Réélection sous haute tension : une victoire contestée
Selon des résultats officiels proclamés début août par le Conseil National Electoral (CNE), Nicolas Maduro a remporté la victoire face au candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique quant à lui 70 % des suffrages. Toutefois, aucun décompte exact n’a été publié, assurant avoir subi un piratage informatique.
Aujourd’hui, les sondages d’opinion montrent que le candidat de l’opposition Edmundo González devance le président sortant Nicolas Maduro de 20 à 30 points de pourcentage.
Depuis 25 ans, le Mouvement bolivarien autoproclamé, du nom du héros de l’indépendance du Venezuela, Simón Bolívar, dirige le pays. Plus de 80 % des Vénézuéliens, dans un récent sondage, ont déclaré qu’ils voulaient un changement de politique, y compris ceux qui soutiennent le projet bolivarien.
Cependant, dans un communiqué récent, le ministère des Affaires étrangères vénézuélien se dit « rejeter catégoriquement » le rapport « qui répand une série de mensonges, violant dans son contenu et sa méthode, non seulement les principes qui régissent le fonctionnement des groupes d’experts, mais aussi les termes de référence signés avec le pouvoir électoral vénézuélien ».
L’opposant vénézuélien en exil appelle au dialogue
Edmundo González Urrutia, candidat de l’opposition lors de l’élection présidentielle du 28 juillet au Venezuela, s’est exilé en Espagne. Dans une lettre publiée le 9 septembre sur le réseau social X, il explique sa décision de quitter son pays « pour changer les choses » et appelle au « dialogue » entre compatriotes.
L’opposant vénézuélien a révélé avoir été soumis à des pressions et des menaces avant son départ, tout en exprimant sa reconnaissance pour le soutien reçu. Son exil survient après des menaces persistantes du régime de Nicolas Maduro, mettant en danger sa vie, selon la cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado.
Une opposition écrasée par une répression multiforme du régime
Au lendemain de l’élection présidentielle du 28 juillet, le Venezuela a été secoué par des manifestations massives dans tout le pays. Selon l’Observatoire vénézuélien des conflits sociaux, 187 mobilisations ont eu lieu dans 23 États, touchant toutes les grandes villes.
Le procureur général a rapporté 1 062 arrestations au total. La répression a été brutale : la police a tiré à balles réelles, faisant 11 morts, laissant 40 personnes portées disparues selon la presse locale. L’appareil répressif de l’État, soutenu par des groupes paramilitaires armés appelés « collectivos », a été réactivé, plongeant le pays dans un climat de terreur.
Dans ce sens, des dizaines de personnes ont été licenciées d’institutions publiques (l’entreprise pétrolière PDVSA, la chaîne de télévision Venezolana de Televisión, la station de radio Radio Nacional de Venezuela, le Métro de Caracas…) pour un simple message s’opposant à Maduro sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, ces dernières semaines, deux lois ont été adoptées dans ce sens. D’une part, la loi contre le fascisme, le néofascisme et contre ce qui s’y apparente a été promulguée pour limiter l’organisation de réunions, manifestations et partis qui promeuvent « le fascisme », sachant que ce qualificatif est utilisé à l’encontre de la plupart des opposants.
Mais encore, la loi de fiscalisation, régularisation, action et financements des ONG limite leur financement, en particulier depuis l’étranger, sous un motif de transparence.
Appels à une nouvelle élection : Maduro reste inflexible
Dans un climat politique très tendu, les gouvernements du Brésil et de la Colombie ont appelé jeudi 15 août à une nouvelle présidentielle au Venezuela afin de sortir le pays de la crise née de la réélection contestée fin juillet de Nicolas Maduro, une proposition aussitôt rejetée par ce dernier et par l’opposition, qui revendique la victoire.
De même pour l’actuel président américain qui, lors d’un court échange avec la presse, s’est vu demander s’il était favorable à une nouvelle élection. « Je le suis », a-t-il répondu. Jugeant « très claire » la victoire de l’opposition, le président « évoquait la position absurde de Maduro » qui n’est « pas honnête » sur le résultat de la présidentielle, a assuré un porte-parole.
Sous sa présidence, Maduro a maintenu et renforcé les relations avec des pays comme la Chine, la Russie, l’Inde, Cuba et l’Iran, qui l’ont soutenu économiquement et politiquement face aux sanctions occidentales.
Néanmoins, son gouvernement est largement isolé sur la scène internationale, avec de nombreux pays refusant de reconnaître sa légitimité. Depuis 2019, le Venezuela fait l’objet de sanctions économiques sévères de la part des États-Unis, de l’Union européenne et de certains pays d’Amérique latine (Argentine, Uruguay, Pérou), visant à faire pression sur son gouvernement pour restaurer la démocratie.
Le Parlement européen reconnaît Edmundo González comme Président légitime du Venezuela
Ce 19 septembre, le Parlement européen a adopté une résolution, reconnaissant officiellement Edmundo González Urrutia comme président légitime et démocratiquement élu du Venezuela.
Les députés ont fermement dénoncé la « fraude électorale orchestrée par le Conseil électoral national contrôlé par le régime », ajoutant que celui-ci a « refusé de rendre publics les résultats officiels ».
De plus, avec 309 voix pour, 201 contre et 12 abstentions, le Parlement a également condamné la persécution de l’opposition démocratique, soulignant que les rapports internationaux indiquent que l’élection du 28 juillet 2024 ne respectait pas « les normes internationales d’intégrité électorale ».
Ce dernier a appelé à rétablir et à renforcer les sanctions contre les responsables du régime Maduro, mettant en garde contre un nouvel exode migratoire si le régime ne reconnaît pas la victoire de González Urrutia.
Maduro, l’impossible transition
La reconnaissance par Nicolás Maduro de sa défaite électorale semble chaque jour plus improbable. Avec un pouvoir judiciaire entièrement acquis à sa cause et une Assemblée nationale qui lui est favorable à plus de 90 %, le président vénézuélien peut compter sur l’appareil de l’État, largement dévoué, pour rester en place.
Quitter le pouvoir représenterait un risque majeur pour Maduro et ses alliés, non seulement en termes de perte de contrôle sur les revenus pétroliers du pays, mais également face à la menace de poursuites judiciaires.
Le chef de l’État est sous le coup d’une enquête de la Cour pénale internationale pour violations des droits humains, et les États-Unis ont offert 15 millions de dollars pour son arrestation, l’accusant de liens avec le narcotrafic. Cette consolidation autoritaire de Nicolás Maduro confirme l’impossibilité d’une alternance pacifique dans un système verrouillé.