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Service militaire en Israël : du rêve à la désillusion

Réputé pour posséder l’une des armées les plus redoutables au monde, Israël impose un service militaire intensif à ses citoyens. Entretien avec trois Israéliens pour en comprendre les dessous.

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Photo d'un groupe de cinq Israéliens faisant leur service militaire | ©VatsRohit, Twitter

À l’approche de la fin du lycée, la voie des jeunes Israéliens est toute tracée : à peine leurs 18 bougies soufflées, ils empruntent le chemin de l’armée. Passage obligatoire pour un large nombre d’entre eux, le service militaire s’étend sur une durée de deux ans pour les filles et de deux ans et huit mois pour les garçons. S’il relève davantage de l’obligation, certains le voient comme un choix : « À l’école, depuis notre plus jeune âge, on nous parle de l’expérience que nous allons vivre à l’armée, et de l’importance d’effectuer son service militaire » raconte Alya, une infirmière âgée de 42 ans, passée par la case armée il y a une vingtaine d’années.

En plus d’être intégré dans les mœurs par le biais de l’éducation, l’effort de guerre est aujourd’hui un véritable marqueur social : « Tous mes amis faisaient leur service militaire : je voulais absolument, moi aussi, prendre part à la défense de mon pays et faire la fierté de ma famille » se rappelle Alya.

« Si quelqu’un franchit la ligne imposée, je dois lui tirer dessus » 

Ruben, 19 ans, est lui aussi un militaire convaincu. Pour parvenir à intégrer l’une des meilleures unités, il a redoublé d’efforts : « Au début les entrainements étaient très durs afin de voir si j’allais craquer mentalement : on me réveillait en plein milieu de la nuit pour me faire nager dans un lac gelé, ou ramper sur plusieurs kilomètres ». En cas d’échec, c’est retour à la case départ : les moins résistants sont relayés au grade inférieur.

Loin de se limiter à un simple écusson militaire, l’enjeu est de taille : « L’armée peut nous offrir des opportunités professionnelles uniques : les entreprises israéliennes de renom recrutent dans leurs rangs les meilleurs soldats de chaque unité » explique le jeune homme. Déployé dans un tunnel souterrain aux abords de la frontière libanaise, il décrit froidement sa mission : « Je suis un sniper : c’est simple, si quelqu’un franchit la ligne imposée, je dois lui tirer dessus. ».

« J’ai honte des agissements de l’armée israélienne »

Malgré le consensus national, une faible minorité s’oppose au service militaire. Jacob, 20 ans, confie : « J’ai usé de tous les moyens pour repousser mon service militaire, j’ai réussi pendant deux ans, mais maintenant je n’ai plus le choix : je dois partir à l’armée la semaine prochaine ».

D’origine turque, l’Israélien est de confession musulmane : « C’est difficile pour moi, je refuse de me battre contre d’autres musulmans ». À l’évocation des évènements d’avril dernier à Jérusalem, durant lesquels les forces de police israéliennes ont violemment évacué les croyants en pleine prière de la mosquée Al Aqsa, Jacob déclare : « J’ai honte des agissements de l’armée israélienne, je ne veux pas y être associé ».

Pour rendre son départ un peu plus léger, il a installé sur son téléphone l’application « Pazim » [traduit de l’hébreu], qui propose à ses utilisateurs un compte à rebours du nombre de jours restants avant la fin de leur service militaire. De plus en plus populaire auprès des apprentis soldats, elle a déjà été téléchargée par plus de 500 000 personnes.

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