« Faites un accord ou nous partons » : Trump durcit le ton
Dès les premières minutes de l’échange, Trump n’a pas caché son agacement face à l’ampleur du soutien américain à Kyiv. « Nous avons fait plus que quiconque pour vous. Maintenant, il est temps pour vous de conclure un accord », a-t-il déclaré, faisant référence aux dizaines de milliards de dollars d’aides militaires et financières alloués à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe en 2022.
Zelensky, visiblement contrarié, a tenté de défendre la nécessité de poursuivre l’effort militaire contre la Russie, insistant sur le fait qu’aucun accord ne pouvait être envisagé sans garanties solides de sécurité. « Nous ne pouvons pas négocier en position de faiblesse, sinon cela ne sera qu’une capitulation déguisée« , a-t-il répondu. Mais Trump a persisté : « Si vous ne faites pas un accord rapidement, nous devrons revoir notre engagement. Nous ne pouvons pas être entraînés dans une guerre sans fin. » Cette déclaration illustre un changement potentiel de paradigme dans la politique étrangère américaine, avec un possible repli stratégique et une remise en question des alliances traditionnelles.
Les minerais ukrainiens au cœur des discussions
Au-delà des questions de sécurité, l’un des points centraux de la rencontre concernait un possible accord sur l’exportation des minerais rares ukrainiens, cruciaux pour l’industrie technologique et militaire américaine. Trump a insisté pour que les États-Unis aient un accès préférentiel à ces ressources en échange d’un maintien limité de l’aide militaire.
« Vous avez des ressources incroyables en Ukraine, et nous voulons nous assurer qu’elles ne tombent pas entre de mauvaises mains« , a-t-il affirmé. Zelensky, de son côté, a souligné que toute négociation sur ces matières premières devrait inclure des garanties de souveraineté pour l’Ukraine, une position qui n’a manifestement pas convaincu Trump. L’Ukraine, riche en lithium, en titane et en néodyme, est un acteur clé dans la transition énergétique et numérique mondiale. Un accord trop favorable aux États-Unis pourrait affaiblir sa propre industrie et sa position stratégique dans les négociations futures avec d’autres partenaires.
Une pression croissante pour la fin du conflit
L’attitude du président américain traduit un basculement dans la stratégie des États-Unis vis-à-vis de l’Ukraine. À l’approche de l’élection présidentielle, Trump tente d’adopter une posture plus isolationniste, jouant sur le scepticisme d’une partie de l’électorat républicain concernant le coût de l’engagement américain dans la guerre.
Cette évolution inquiète Kyiv. « L’Europe seule ne pourra pas contenir la menace russe si les États-Unis se retirent progressivement de leur engagement« , a averti Zelensky lors d’un point presse après la rencontre. Il a également rappelé que « l’histoire a montré que des concessions aux régimes autoritaires ne mènent qu’à davantage d’agressions« . Si l’Ukraine devait négocier un accord sous pression, cela risquerait de fragiliser l’ensemble de l’architecture sécuritaire européenne et de redéfinir les rapports de force internationaux.
A la suite de cet entrevue musclée, le Président Trump a annoncé que la conférence de presse prévue entre les médias et les 2 chefs d’Etat n’aurait finalement pas lieu. Un changement d’agenda qui laisse planer des doutes sur la suite de la rencontre.
Des réactions internationales mitigées
La rencontre n’est pas passée inaperçue sur la scène internationale. En Europe, le ton s’est durci. Emmanuel Macron a déclaré que « l’Ukraine a besoin d’un soutien durable et ne peut être forcée à négocier sous pression« . De son côté, Olaf Scholz a rappelé que « la stabilité du continent européen dépend directement de la résistance ukrainienne« .
En Russie, le Kremlin a suivi avec intérêt ces échanges. Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, a réagi en déclarant que « si les États-Unis réduisent leur aide, l’Ukraine devra affronter la réalité et revoir ses ambitions« . Cette déclaration souligne la volonté russe d’exploiter toute faille dans l’unité occidentale pour renforcer son emprise sur le territoire ukrainien.
Un avenir incertain
Alors que Trump poursuit sa campagne présidentielle avec la promesse de « ramener l’Amérique aux affaires intérieures« , la position de l’Ukraine devient de plus en plus précaire. Si l’ancien président revient au pouvoir, un changement radical de la politique américaine vis-à-vis du conflit est à prévoir. La pression exercée sur Zelensky pour qu’il accepte un accord pourrait modifier considérablement l’issue du conflit et impacter l’équilibre des relations internationales.
En attendant, Kyiv doit jongler entre la nécessité de garantir son indépendance et la pression croissante de certains alliés pour explorer la voie d’une paix négociée. Une équation complexe dont la solution déterminera l’avenir de l’Europe et de l’ordre mondial. L’évolution de ces négociations sera déterminante non seulement pour l’Ukraine mais aussi pour la stabilité et la crédibilité de l’ensemble du monde occidental face aux régimes autoritaires.
