Cette semaine, CS Actu est parti en montagne à la rencontre de Louison Serré. Plongé dans l’univers du ski dès sa naissance, il commence sa pratique à l’âge de deux ans. Il intègre par la suite le club de Saint-Gervais, avec lequel il participera à trois compétitions de la Fédération Internationale de Ski (FIS). Peu attiré par les concours, il se tournera très vite vers l’enseignement. Poussé par ses parents, il obtient son test technique, son cycle préparatoire ainsi que son Eurotest. Un seul diplôme lui manque pour finaliser sa formation : le cycle 1. Malgré cela, le jeune moniteur ESF de Saint-Gervais enseigne le ski depuis maintenant deux ans.
Devenir moniteur, c’est avant tout une longue période de formation. En moyenne, cinq années d’apprentissage sont nécessaires avant de pouvoir pratiquer librement cette activité. Les candidats au monitorat seront alors soumis à diverses évaluations : le test technique, le cycle préparatoire, l’Eurotest et le cycle 1. Chacun de ses diplômes contient une partie pratique et une partie pédagogique. Le niveau de ski ainsi que les méthodes d’enseignement des prétendants à ce poste seront alors examinés. Un délai de trois ans leur est également imposé pour passer le certificat supérieur. Une fois ce dernier dépassé, la formation repart de 0. Pour finir, l’ESF demande une certaine maîtrise de l’anglais pour répondre à la forte demande anglophone.
Face à un tel niveau d’exigence dans la formation, la question de l’accessibilité à ce diplôme peut se poser ?
« Honnêtement, devenir moniteur n’est pas chose simple. À titre personnel, j’ai eu la chance de grandir avec le ski. Mon père tient un magasin de ski aux Contamines-Montjoie et j’ai baigné dans ce milieu dès ma naissance. Cela m’a facilité la tâche dans cette épreuve, mais il est clair que ce diplôme n’est pas accessible à tous. Malgré tout, avec de la volonté et du travail, on peut y arriver. C’est un investissement conséquent et j’irai même jusqu’à dire un choix de vie. Qui plus est, c’est un domaine où il y aura toujours des besoins et de l’emploi. »
Justement, comme vous l’avez bien dit, c’est un investissement conséquent que d’intégrer l’ESF. Comment est-ce que vous gérez étude et monitorat, vous qui n’avez que 19 ans ?
« Pour moi, il est très dur d’allier les deux. En effet, n’étant pas en classe sport étude, je ne suis pas libéré l’hiver pour donner des cours à Saint-Gervais. De plus, pour finaliser ma formation, il ne me reste plus qu’à valider mon cycle 1. Ce diplôme est un stage d’un mois à prévoir dans l’année. Vous l’aurez donc compris, avec mes études je n’ai pas encore pu le programmer. L’ESF exige également que l’on soit présent à de multiples réunions et assemblées générales. Les études et le ski ne font donc pas bon ménage. »
Depuis quelque temps, une nouvelle pratique est devenue tendance dans le monde du ski et surtout du monitorat. En effet, des marques ou des magasins de ski se mettent à sponsoriser des moniteurs de l’ESF. L’objectif de ce partenariat est de mettre à disposition des enseignants leurs matériels afin qu’ils testent ces derniers.
Louison, est-ce qu’une marque ou un magasin a fait appel à vous ?
« Officiellement non. Aucune marque ne m’a contacté pour ce type de contrat. Cependant, comme je vous l’ai dit précédemment, mon père est gérant d’un magasin : Sport 4807. Il me sollicite donc de temps en temps pour que je teste son nouveau matériel, avec lui. Il faut aussi savoir que l’École de Ski Française (ESF) nous propose de participer à des journées « ski tests ». Durant celles-ci, on peut essayer les nouvelles collections de vêtements des marques présentes ainsi que leurs skis, leurs bâtons, leurs gants, leurs masques … La dernière à laquelle j’ai participé s’est tenue à Val Thorens. »
Est-ce que c’est une fierté pour vous de porter cette célèbre tunique rouge ?
« Bien sûr, et je pense qu’aucun moniteur ne vous dira qu’il n’est pas fier de porter cette tenue. On a l’impression d’appartenir à un groupe. L’ESF c’est une grande famille. Mais c’est aussi une consécration qui vient récompenser tout le travail que j’ai fourni. »
Malheureusement pour les hommes en rouge, un client, et pas des moindre, est venu perturber le bon déroulement de la saison de ski. Et ce n’est autre que le Coronavirus. Désormais, le port du masque est obligatoire dans la file d’attente des remontées mécaniques, dans les lieux d’affluences en extérieur ainsi que dans les télécabines. Pour ce qui est des télésièges et des téléskis, ce dernier n’est pour l’heure pas obligatoire. Chaque skieur doit pouvoir justifier d’un pass sanitaire à tout moment. Des contrôles aléatoires ont été mis en place à cet effet.
Qu’en est-il pour vous, Louison, de toutes ces mesures sanitaires ?
« En tant que moniteur, nous devons être irréprochables sur le port du masque et montrer l’exemple à tout le monde. L’ESF nous a également ordonné de contrôler les pass sanitaires des personnes de plus de 12 ans et 2 mois, à chaque début de cours. Et bien sûr, on doit faire attention à bien respecter les distanciations sociales sur les pistes, entre les élèves. »
Et est-ce que le retour de la Covid-19 vous a fait perdre des clients ?
« Bien sûr, nous avons constaté une baisse de la demande suite au retour du virus. En temps normal, un moniteur en formation comme moi devrait travailler pendant les deux semaines de vacances d’hiver. Cette année, il n’y avait pas assez de monde. J’ai donc travaillé uniquement la semaine du 31 décembre. De plus, on a remarqué qu’il y avait beaucoup moins de touristes anglais sur les pistes du fait de la Covid-19. Le Coronavirus a bel et bien eu un impact au niveau de notre clientèle, en tout cas à Saint-Gervais. »
Vous l’aurez compris, devenir moniteur n’est pas chose simple. Mais avec de la volonté et du travail, rien n’est impossible. Depuis le retour de la Covid-19, leur quotidien a été complètement bouleversé. Pour clôturer cet entretien, nous laissons le mot de la fin à Louison Serré, notre invité du jour : « Même si le processus est long et rigoureux, si vous avez la capacité de le faire, faites- le. C’est une expérience en or. Il ne faut surtout rien lâcher et le travail finit toujours par payer. » Alors qu’attendez-vous ?