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« The Innocents » : Un jeu d’enfant

« The Innocents », le thriller nordique sorti ce février en salles, épate par sa maîtrise du genre. Ce film réalisé par Eskil Vogt a été présenté au festival de Cannes dans la sélection Un Certain Regard et fait également son apparition lors du Festival de Gérardmer 2022 où il remporte les prix du public et de la critique. Si jusque-là vous êtes déjà intrigués, attendez de découvrir le film davantage avec la petite critique qui va suivre ! Et si vous préférez découvrir le film en restant dans l’inconnu et en entretenant le mystère, rendez-vous après votre visionnage car : Attention ! Spoilers !

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image présentant Ida, l'héroïne du film
https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Bande-annonce-de-The-Innocents-un-des-chocs-horrifiques-de-lannee


Un synopsis qui n’a rien d’ordinaire

 « The Innocents » met en scène l’histoire de quatre enfants qui se retrouvent lors d’un été et découvrent peu à peu leurs pouvoirs surnaturels. Au début, ces pouvoirs sont innocents, utilisés dans le cadre des jeux afin de les rendre plus intéressants. Cependant, très rapidement (et oui le changement d’ambiance est drastique) ils vont en perdre le contrôle. Ce qui était au départ un simple jeu d’enfants se transforme littéralement en véritable cauchemar. 

Eskil Vogt nous présente ici un synopsis peu ordinaire qui éveille beaucoup de mystère et de questionnements. Le réalisateur semble en effet assez inspiré cette année. Il co-scéarise également le film « Julie en 12 chapitres » avec Joachim Trier, un drame plein de vie et de réalisme. Celui-ci emporte le prix de la meilleure performance féminine lors du Festival de Cannes. 

Mais découvrons d’abord ensemble ce qu’il se cache derrière « The Innocents », ce film qui perd le sens de son titre au fur et à mesure que les minutes défilent. 



Critique du film 
https://www.lepoint.fr/pop-culture/cannes-2021-the-innocents-un-cauchemar-enfantin-venu-du-froid-12-07-2021-2435173_2920.php


Premièrement, je vais commencer par dire : âmes sensibles s’abstenir ! Le film est un véritable voyage horrifique qui nous fait passer par de nombreuses sensations. Ces dernières se dégradent au fur et à mesure nous plongeant graduellement dans une ambiance de plus en plus sombre. 

Tout commence comme un jeu d’enfant. On remarque bien que l’utilisation de ces pouvoirs soudains fait notamment du bien à la grande sœur Anna atteinte d’autisme. Elle commence à sortir plus, se faire des amis et même commencer à carrément parler ! Ces pouvoirs sont pour elle une sorte d’issue de secours, un endroit de refuge. Mais très vite le public est confronté à un événement violent. Deux des enfants décident de torturer un chat et préparez-vous car le choc est garanti. Cet événement vient d’autant plus basculer le visionnage car on a tendance à croire en la nature naïve et pacifique des enfants. Cette attente disparait complètement nous ouvrant les yeux sur une nature secondaire cachée dont les adultes ne connaîtraient pas l’existence. 

Ces derniers d’ailleurs sont totalement au second plan. Ils sont des pièces maitresses de leurs jeux, et à un moment du film des marionnettes, même de leurs désirs. Le film suggère alors un monde caché qui n’existe que dans le monde des enfants, leur imagination peut-être, et sur lequel les adultes n’ont aucun pouvoir. Le film nous livre ainsi une image de ce monde intérieur des enfants qu’en tant qu’adultes on a tendance à laisser de côté et sous- estimer. Les enfants ont bien également des peines, de l’énervement et sont capables de ressentir toutes les émotions. Tout n’est pas toujours un jeu d’enfant, tout n’est pas toujours beau et rose même pour eux. 

Eskil Vogt utilise alors ces pouvoirs pour qu’on comprenne mieux pourquoi ils en perdent le contrôle. Ce monde intérieur riche que les enfants semblent avoir impacte souvent leur humeur. Aicha doit faire face à la solitude qu’elle ressent vivant uniquement avec sa mère ; Ida a besoin de s’échapper de l’ombre de sa grande sœur qui monopolise toute l’attention ; Anna a besoin de ces pouvoirs pour trouver son indépendance et laisser la maladie qui règne sa vie derrière ; et Ben doit évacuer sa colère face au délaissement qu’il éprouve venant de sa mère. 
Ainsi, peu à peu, ses pouvoirs deviennent plus forts qu’eux et certains ont alors tendance à passer du mauvais côté. « The Innocents » dépeint ici cette réalité dure concernant le choix moral que certains enfants ayant eu une enfance difficile éprouvent. 

Mais le scénario riche et intriguant n’est pas le seul bon point de ce film. En effet la photographie joue un rôle crucial. L’ambiance froide et sombre qui s’installe éventuellement est très bien maitrisée à tel point que le changement est très subtil, fait dans la finesse malgré les événements durs qu’on rencontre de scène en scène. 

La fin ouverte du film nous laisse également remplis de questionnements. Elle a une emprise sur nous, même après la fin de la séance. On se demande alors si la maladie ne serait pas en effet un élément qui rend l’enfant plus fort, plus sensible à ce qui l’entoure et en somme plus en contrôle ? Une nouvelle vision est livrée à nous. 

Vogt réussit ici à nous livrer un film riche en émotions, riche en questionnements, riche en messages et également riche en technique : de quoi sortir comblé d’une salle de cinéma. Alors ne ratez pas cette perle cachée, vous n’aurez sûrement plus la chance de regarder un film qui s’y rapproche !  





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