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Ultras : Quand la passion dérange

Ils mettent l’ambiance dans les stades, font vibrer les tribunes pendant 90 minutes et défendent des valeurs. Les ultras, ces supporters passionnés, sont devenus des figures incontournables du football. Pourtant, depuis plusieurs années, ils sont dans le viseur des autorités. Répressions, interdictions, dissolutions... Pourquoi cette passion dérange-t-elle autant ?

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Une culture née dans les tribunes

Le mouvement ultra est né en Italie dans les années 60. L’idée ? Soutenir son club à la folie, chanter et déployer des banderoles, des tifos. Ces chorégraphies géantes dans les tribunes permettent de faire vivre le stade et de transformer un simple match de football en véritable spectacle. Très vite, cette culture s’est répandue en Europe, notamment en France. Les ultras ne sont pas juste des fans. Ils revendiquent une identité forte, parfois politique. Ils veulent défendre le football populaire, loin du foot-business, des sièges VIP et des maillots à 150 euros. 

Un tournant sécuritaire

Depuis une quinzaine d’années, les mesures contre les groupes ultras se multiplient. Entre déplacements interdits, interdictions de stade, contrôles renforcés… Certains groupes ont même été dissous, comme les Supras Auteuil et le Kop of Boulogne du PSG en 2010. Le drame du Parc des Princes, avec la mort d’un supporter, a marqué un tournant, accentué par le plan Leproux. Mais depuis ces tragiques incidents, même les groupes pacifiques sont surveillés.

Dernier exemple en date : en mars 2025, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a proposé un renforcement de la législation contre les supporters violents. Parmi ses mesures : faciliter les interdictions de stade, sanctionner des groupes entiers pour les actes d’une minorité et restreindre davantage les déplacements.
Cette initiative a été mal accueillie du côté des ultras. L’Association nationale des supporters a dénoncé une volonté politique de faire taire les tribunes, tandis que plusieurs collectifs de fans parlent d’un acharnement contre la culture populaire.

« On nous traite comme des ennemis alors qu’on est l’âme du stade », a réagi un porte-parole d’un groupe ultra marseillais.

Des groupes dans le viseur

La pression ne cesse de s’accentuer sur plusieurs groupes d’ultras en France ces derniers mois. A Saint-Étienne, les Magic Fans sont menacés de dissolution par les autorités après des tensions avec la direction du club. A Strasbourg, ce sont les Ultra Boy 90 qui se retrouvent dans le collimateur, avec des interdictions de stade. D’autres groupes sont aussi sur le fil du rasoir, notamment la Brigade Loire à Nantes et la Légion X du Paris FC.

Vers un foot aseptisé ?

Les clubs modernes veulent des stades calmes, contrôlés. Les ultras, eux, demandent des tribunes populaires, où l’ambiance n’est pas une option, mais un droit. Résultat : tensions fréquentes avec les dirigeants, une impression que les supporters sont les grands oubliés du foot moderne. De nombreux exemples illustrent cette tendance. Tout d’abord, à Paris, depuis la réorganisation des tribunes du Parc des Princes en 2010, une grande partie de l’ambiance historique a disparu, malgré le retour partiel des ultras en 2016. A Lyon, les Bad Gones ont plusieurs fois protesté contre la politique du club qui augmente les prix des places et limite l’usage des banderoles et des tambours. Dans plusieurs autres clubs comme Rennes et Lille, les dirigeants ont tenté d’imposer des chartes de bonne conduite aux groupes, parfois perçues comme une façon de les contrôler.

En réponse à cela, certaines actions ont marqué les esprits : boycotts de matchs, banderoles, grèves de chants. En 2024, les supporters de plusieurs clubs ont laissé les tribunes silencieuses pendant 15 minutes pour protester contre ces mesures. Une manière de rappeler que sans eux, le football peut sonner creux.

Pas parfait, mais indispensable ?

Bien sûr, les ultras ne sont pas toujours irréprochables. Certains débordements existent, certaines prises de position choquent. Mais faut-il pour autant les faire taire ? Derrière les fumigènes, il y a souvent des actions solidaires. Par exemple, les Red Tigers, groupe ultra du RC Lens, organisent chaque hiver une collecte de vêtements et de produits de première nécessité pour les sans-abris de la région. À Saint-Étienne, les Green Angels ont lancé des campagnes pour aider les étudiants précaires pendant le covid, en distribuant des repas.

Ces initiatives ne sont pas forcément montrées dans les journaux, mais elles montrent que les tribunes sont aussi des lieux de solidarité et de fraternité. Bref, des endroits vivants. Et sans les ultras, tout ça risque de disparaître.

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