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SVB veut dire faillite ?

En moins de trois jours, la Silicon Valley Bank s'est effondrée sur elle-même, menaçant d'entraîner dans sa chute une partie importante de l'économie américaine, de quoi réveiller le spectre d’une nouvelle crise financière. Récit de ces heures qui ont fait trembler l'outre-Atlantique.

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Un établissement de la Silicon Valley Bank à Tempe (Arizona), le 14 mars 2023. © REBECCA NOBLE / AFP
La Silicon Valley Bank entraînera-t-elle le monde avec elle ?

Une banque régionale californienne, la Silicon Valley Bank (SVB), a fait faillite la semaine dernière. Elle représentait la dixième plus grande banque américaine. Encensée par le fameux magazine Forbes encore quelques semaines plus tôt, certains responsables ont pourtant vu le désastre arriver. Daniel Beck, ancien dirigeant de Lehman Brothers, la banque dont la faillite a déclenché la crise de 2008, avait vendu 32% de ses positions pour 600 000 $ avant la faillite de mercredi dernier. Le 27 février, Gregory Becker, CEO de la SVB avait vendu 11% de ses parts pour 3,6 millions de dollars. La CMO, Michelle Draper, 28% de ses parts quelques jours avant l’effondrement de banque. Beaucoup craignent une contagion. Le secteur bancaire accuse des pertes significatives, et des réactions de panique ont été observées chez de nombreux investisseurs.

Que s’est-il passé ?

Tout a commencé mercredi. La SVB a surpris ses investisseurs en leur apprenant qu’ils avaient besoin de lever 2,25 milliards de dollars pour équilibrer leur compte. Ils n’avaient pas prévu de tels volumes de retrait. Jeudi 8 mars, la banque est à la recherche de capitaux. Peu de temps auparavant, la Silvergate Bank, orientée elle vers les cryptomonnaies, s’est effondrée. La peur d’une nouvelle faillite a déclenché une autre vague de retraits. La banque a vendu à perte des bonds du trésor américain pour obtenir des liquidités. Venture Capital, un fonds d’investissement qui dirige la banque, a ordonné à ses gestionnaires de portefeuille de retirer leurs fonds de la banque. C’est un signal très négatif : le titre chute de 60% en bourse. À la fin de la journée, le bilan est terrible : les clients de la banque ont retiré 42 milliards de dollars. Vendredi la SVB est fermée par les régulateurs du marché américain pour protéger les épargne restantes. 

« C’est une faillite bancaire causée par une hystérie elle-même causée par Venture Capital. »

Ryan Falvay, investisseur à Restive Ventures

C’est la faillite bancaire la plus importante depuis la crise de 2008 et la deuxième de toute l’histoire du pays. Beaucoup de compagnie de la tech utilisaient cette banque, comme BlockFi, spécialisée dans les crypto-monnaies. La société a déclaré faillite après avoir perdu en deux jours 227 millions de dollars. Selon le Wall Street Journal, la SVB était régulée comme une banque, mais était gérée comme un fonds d’investissement. Toujours selon le journal, le management a d’ailleurs très mal géré la vente des bons du trésor américain, et a sous-estimé les retraits des clients.

Le ressenti dans l’hexagone

Elisabeth Borne a déclaré que le gouvernement restait vigilant, mais que la situation était différente de celle de 2008. Cependant, la situation sur les marchés semble plus noire que ne veut le faire paraître la Première ministre. Les économies connectées ont très mal réagi, puisque les banques européennes ont chuté en bourse, emportées par un poids lourd : le Crédit Suisse, qui a vu son titre tomber jusqu’à -30% mercredi 15 mars. Tout le secteur bancaire Nord-américain a pris peur et a ainsi liquidé une partie de ses actifs en Europe, démarrant une panique certaine, qui a entraîné des pertes conséquentes. Le même jour, le titre BNP Paribas décroche de 10% et celui de la Société Générale de 12%. Tous craignent une contagion comme en 2008, accélérée par la financiarisation croissante de l’économie. Les autorités se veulent néanmoins rassurantes, les réglementations ayant évolué depuis 2008. Affaire à suivre donc dans les prochains jours : la contamination aura-t-elle lieu ou restera-t-elle qu’une simple spéculation ?

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