obtient un non-lieu. Accusation de viol contre Gérald Darmanin : la Cour de cassation valide le non-lieu. Vers un abandon total des charges retenues contre Dominique Strauss-Kahn. L’enquête pour viol et agression sexuelle sur mineur visant Nicolas Hulot classée sans suite pour prescription. Voici un petit florilège de titres de presse annonçant la fin des procès de ces hommes politiques. Un point commun saute aux yeux : les faits reprochés à ces derniers sont assez proches. Il s’agit soit de harcèlement sexuel, d’agressions sexuelles ou de viols. Tous s’en sont sortis indemnes et certains, comme monsieur Darmanin sont même au sein de notre gouvernement actuel.
Il y a quand même de quoi se poser des questions. Existe-t-il « une immunité politique »en justice leur permettant de passer entre les mailles du filet ? Cela est-il juste dû aux lacunes de la justice au moment de traiter ces chefs d’accusations ? La question n’est pas simple.
Un constat alarmant
La politique n’a pas échappé à la vague MeToo et les dysfonctionnements dans ce milieu sont importants. À tel point qu’un « #MeTooPolitique » a vu le jour en novembre 2021 avec notamment cinq protagonistes en tête de file : Alice Coffin, Madeline da Silva, Hélène Goutany, Fiona Texeire et Mathilde Viot. Le constat est clair, « les violences sexistes et sexuelles en politique sont massives, concernent tous les échelons de pouvoir et toutes les familles politiques », constate l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique dans la foulée de la création de ce mouvement.
« Il vise à alerter, en montrant le caractère systémique de ces violences qui touchent toutes les familles politiques, tous les échelons de pouvoir et tous les âges. C’est aussi un plaidoyer pour des mesures préventives et exemplaires. Nous demandons que les personnes mises en cause pour violence sexuelle soient écartées des fonctions électives et des postes de pouvoir. Nous avons besoin d’un cadre plus protecteur, plus sain. Tout comme des avancées ont été obtenues en matière de transparence financière. Le respect du consentement devrait être aussi impératif que celui des deniers publics », explique Fiona Texeire, formatrice, consultante, à l’initiative du #MeTooPolitique et co-autrice avec Hélène Goutany de la série documentaire « « Y’a pas mort d’homme » sur Binge Audio. Un mouvement lancé en 2021 qui est toujours plus d’actualité.
Un exemple récent
Dernier homme politique accusé puis blanchi pour harcèlement et agressions sexuelles, François Asselineau ne déroge pas à la règle du sacro saint non-lieu. Quatre ans après deux plaintes dénonçant un harcèlement moral et des agressions sexuelles commis par le président de l’Union populaire républicaine sur deux de ses collaborateurs, un non-lieu a finalement été donné le 26 décembre 2024. Les sept chefs d’accusation ont été balayés par les magistrats. Le ministère public a fait appel de cette discussion, François Asselineau n’est donc pas totalement sorti d’affaire.
Un cas parmi d’autres…
Si le cas de François Asselineau est le plus récent, les hommes politiques impliqués dans des affaires similaires sont nombreux. Nicolas Hulot, DSK, Damien Abad, Gérald Darmanin… Ses politiciens ont deux points communs : ils ont été mis en cause dans des affaires d’harcèlement et/ou agressions sexuelles et s’en sont sortis indemnes comme si leur place dans la société leur permettait une forme d’immunité.
Des solutions à trouver
Pour lutter contre cette impunité qui ne cesse de croître, il faut essayer de trouver des solutions concrètes. « Il faut une politique volontariste : mesurer l’étendue des violences à travers des enquêtes de victimation, former massivement le personnel politique, renforcer la prévention, établir des mécanismes internes dans les partis pour écouter et protéger les victimes, et ne plus investir ou promouvoir des personnalités mises en cause pour ces violences. Sur le plan législatif, on pourrait s’inspirer des progrès réalisés sur la transparence financière et les appliquer à la lutte contre les violences. Enfin, sensibiliser les citoyens et les citoyennes pour qu’ils exigent des comptes à leurs représentants est crucial », met en exergue Fiona Texeire. Il va maintenant falloir passer à l’action et vite. Pour le moment, l’immobilisme politique semble encore et toujours d’actualité…
Le miroir de notre société
Si dans cet article, j’ai mis en avant le harcèlement sexuel, les agressions sexuelles ou les viols dans le monde politique et le possible laxisme de la justice lorsqu’il s’agit d’hommes politiques, le constat pour l’ensemble de la société n’est pas bien glorieux non plus. Il existe d’ailleurs une corrélation assez nette entre ce qui se passe en politique et dans la société.
« Le politique amplifie les dynamiques sociétales. Les violences sexistes et sexuelles qui s’y déploient sont le miroir d’un problème structurel : une société où les relations de pouvoir sont profondément genrées. Cependant, en tant que lieu de pouvoir et de décision, la sphère politique a une responsabilité supplémentaire. Si les responsables politiques ne sont pas exemplaires, comment espérer des avancées pour le reste de la société ? Tant que ces violences persisteront, notre démocratie restera inachevée », avance Fiona Teixere. Nous attendons donc tous un monde politique modèle sur ces chefs d’accusation. Malheureusement, pour le moment, il ne s’agit que d’une utopie.
Un peu de positif
« Il y a eu des avancées sous le mandat d’Emmanuel Macron sur ces questions de violences sexuelles. Je pense notamment au Grenelle sur les violences sexuelles en 2019. Encore aujourd’hui, il y a des politiques gouvernementales interministérielles qui sont mises en place », assure Myriam Kaddouri Espinasse, experte sur les enjeux d’égalité de genre, et notamment sur la question des violences sexistes et sexuelles.Il ne faut donc tout de même pas tout blâmer et les choses évoluent. Certes trop lentement mais les avancées sont multiples.
Les hommes politiques doivent avoir conscience qu’ils doivent également être des exemples pour le reste de la société. Nous avons commencé à avancer mais il reste encore l’Everest à gravir. Le ministre de la Justice doit en faire un dossier prioritaire. Il y a urgence.