Samedi 23 septembre, l’équinoxe marquait officiellement le début de l’automne. Pourtant, le mercure n’a cessé de grimper, si bien qu’on pourrait encore se croire en été. Les thermomètres affichaient 35 °C dans le Sud-Ouest au 1 octobre. “C’est tout à fait incroyable. Et ce n’est pas fini”, prévient Serge Zaka, docteur en agroclimatologie dans La Dépêche. Si cette chaleur persistante plaît aux adeptes des verres en terrasses, elle a pourtant des conséquences sur la faune et la flore.
Perturbation du cycle des végétaux
Selon Météo France, le mois de septembre a été marqué par des températures d’au moins 3.5°C au-dessus des normales de saison. “Mais les organismes des arbres et des végétaux ne sont pas faits pour ça”, alerte sur Franceinfo Marc-André Selosse, microbiologiste et écologue. En effet, la douceur automnale dérègle les cycles des végétaux, entraînant une cascade de conséquences néfastes qui diminue leurs chances de survie en hiver.
Habituellement, au début de l’automne, lorsque les jours raccourcissent et que les températures diminuent, la végétation entre dans une phase de dormance. Lors de cet état de repos, les plantes se préparent à l’arrivée de l’hiver. Marc-André Selosse explique : “Les plantes pérennes, celles qui vivent plusieurs années, mettent en réserve dans leurs racines et se préparent à des jours froids.” Or, les températures excessives et la météo très lumineuse retardent cette phase. Certaines plantes refleurissent, d’autres font de nouveaux fruits et toutes s’épuisent avant l’hiver. “Si le froid nous rattrape, il y aura un crash pour certaines espèces”, prévient le microbiologiste.
Modification de la biogéographie
Mais la flore a de grandes capacités d’adaptation. Isolées, les vagues tardives de chaleur ont un impact limité, mais en raison du dérèglement climatique, elles tendent à se répéter. “C’est l’accumulation de ces phénomènes exceptionnels qui épuisent la nature”, indique l’agroclimatologue Serge Zaka.
Sur le long terme, ces événements climatiques risquent de métamorphoser les paysages que nous connaissons. Chaque espèce est adaptée à un climat, à un rythme de pluie et de températures. Chaque plante pousse ainsi dans une zone précise, c’est ce qu’on appelle la biogéographie. Or, les climats se dérèglent et certaines plantes ne seront bientôt plus adaptées à leur environnement. Elles risquent de mourir peu à peu ou de migrer vers d’autres zones. Par exemple, le hêtre vert est un arbre très répandu en France, mais qui n’affectionne pas les climats chauds et secs. Selon certaines modélisations, il pourrait disparaître de France d’ici la fin du siècle pour aller s’implanter dans les zones montagneuses et plus fraîches. Cette espèce pourrait alors s’établir en Europe du Nord où elle n’est aujourd’hui pas présente.
Cependant, la disparition de certaines espèces végétales ne laissera pas place à un vide total. D’autres espèces en profiteront pour s’implanter. Par exemple, le pin maritime, arbre typique du climat aquitain, pourrait gagner le nord de la France pour s’implanter à Paris ou le long des côtes de la Manche d’ici quelques décennies…