« Nous, les joueurs, ne sommes que des marionnettes dans toutes ces nouvelles choses inventées par la FIFA et l’UEFA. Personne ne nous consulte », indiquait Toni Kroos dans son podcast « Einfach mal Lappen », en 2020. Le champion du monde allemand en 2014, qui a pris sa retraite internationale en 2021, n’a pas peur de dire ce qu’il pense des actions menées par les instances du football. En passant par la Ligue des Nations, la Supercoupe d’Espagne délocalisée en Arabie Saoudite, il ose critiquer les nouvelles compétitions qui chargent de plus en plus les calendriers…dans l’objectif de « pomper le plus d’argent possible ». C’est en tout cas ce que dénonce le joueur du Real de Madrid. Or, les conséquences de ces nouvelles idées se font ressentir sur la santé des joueurs. C’est exactement ce qu’il s’est produit lors des éliminatoires à l’Euro 2024 et à la Coupe du Monde 2026. En effet, durant ces confrontations de nombreux joueurs ne sont pas sortis indemnes.
Des blessures qui touchent tous les championnats
En effet, la liste des blessés n’a cessé de s’agrandir au fil des matchs et touche tous les grands championnats européens. La Liga a perdu beaucoup de gros noms notamment avec le jeune barcelonais de 19 ans, Gavi qui a vu sa saison se terminer lors du match Espagne-Géorgie. D’autres joueurs du championnat espagnol se sont aussi blessés et vont rater plusieurs matchs. Ils ne devraient revenir qu’en janvier 2024. Le gardien barcelonais Ter Stegen a lui aussi été victime de ces matchs qui se multiplient, avec une blessure au dos. Pour continuer, la Real Sociedad a elle perdu Mikel Oyarzábal et le Real Madrid des joueurs comme Camavinga et Vinicius Jr, qui s’est blessé avec le Brésil.
Du côté de la ligue 1, Warren Zaïre-Emery s’est blessé en marquant son premier but en équipe de France, face à Gibraltar. De même pour le Lyonnais Johann Lepenant qui est sorti sur blessure avec les espoirs de Thierry Henry. Ce n’est pas tout, la Premier League est aussi touchée. En effet, le Manchester City de Pep Guardiola pourrait ne pas être en mesure d’aligner Erling Haaland, blessé au pied droit avec sa sélection. De son côté, Manchester United devra faire sans Onana et Rashford. En Italie, quelques blessures sont également à signaler avec le joueur de l’Inter Milan, Alessandro Bastoni, qui ne sera pas présent pour le choc face à la Juventus. Même traitement pour l’Américain Weston McKenzie touché au genou. La « Vieille Dame » ne pourra donc pas compter sur lui face à l’Inter Milan. Enfin, la Bundesliga a vu certains de ses joueurs quitter leurs sélections, comme Léon Opitz qui évolue au SV Werder Bremen.
Ces quelques exemples de blessés illustrent parfaitement les conséquences que la gestion de la FIFA engendre sur la santé des joueurs. Un constat que ne semble pas être prête à entendre cette instance, qui préfère continuer à ignorer les déboires physiques apparus lors de la trêve internationale.
Des instances qui ferment les yeux…
La Fifa continue de vouloir toujours plus de matchs et de compétitions dans l’objectif de générer toujours plus d’argent…et cela, sans consulter les joueurs. En ce début de saison, trois trêves internationales ont déjà eu lieu : en septembre, en octobre puis en novembre. Les blessures elles, continuent d’augmenter et à toucher fortement la santé des joueurs. Pourtant, l’UEFA a déjà annoncé son souhait d’augmenter le nombre de clubs participants à la Ligue des Champions, passant de 32 équipes à 36 équipes pour l’édition de 2024. Même dynamique pour la Coupe du Monde 2026 qui verra son nombre de participants passé de 32 à 48.
Pour tenir ce rythme effréné et réussir à faire venir toutes les nations, la Coupe du Monde se déroulera sur plusieurs territoires afin d’organiser plus facilement la compétition. En 2026, les rencontres auront donc lieu aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Si la FIFA voit ici un moyen de gagner de l’argent et d’ouvrir la compétition à d’autres territoires, on ne peut s’empêcher de penser à la fatigue que générera autant de voyages et de décalages horaires, chez les joueurs.
Les entraîneurs des clubs sont lassés de voir leurs joueurs revenir des trêves internationales blessés, d’avoir une augmentation des matchs au fil des années ou des minutes de temps additionnels pour permettre plus de spectacle et de suspense. Ainsi, ils se plaignent de ne jamais être consultés par les instances du football : « Les instances veulent augmenter la qualité du jeu, mais augmentent la durée des matches et le nombre de matches. Pour améliorer la qualité, il faut diminuer la quantité. Voilà ce qu’il faut faire, le problème étant que les entraîneurs et joueurs n’ont pas leur mot à dire. Les instances prennent leurs décisions seules. Le football n’est pas géré comme il devrait l’être […] les plus affectés sont les joueurs qui se blessent davantage, et qui ne peuvent pas exprimer pleinement leurs qualités », a critiqué Carlo Ancelotti lors d’une conférence de presse, le 18 juin 2023. Pep Guardiola et Xavi ont également tenu des propos similaires.
Le dernier rempart sont les joueurs, depuis quelques années déjà certains joueurs osent évoquer le rythme effréné qu’ils doivent affronter entre les matchs en club et la sélection nationale. Sans les joueurs, il n’y a plus de spectacle, plus de football…
Une grève chez les joueurs ?
C’est peu probable … Pourtant, des joueurs poussent de plus en plus la sonnette d’alarme sur le rythme qu’ils doivent subir. Comme l’avait fait Aurélien Tchouaméni lors de la trêve internationale d’octobre, avant le match face au Pays-Bas, en déclarant lors de la conférence de presse : « Évidemment qu’on joue trop de matches ! C’est une surprise pour personne […] C’est aux instances de faire quelque chose ! Ce sera à nous de se rassembler aussi, pour taper du poing sur la table. Jouer des saisons à 70 ou 80 matchs, pour un joueur, c’est impossible ! ». À noter que lors de cette rencontre face aux bleus, les Néerlandais enregistraient les forfaits de 12 joueurs
Pep Guardiola, de son côté, a encouragé, lors d’un entretien accordé à The Atletic, les joueurs à s’exprimer et à agir pour faire changer les normes : « Si les joueurs veulent changer quelque chose au sujet du football, ils sont les seuls à pouvoir le faire. Regardez l’Espagne avec l’équipe féminine, les joueuses ont décidé de changer quelque chose et elles l’ont changé. Sans Pep, le football continuera, mais sans les joueurs, le spectacle ne pourra pas se poursuivre. Cela dépend d’eux. ». Pour le technicien catalan, la solution se trouverait donc entre les mains des joueurs.
1 comment
Très bon article Enzo. Il est vrai que le rythme des joueurs est peut-être trop élevé. Au plaisir de lire ton prochain article !