La biographie d’un héros du peuple
Luiz Inácio Lula da Silva, plus communément appelé Lula, est né en octobre 1945, à Caetés, dans un petit village au Brésil. Il intègre officiellement le surnom de Lula, lui permettant de se désigner lui-même plus facilement. Naissant dans une grande fratrie, il vit alors un foyer modeste tentant de fuir la misère suivant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Durant sa jeunesse, il fut contraint de quitter l’école et enchaîna les petits boulots afin de survivre et de subvenir aux besoins de sa famille.
Au départ, Lula était alors peu politisé. Il décide alors pour commencer de s’engager dans le syndicalisme. Plus précisément, le syndicalisme de métallurgie. À 21 ans, lui-même ouvrier, Lula devient président du syndicat métallurgique en 1975. Avec son épaisse barbe et ses cheveux en bataille emblématiques, (voir photo ci-dessous) Lula marque les esprits grâce à son esprit négociateur et son éloquence légendaire. Il devient alors une vraie figure emblématique du syndicalisme brésilien.
En 1980, Lula décide de se lancer dans la politique et fonde alors le Parti des Travailleurs (Partido dos Trabalhadores). Deux ans plus tard, il postule pour exercer le poste de gouverneur d’État de Sao Paulo. Puis, en 1986, il est élu député et rentre au Congrès. Il participera même à la Constitution, mais finira par y renoncer quelque temps après. Selon Lula, il y manquait de la démocratie et ce fut une des raisons principales le poussant à se retirer.
Aujourd’hui figure de l’opposition de gauche, il construit son identité depuis les années 90. C’est en décembre 1989, lors des premières élections présidentielles démocratiques depuis plus de 30 ans, que Lula se présente pour la première fois au poste de président de la République. Cependant, par manque de popularité, Lula ne remporte pas face à son adversaire de l’époque, Fernando Collor de Mello, président durant 2 ans. Ne perdant pas espoir, Lula se représente une deuxième fois, 4 ans plus tard, mais présente un second échec de sa part. Ses discours considérés comme trop radicaux ne font pas le poids face au gouvernement sortant, populaire grâce à sa politique économique, qui a permis d’instaurer une certaine stabilité.
Finalement, ce n’est en qu’en 2002, qu’il est élu président pour un total de 8 ans, du 1er janvier 2003 au 1er janvier 2011. Premier président brésilien de gauche, prônant la démocratie et luttant contre la misère et la pauvreté, il mit en place toute sorte de politique permettant aux populations défavorisées de bénéficier d’aide sociale et économique.
Pourtant, à partir de 2011, Lula se retrouve dans plusieurs affaires judiciaires, l’accusant de corruption, de blanchiment d’argent, de détournement de fonds et d’entrave à l’exercice de la justice. Reniant toute accusation, il accuse les élites d’avoir organisé un coup monté afin de le détourner des élections présidentielles en 2018. C’est en juillet 2017, que le juge fit tomber le verdict : 9 ans et 6 mois d’emprisonnement pour corruption passive et blanchiment d’argent. Quelques mois plus tard, la peine a doublé, elle est portée à 12 ans et un mois d’emprisonnement.
Finalement, en juin 2019, The intercept, célèbre journal d’investigation en ligne, affirme que le juge en charge de la peine de Lula – et plus tard devenu Ministre de la Justice sous Bolsonaro – ainsi que les enquêteurs chargés de l’enquête anticorruption, auraient bel et bien comploté contre Lula, afin de l’écarter des élections de 2018. Le Tribunal suprême fédéral prend alors la décision de reprendre son procès en main.
Les résultats de son premier mandat
« Je ne suis pas venu, déclarait-il une fois élu, pour administrer ; je suis venu pour prendre soin ; une entreprise je l’administre, mais un peuple vivant et souffrant, j’en prends soin. »
https://www.revue-projet.com/articles/bresil-l-heritage-de-lula/7626
Nombreuses politiques de Lula ont été un franc succès comme le défendent ses militants. Ce partisan de gauche, luttant contre la misère et la pauvreté, se battait pour son peuple, celui qu’il aimait, celui qu’il connaissait mieux que quiconque, d’après ses défenseurs. En effet, la population qui le soutient affirme que Lula connaît son pays, mieux que personne. Il l’aime, le chérit, il a marché dans les rues de son pays au côté de son peuple. En 2009, il est même élu “l’homme de l’année” par des journaux comme Le Monde ou encore El País. Pour le journal Financial Times, un quotidien britannique économique et financier, il fait partie des 50 célébrités marquant le début des années 2000. Qualifié de “leader le plus populaire de l’histoire du pays”, c’est son charme et son habileté politique que certains lui reconnaissent, qui font que Lula est aussi apprécié.
