Les faits et le procès
En 2021, après avoir fait authentifier son sac Vaugirard acheté quelques semaines auparavant, un client lance un procès à l’encontre de la marque de luxe, l’accusant de lui avoir vendu une contrefaçon.
Le jugement, qui a eu lieu en mai dernier, a condamné Louis Vuitton, non seulement à rembourser le montant du sac, mais aussi à verser le triple de sa valeur en dédommagement, soit un montant de 10 500€. Décision de justice contestée par la Maison, qui a fait appel.
Mais au-delà du fait que cette affaire soit inédite, elle pose un problème plus profond : les clients peuvent-ils encore faire confiance aux Maisons de luxe quant à l’authenticité de leurs produits ? En effet, si la plupart des acquéreurs sont prêts à débourser des sommes indécentes en boutique, c’est bien évidemment pour prendre possession d’un article certifié Louis Vuitton, avec la qualité mise en avant par la Maison. Mais si même une boutique officielle de la marque fait circuler des contrefaçons, comment réussir à maintenir un lien de confiance avec le consommateur ? Ainsi, Louis Vuitton joue sur cette affaire, non seulement sa réputation, mais aussi sa crédibilité vis-à-vis de sa clientèle.
Pour sa défense, la marque a mis en avant trois hypothèses qui pourraient expliquer que l’acheteur se soit retrouvé en possession d’une contrefaçon.
Un trafic de super-fakes ?
La première possibilité évoquée fait référence à un fléau qui fait rage depuis plusieurs années : le trafic de super-fakes, un trafic de contrefaçons bien rodé. Ce dernier consiste à envoyer un complice acheter un sac en boutique, de l’échanger contre un super-fake, une contrefaçon si réaliste que les conseillers de vente, qui n’ont pas de formation pour authentifier les produits de leur marque, auront du mal à reconnaître. Puis, l’acheteur malveillant revient en boutique quelques jours plus tard pour demander remboursement : alors, il se retrouve en possession d’un sac authentique qu’il a obtenu gratuitement et peut revendre sur le marché de la seconde main, tandis que la Maison, elle, possède une vulgaire contrefaçon.
Un client suspect ?
Louis Vuitton met donc en exergue la possibilité qu’un conseiller ait pu vendre, à son encontre, une réplique du sac Vaugirard.
Néanmoins, elle dénonce également le comportement suspect du client : le fait qu’il ait demandé à une tierce personne d’authentifier un sac qu’il avait acheté lui-même quelques jours plus tôt dans une boutique officielle, met la puce à l’oreille. En effet, rien n’empêche la possibilité que le client ait acheté un sac véridique pour l’échanger chez lui contre un faux du même modèle.
Un vendeur malhonnête ?
Dernière hypothèse : un vendeur de la boutique a pu être à l’origine de l’opération malhonnête.
Pour la marque aucun doute : c’est le trafic de super-fakes qui est à l’origine de cette erreur malencontreuse. Reste à identifier le coupable : un client tiers, le client en question, ou un vendeur de la boutique ?
D’ores et déjà, pour lutter contre ce fléau grandissant, la plupart des Maisons refusent désormais de rembourser leurs clients, et privilégient les échanges.