Atteinte d’une maladie dégénérative depuis plusieurs années, l’actrice italienne Monica Vitti, de son vrai nom Maria Luisa Ceciarelli, a disparu à 90 ans au début du mois. Son décès a été annoncé par le Ministre de la Culture italien Dario Franceschini dans un communiqué : « Adieu à Monica Vitti, adieu à la reine du cinéma italien. Aujourd’hui est un jour vraiment triste, une grande artiste et une grande Italienne disparaît. »
Une filmographie riche et incontournable dans le cinéma mondial
Actrice, scénariste mais aussi réalisatrice, Monica Vitti avait mis fin à sa carrière en 1990. Retirée du monde des studios depuis trente ans, elle demeure une des grandes figures de l’âge d’or du cinéma italien. Après des études à l’Académie nationale d’art dramatique de Rome, elle interprète un répertoire classique sur les planches du théâtre romain. Shakespeare, Brecht ou encore Molière font partie de sa formation de comédienne. Toutefois, c’est un rôle dans une pièce de Feydeau qui attire l’attention du réalisateur Michelangelo Antonioni.
Repérée au théâtre, Monica Vitti apparaît pour la première fois à l’écran en 1955 dans un film d’Eduardo Anton, intitulé Ridere, ridere, ridere. Elle se fait ensuite une place dans les studios de Rome sous la direction de son époux et réalisateur favori, Michelangelo Antonioni, mais aussi dans les œuvres de Mario Monicelli, Joseph Losey, Ettore Scola ou de Luis Buñuel. Entre drames et comédies, sa carrière éclectique a été récompensée par les plus hautes distinctions du septième art. Elle compte notamment 5 David de Donatello de la meilleure actrice, 7 Globes d’Or de la meilleure actrice et un Lion d’Or à la Mostra de Venise.
L’ultime adieu des Italiens à Monica Vitti
Ce dimanche 6 février, les funérailles de l’actrice ont eu lieu à la Basilique Santa Maria in Montesanto, surnommée l’Église des Artistes. Devant l’entrée, des centaines de personnes se sont regroupées pour rendre hommage à la comédienne disparue place du Peuple à Rome. Des centaines de personnes ont pu suivre l’événement de l’extérieur de l’église grâce à une retransmission en directe de Rai Uno sur un écran géant.
Son cercueil, surmonté de gerbes de mimosas et de roses jaunes, couleur préférée de Vitti, a traversé la foule escortée par la police italienne jusqu’à l’Église. Famille et amis étaient présents, accompagnés de nombreuses personnalités des médias et du cinéma italien, notamment de son amie costumière Nicoletta Ercole. En première ligne du cortège, l’époux de Monica Vitti, Roberto Russo, et le maire de Rome, Roberto Gualtieri, ont accueilli le cercueil dans une atmosphère solennelle.
Au cœur de la foule, des pancartes et des photos de l’actrice affichaient les scènes les plus emblématiques de sa carrière, rappelant qu’elle avait donné la réplique à Alain Delon, Marcello Mastroianni ou encore à l’Irlandais Richard Harris. Avant l’ouverture de la messe, l’arrivée du cortège s’est faite sous l’ovation des fans venus la saluer pour la dernière fois. Pendant la cérémonie émouvante, le prête a évoqué une femme « simple, intelligente, ironique et blagueuse, solaire ». Ceux qui souhaitaient se recueillir auprès de son cercueil avant l’enterrement ont pu le faire au Palazzo del Campidoglio. Née et enterrée dans la capitale, Monica Vitti se disait être une « amoureuse folle de Rome ».
Au milieu des fleurs, une photo de l’actrice encore jeune affichait une figure familière. Cette semaine, des centaines d’hommages ont rappelé son élégance et son image énigmatique. « Le visage de l’angoisse » disait Antonioni, un regard froid et profond qui a laissé une empreinte singulière dans l’histoire du Septième Art. A l’occasion de 90 ans de Monica Vitti, un film-documentaire dédié à sa carrière avait été présenté à la Fête du Cinéma de Rome quelques années après son dernier film. La muse d’Antonioni, à la voix roque et aux yeux magnétiques, restera à jamais le visage inoubliable de sa « Tétralogie de l’incommunicable » (L’avventura, La notte, L’eclisse, Deserto rosso) si chère au cinéma italien.