L’ex-président brésilien semble avoir manifesté un véritable intérêt pour la question sociale, contrairement à ses prédécesseurs. Il met l’accent sur la question de la faim, l’augmentation des salaires minimums ou encore les conditions de vie des plus pauvres.
Plusieurs politiques ont été mises en place : “Bolsa Familia” (bourse familiale), “Lumière pour tous” ou encore “Ma maison, ma vie”. Dans un premier temps, lors des différentes crises économiques que le Brésil a pu rencontrer lors du mandat de son mandat, il a tenu à conserver l’augmentation des salaires minimum. C’est ainsi que l’économie régionale et locale reprennent peu à peu. En effet, un total de 15 millions de création d’emplois en 8 ans ainsi qu’une chute du chômage touchant entre 8 et 12,6% de la population active.
Ça ne s’arrête pas là. Le programme “Bolsa Familia”, principal pilier de sa lutte contre la pauvreté, met en place une allocation de 35 euros pour les familles envoyant leurs enfants à l’école. Ce programme touche un peu plus de 11 millions de personnes au Brésil. Alors, le revenu des plus pauvres augmente de 14% en 2004, le programme faisant parti des ⅔ de cette évolution positive.
Troisièmement, “Lumière pour tous” et “Ma maison, ma vie” sont des programmes de construction de logements populaires permettant à tous d’avoir un toit. La construction d’un million de citernes pour promouvoir l’accès à l’eau dans tout le pays, ou encore “Prouni” permettant la mise en place de quotas pour aider les personnes noires à accéder à l’université, montre l’engagement social de Lula, dans tous les domaines.
Toutefois, Lula n’a pas pu répondre à toutes les demandes. Selon les partisans de son parti et syndicat ouvrier, Lula n’a pas réalisé la majorité des promesses faites et inscrites dans son programme luttant contre les inégalités. Cela concerne 4 grandes réformes : la réforme agraire, fiscale, le système de sécurité sociale mais aussi la réforme du travail. Les partisans des divers mouvements sociaux et notamment le Parti des Travailleurs reproche à Lula d’avoir perdu de vue son objectif.
La situation actuelle : un éventuel bol d’air frais pour l’Amazonie
Le dimanche 30 octobre 2022, Lula gagne pour la troisième fois et est élu président de la République, face à son prédécesseur, Jair Bolsonaro, figure emblématique de l’extrême droite. Le peuple fit alors entendre sa voix. 50,9% face à 49,1%, ce fut le score le plus serré de l’histoire du Brésil. Le pari est réussi pour Lula mais était loin d’être gagné.
À 77 ans et pour son troisième mandat, Lula est un véritable espoir pour la forêt amazonienne. En effet, ses priorités porteront principalement sur le réchauffement climatique et la lutte contre la faim, ainsi que l’aspect diplomatique, mis de côté par le président sortant. Le pays est profondément divisé, mais surtout isolé à l’échelle internationale.
“Le Brésil et la planète ont besoin d’une Amazonie en vie.”
https://www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/amazonie/presidentielle-au-bresil-on-vous-explique-pourquoi-le-retour-de-lula-represente-un-espoir-pour-l-amazonie_5451895.html
Le programme de Lula promet de réduire la déforestation, accéléré par Bolsonaro mais ayant déjà commencé dans les années 1970.
