Des menaces en hausse lors des dernières semaines
À la fin du mois de décembre 2021, 52 députés ont reçu le message suivant : « Vous allez mourir. Coup de couteau, décapitation, lance-roquette, arme à feu, bombe, peu importe comment on vous tuera, vous allez vite comprendre que notre liberté, il ne fallait pas y toucher ». Ce n’est qu’un exemple parmi les nombreux messages qui ont été envoyés aux députés. Tous font assez largement froid dans le dos, en menaçant de s’en prendre aux femmes, enfants, domiciles, voire animaux de compagnie des députés. Après avoir reçu ce message, la députée LREM Haute-Saône Barbara Bessot-Ballot a porté plainte pour « menace de mort ».
De même, un autre député de la majorité, Stéphane Claireaux, élu de Saint-Pierre-et-Miquelon, a été agressé à son domicile le 9 janvier lors d’une manifestation contre le pass sanitaire. Ce dernier explique qu’il s’était rendu au-devant des manifestants pour pouvoir « discuter avec eux calmement » selon ses dires. Néanmoins, les manifestants étaient venus avec une voiture « chargée d’algues et de goémon » et les gens ont commencé à lui en lancer à la figure.
Les violences ont augmenté de moitié en moins d’un an
Sonia Flibeuil, porte-parole de la police nationale, souligne qu’il « y a toujours eu des élus menacés, mais pas dans de telles proportions ». Elle explique également que ce type d’agissements est majoritairement dû à des « activistes radicaux » du mouvement anti-pass. Ainsi, le ministère de l’Intérieur rapporte que, sur les onze premiers mois de 2021, 162 parlementaires et 605 maires ou adjoints municipaux ont été la cible d’atteintes volontaires à l’intégrité physique. Le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mardi dernier que « sur les six derniers mois, plus de 300 plaintes ont été déposées par des élus et, sur la même période, une quinzaine d’interpellations ont eu lieu ».
Dès juillet 2021, le parquet de Paris avait ouvert une gigantesque enquête sur ces menaces visant les personnalités investies d’un mandat public. Cela a été mis suite à un signalement du président de l’Assemblée Nationale, Richard Ferrand. Ainsi, au début de l’année 2022, l’enquête portait sur 250 faits, visant 150 personnes, essentiellement des députés. Le parquet de Paris n’est cependant pas le seul à traiter des affaires. Le 5 janvier, le tribunal correctionnel de Paris a condamné à quatre mois de prison ferme un jeune homme de 19 ans pour avoir appelé sur Internet à tuer des députés.
Des profils assez variés
Sonia Flibeuil souligne néanmoins qu’il reste compliqué d’établir un « portrait-robot » de ces anti-pass « radicalisés » à l’origine des menaces. D’après la porte-parole, ces personnes peuvent à la fois être « des pro-Raoult, de l’extrême-droite complotiste, des gilets jaunes ou encore des extrêmes gauches ».
Cela s’explique notamment par l’hétérogénéité assez importante du mouvement anti-pass. Le professeur à l’Université de Strasbourg, Philippe Breton, explique auprès de Franceinfo que ces personnes visent avant tout « la catégorie de l’élite, on s’en prend d’abord aux médecins, puis aux députés ».
Gérald Darmanin souhaite tout d’abord que les préfets augmentent la sécurité auprès des résidences personnelles des députés. Enfin, ils souhaitent plus largement accompagner les députés vers les dépôts de plainte et une sensibilisation de ces derniers à la gestion du conflit. De même, Richard Ferrand souligne que l’Assemblée Nationale se portera partie civile au côté des députés portant plainte.