Il est des clubs européens qui ne sont pas à leur place habituelle au classement dans leur championnat respectif. Manchester United, 13ème en Première League. Le Borussia Dortmund, 11ème en Bundesliga. En Ligue 1, on peut attribuer ce statut au Stade Rennais. Les supporters de la capitale bretonne ne le contrediront pas. “C’est la plus mauvaise première partie de saison depuis de nombreuses années”, résume Paul, abonné au SRFC dans le virage droit de la tribune Ville de Rennes. Le vainqueur de la coupe de France 2018-2019 nous avait habitués pendant six ans à jouer une compétition européenne, il faut s’en passer cette saison. Le calendrier 2024-2025 moins chargé pour le SRFC aurait donc pu permettre de se concentrer sur le championnat et d’y performer. Que nenni, le club breton a toujours préféré le rythme des semaines à trois matchs.
« On ne reconnaissait plus notre équipe«
D’autres facteurs expliquent ce début de Ligue 1 englué en deuxième partie de tableau au flirt avec la zone de relégation. Ce n’est “que la conséquence des mauvaises décisions prises depuis le départ de Bruno Genesio en novembre 2023”, affirme le compte Instagram fanstaderenaiiis comptant 8500 abonnés. Pour Martin, 19 ans, et amoureux de Rennes depuis…19 ans, “le très mauvais recrutement de l’été, le départ de joueurs cadres de l’équipe (Doué, Bourigeaud, Terrier) et le manque d’envie de certains joueurs” sont des explications plausibles. Jennifer, joueuse à l’US Fougères, le premier club d’Eduardo Camavinga, exprime sa déception : “J’avais de beaux espoirs en voyant les nouveaux arrivants comme Jota, James ou Østigård (…) mais on ne reconnaissait plus notre équipe du SRFC”. Le collectif n’a effectivement pas pris et cela s’est traduit rapidement au classement. “Un manque de régularité”, souligne Paul, “surtout à l’extérieur”. En effet, avant la victoire à St Étienne samedi dernier, Rennes n’avait pris qu’un point en déplacement, à Brest en octobre. Mais contrairement aux saisons précédentes, les Bretons ne sont, d’autre part, plus si difficiles à faire plier dans leur antre du Roazhon Park. Pourtant, Martin rappelle à juste titre que le Roazhon Celtic Kop (qui n’a pas répondu à nos sollicitations tout comme l’association de supporters Allez Rennes) est “toujours à fond” et “ne lâchera jamais ses joueurs”.
L’échec Sampaoli
Alors, à la mi-novembre, la direction rennaise choisit Jorge Sampaoli à la tête de l’équipe pour réveiller le vestiaire. Mais l’épisode fut bref. “On nous avait dit que Sampaoli pouvait mettre du temps à performer… ça n’a pas loupé”, s’exaspère le propriétaire du compte fan Instagram fanstaderenaiiis. Exceptées, deux victoires contre Saint-Étienne et Angers, l’Argentin n’a fait qu’aggraver la situation du SRFC. L’emmenant même jusqu’à la place de barragiste en marge de la 19ème journée contre Monaco, dernier match du tempétueux entraîneur. “Sampaoli n’a pas forcément eu un effectif adapté à son style de jeu”, confessent les supporters ajoutant que “l’équipe n’avait pas la qualité pour mieux faire”. Cependant, l’empreinte de Sampaoli restera plus longtemps que le souvenir de ses résultats à Rennes. En effet, certaines de ses volontés mercato ont été exaucées. À l’image de l’arrivée de Seko Fofana, en provenance d’Arabie Saoudite, loin de faire l’unanimité. Pour Martin, “c’est une grosse erreur. Il est payé très cher et il n’a plus le même niveau qu’avant.”
Un mercato d’hiver qui n’a pas froid aux yeux
Mais dans l’ensemble, le recrutement hivernal donne des motifs d’espoirs de jours meilleurs dans la capitale bretonne. Paul, fin connaisseur des statistiques du club, avance : “Ce mercato d’hiver est un record pour le club qui a enregistré son plus grand nombre d’arrivées sur un mercato hivernal (11) depuis 2013”. Mais il reste prudent : “Il faudra être patient et voir si les joueurs s’entendent en dehors comme sur le terrain.” En effet, Rennes part encore une fois dans l’inconnu comme le souligne fanstaderenaiiis. Trouver un équilibre dans l’effectif avec les nouveaux arrivants est le premier objectif à relever. Faire émerger des joueurs cadres sera aussi crucial pour porter l’équipe, encore plus avec la mise sur le banc de Steve Mandanda qui pouvait faire office de pilier sur le terrain. Le compte fan Instagram voit à long terme : “Il est possible que les recrues, Samba, Fofana et Rouault, constituent notre colonne vertébrale pour la saison prochaine.“ À plus court terme “on avait besoin d’une charnière 100% nouvelle, c’est fait. Pareil en attaque où Gouiri qui n’amenait plus rien a été remplacé par des gars plus dynamiques et plus prometteurs encore.”
Habib Beye, nouvel entraîneur Red and Black
S’inscrire dans le long terme sera la mission du fraîchement nommé Habib Beye. L’ancien joueur de Marseille et d’Aston Villa notamment, découvre la Ligue 1 en tant que coach après avoir dirigé le Red Star durant 3 saisons avec, en point d’orgue, le titre de champion de National et la montée en Ligue 2. “J’ai confiance en lui, je le sens bien”, s’enthousiasme Jennifer. Les commentaires élogieux à son égard semblent aussi primer dans les rangs des supporters du Stade Rennais. “Une approche davantage basée sur l’aspect mental” amenant la capacité de “créer une grosse cohésion de groupe” sont quelques-unes des qualités de Beye, explique Martin.
Pour l’instant, le changement des méthodes de Sampaoli pour celles du nouvel entraîneur franco-sénégalais semble être payant. En deux matchs, le SRFC d’Habib Beye a réussi ce que l’équipe bretonne n’avait pas accompli depuis le début de la saison : gagner deux fois de suite en Ligue 1. Selon Jennifer, “on a vu dans ces victoires l’envie et la dynamique que pouvait transmettre Beye à ses joueurs”. Pour donner plus ample satisfaction, il faudra d’abord assurer le maintien et s’éloigner de la zone rouge même si les dernières semaines ont envoyé des signaux rassurants. Si Paul envisage “une saison blanche de reconstruction pour le SRFC”, Martin ne s’interdit pas de rêver d’une deuxième partie de saison à la Lyonnaise version 2023-2024. Dix points séparent Rennes de la première place qualificative à l’Europe pour espérer retrouver le rythme effréné des matchs qui a animé la capitale de la Bretagne ces dernières années.