“Il est impératif de défendre l’Amazonie de la politique de dévastation mise en place par le gouvernement actuel”
https://www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/amazonie/presidentielle-au-bresil-on-vous-explique-pourquoi-le-retour-de-lula-represente-un-espoir-pour-l-amazonie_5451895.html
En effet, il s’est engagé à réduire totalement, c’est-à-dire à zéro, le taux de déforestation dans la forêt amazonienne ainsi qu’à défendre les droits des peuples autochtones. Mais ce n’est pas tout, il souhaite également jouer un rôle au premier plan face à la crise climatique touchant le monde entier.
Durant la COP 26, le Brésil avait pris l’initiative de réduire la déforestation illégale au sein de l’Amazonie, cependant les pratiques de Bolsonaro créèrent tout l’inverse. De douloureux souvenirs d’une accélération de la destruction de l’Amazonie, tuant des écosystèmes entiers et mettant en péril la vie de milliers d’autochtones continue d’hanter les populations. Les principaux responsables restent impunis face à leur crime meurtrier attaquant directement le patrimoine du Brésil.
En 2021, la déforestation en Amazonie avait augmenté de 73%, par rapport à 2018, atteignant alors son plus haut pic en l’espace de 15 ans. Plus de 34 000 km carrés ont été défrichés en 2019 et en 2021, d’après les données officielles. Aussi, près de 99% des cas de déforestation en 2021, présentaient des irrégularités indiquant donc une forme d’illégalité.
« Alors que la COP 27 débutera une semaine après son élection, Lula devrait préciser comment il entend faire respecter l’état de droit en Amazonie, et y protéger la forêt ainsi que ses défenseurs, dès son entrée en fonction », a déclaré Maria Laura Canineu, pour le Brésil à Human Surveillance des droits. « Lula devrait s’engager à renforcer l’autorité des agences fédérales responsables de la protection de l’environnement et du respect des droits des peuples autochtones. »
Une stratégie a alors été élaborée par les équipes de Lula, regroupant 5 points majeurs afin d’inverser la destruction mise en route depuis quelques années :
- Un nouveau plan d’actions climatiques conforme à l’objectif des accords de Paris, maintenant le réchauffement climatique inférieur à 1,5 degré.
- Une réduction de la déforestation et des incendies, en appliquant les lois environnementales.
- La protection des droits des peuples autochtones.
- Un plan national pour la protection des défenseurs de l’environnement et assurer une peine conséquente pour les responsables de violence et d’intimidation
- Enfin, une stratégie pour contrer certains projets de lois restreignant les droits des peuples autochtones.
Un mandat difficilement accepté par le président sortant Jair Bolsonaro
D’abord resté silencieux pendant moins de 2 jours à la suite des résultats des élections présidentielles, Jair Bolsonaro, est sorti de son silence le 1er novembre.
Sa courte déclaration ne félicite pas son adversaire et n’évoque pas la victoire de ce dernier. Il remercie les 51 millions de personnes ayant voté pour lui, mais surtout appelle à lever les barrages.
Depuis dimanche 30 Octobre, de nombreux manifestants/partisans d’extrême droite contestent le résultat des scrutins. Des routes entières ont été bloquées dans tout le pays. Cependant, le 3 novembre 2022, Bolsonaro demande à lever les barrages et à débloquer les routes, passant alors de 250 à 74 sur toute la surface du pays. Certains manifestants avaient même demandé à faire intervenir l’armée afin d’empêcher le retour de Lula.
« Lula, voleur, ta place est en prison ! », cette phrase est prononcée par un des bolsonaristes, accusant Lula de ne pas avoir sa place au gouvernement.
Mais ce n’est pas tout, le très célèbre champion de formule 1, Nelson Piquet, n’a pas hésité à exprimer son soutien à Bolsonaro. Participant à une manifestation contre la montée au pouvoir de Lula, il a été aperçu en train de souhaiter la mort à ce dernier.
Nous pouvons l’entendre lancer ces quelques mots dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, comme le rapporte The Huffington post :
« Virons ce fils de pute de Lula ».
Nelson Piquet souhaite la mort de Lula dans une vidéo, une enquête ouverte
La montée au pouvoir de Lula est donc contestée par certains, mais attendue par d’autres. Nul ne sait ce qui attend le Brésil pour ce troisième mandat, mais une chose reste sûre, le visage emblématique de la gauche va devoir porter et encourager le peuple brésilien pour les années à venir.