En Martinique, le prix de la vie est nettement supérieur à celui de l’Hexagone, en particulier pour les produits de première nécessité, avec un écart moyen de 40 % sur les produits alimentaires. La principale cause de cet écart est la dépendance aux importations liée à l’insularité de l’île : les denrées alimentaires, les produits d’hygiène et bien d’autres produits sont importés, souvent de l’Europe ou des États-Unis. Les dépenses liées au transport et à la logistique augmentent donc leur coût.
De plus, la fiscalité propre aux territoires d’outre-mer, en particulier l’octroi de mer, renforce cette hausse. L’objectif de cette taxe est de soutenir la production locale, car elle concerne de nombreux produits importés qui n’ont pas d’équivalent local, ce qui rend les produits de base très coûteux pour les consommateurs martiniquais. En 2022, l’octroi de mer a généré 1,6 milliard d’euros pour les collectivités locales des territoires d’outre-mer, mais les critiques soulignent son impact sur le panier de courses des familles
Les mobilisations des martiniquais : une lutte contre la vie chère
Face à cette situation, les Martiniquais se sont exprimés par des manifestations et des grèves, organisées par des associations telles que le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC). Ce mouvement, renforcé par l’augmentation des prix des denrées alimentaires, réclame une baisse du coût de la vie, en Martinique, immédiatement. Ils réclament la suppression de l’octroi de mer sur les produits de première nécessité, une baisse de la TVA et la mise en œuvre de contrôles rigoureux des marges de la part des distributeurs.
Les autorités publiques ont été alertées par cette mobilisation citoyenne, qui a été soutenue par des slogans et des actions de sensibilisation, sur la situation critique des foyers martiniquais. Ces revendications ont été soutenues auprès des autorités nationales par des représentants locaux, qui ont demandé des réformes rapides pour améliorer le pouvoir d’achat des Martiniquais et diminuer les disparités de prix avec la métropole.
Des mesures pour un allègement du coût de la vie : un protocole d’accord “historique”
Le gouvernement et les représentants locaux ont pris des mesures pour diminuer les prix des produits de première nécessité, face à l’ampleur du mécontentement. En octobre 2024, le gouvernement, les collectivités locales et les grandes enseignes de distribution ont conclu un protocole d’accord. Serge Letchimy, président de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), qualifie ce plan d’« historique » et prévoit une diminution moyenne de 20 % des prix sur environ 7 000 produits de grande consommation. Cela englobe des produits essentiels tels que le lait, les céréales, les produits d’hygiène et les couches pour bébé.
Les dispositions prises comprennent aussi la levée de la TVA sur 69 produits et la création d’un fonds de compensation des frais de fret financé par l’État et l’entreprise de transport maritime CMA CGM, visant à diminuer les frais d’acheminement des produits importés. Il a également été mis en place un système de contrôle des prix et des marges afin de garantir que les distributeurs appliquent ces réductions. De plus, une restriction a été imposée aux nouvelles surfaces commerciales de plus de 1 000m2 afin de préserver les petits commerces et de soutenir l’économie locale.
Perspectives pour un changement durable : encourager la production locale et réformer la fiscalité
Si ces mesures répondent aux préoccupations immédiates des résidents, il est essentiel de trouver des solutions durables pour résoudre le problème de la vie chère en Martinique. Afin d’y parvenir, la Martinique s’engage dans un accord de transition agro-écologique, avec un budget de 2 millions d’euros dédié à la diversification agricole en 2025. L’île pourra diminuer sa dépendance aux importations en développant une production locale plus diversifiée et proposer aux consommateurs des produits à des prix compétitifs.
Enfin, les autorités locales et les organisations citoyennes continuent de réclamer une réforme approfondie de l’octroi de mer afin que cette taxe puisse protéger la production locale sans imposer un poids trop lourd sur les produits de base importés. Ces changements pourraient ainsi constituer une solution à long terme pour alléger le panier des familles martiniquaises et améliorer leur qualité de vie