Neuf années, neuf titres, un record inégalé. Entre 2004 et 2012, Sébastien Loeb domine le championnat WRC (World Rally Championship). Cette mainmise sur le monde du rallye fera la renommée du pilote français à l’international. Cependant, le succès de l’Alsacien en rallye-raid est plus nuancé. En effet, malgré ses huit participations au Dakar, dont cinq podiums, il n’est jamais parvenu à remporter l’épreuve reine du championnat du monde de rallye-raid (W2RC). Revenons sur les différents événements qui l’en ont empêché.
Une première expérience tumultueuse
En 2016, Sébastien Loeb innove et s’engage sur le Dakar. Sa nouvelle équipe lui offre la meilleure machine du plateau : le Peugeot 2008 DKR. Alors que la première semaine de course est idéale (trois victoires d’étapes en quatre jours), la deuxième l’est un peu moins puisque les problèmes techniques et autres erreurs de navigation coûtent cher au champion de rallye. Il doit s’habituer à un nouveau monde : «L’apprentissage, je pense que ça ne s’invente pas, confirme-t-il. Rouler vite je sais faire, mais tirer des caps, rouler dans des broussailles, c’est assez nouveau pour moi. » Malgré sa neuvième place, le pilote reste motivé pour l’année suivante.
Des pierres saillantes qui coupent court aux espoirs de victoire
2017, le nonuple champion de WRC s’essaie une seconde fois au Dakar, toujours avec Peugeot. Tout se joue dans l’avant-dernière étape, qui offre un duel franco-français entre deux coéquipiers : Stéphane Peterhansel, le recordman de victoires au Dakar, et Sébastien Loeb. Dans le premier virage de la deuxième partie de l’étape, Sébastien Loeb bute sur une pierre et crève. La victoire finale s’envole pour l’Alsacien, pour cinq minutes. Il se contente de la deuxième place, un premier podium sur le Dakar.
Bis repetita cette année, en 2024. La bataille fût rude entre Sébastien Loeb et Carlos Sainz. Le Français et l’Espagnol se sont tirés la bourre jusqu’à l’avant-dernière étape. Alors deuxième au classement général, treize minutes derrière le leader Sainz, Loeb et son BRX Hunter rencontrent un rocher, qu’un des triangles de suspension ne supporte pas. L’Alsacien et son copilote perdent près d’une heure dans l’attente de recevoir la pièce à changer. Les chances de victoire s’envolent. Le binôme Loeb/Lurquin arrive tout de même à remporter la douzième étape, et maintient la troisième place du podium final.
Les sables mouvants de 2018
L’édition 2018 du Dakar, organisé au Pérou, est peut-être la moins heureuse de Sébastien Loeb. Pour sa dernière avec Peugeot, le Français démarre sur les chapeaux de roues. C’est la cinquième spéciale qui viendra stopper les efforts du duo Loeb/Elena. Ils connaissent deux ensablements dans les dunes péruviennes. Si la voiture fonctionne toujours, la fracture du coccyx de Daniel Elena, précipite l’abandon après 53 km de course et déjà 2 h 45 de retard sur ses concurrents.
Déboires techniques
Ce n’est peut-être pas un hasard si “sports mécaniques” rime avec “problèmes techniques”. Sébastien Loeb et ses aventures sur le Dakar peuvent en témoigner. Après le retrait de l’équipe Peugeot, l’Alsacien rejoint PH Sport pour l’édition 2019 du Dakar. Crevaisons, cadran cassé, problème électrique, sans compter les erreurs du roadbook*, le tricolore accumule. Avec quatre victoires d’étapes, il monte tout de même sur la troisième marche du podium.
En 2021 comme en 2024, c’est un triangle de suspension défectueux qui prive Loeb et son nouveau BRX Hunter (équipe Prodrive) de la victoire. Cette fois, ils ne vont pas attendre une heure dans les dunes, mais bien dix, en attendant la livraison de la pièce. Aux dizaines d’heures de retard accumulées lors de la sixième étape, viennent s’ajouter quelques heures passées à attendre un camion d’assistance, lui-même tombé en panne lors de la huitième étape. Un cauchemar qui se solde en abandon, sur cette première édition en Arabie Saoudite.
En 2022, c’est la transmission qui fait des siennes lors de la sixième étape, accompagnée de deux crevaisons. Il parvient tout de même à remporter l’étape suivante et termine 27 minutes derrière Nasser-al-Attiyah au général. Il termine deuxième pour sa sixième participation, la première avec Fabien Lurquin en coéquipier. A l’arrivée, il porte déjà le regard sur 2023 : “On a fait un beau rallye. Deuxième, ce n’est pas si mal. On fera mieux la prochaine fois !«
Seulement voilà, 2023 ne lui sourit pas. Trois crevaisons sur la deuxième étape : 1 h 20 de retard, Sébastien Loeb ne peut plus revenir sur Nasser-al-Attiyah. Cependant, tout n’est pas à jeter puisque le Français prend la deuxième place (pour la troisième fois) et signe le record du nombre de victoires d’étapes consécutives (6).
Un avenir prometteur
Dès l’année prochaine, Sébastien Loeb arborera de nouvelles couleurs sur le Dakar. En effet, Dacia s’essaiera au rallye-raid, en espérant offrir à l’Alsacien la victoire qui lui échappe. Toujours produit par Prodrive, le prototype de la catégorie T1+ Ultimate devrait bénéficier du savoir-faire et du financement apporté par un constructeur comme Dacia. La nouvelle monture sera dévoilée au salon Rétromobile à Paris (31/01 – 04/02). Sébastien Loeb rejoindra-t-il le club des champions en WRC et au Dakar en 2025, ou restera-t-il le seul, avec Colin McRae, à ne pas inscrire le double exploit à son palmarès ? Réponse en janvier 2025 pour la 47e édition du “Rallye-raid le plus dur du monde”.
*Roadbook : Le road book décrit l’ensemble de l’itinéraire à partir de croquis de situation de tous les points importants (intersections, obstacles particuliers, situations dangereuses…). L’organisation du Dakar le distribue à tous les équipages avant le départ de chaque étape.
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J’ai appris plein de choses.