Retour sur les événements
Le vice-président Dominic Raab a annoncé sa démission vendredi 21 avril, suite au rapport confirmant les accusations d’harcèlement, non pas sexuel, mais moral sur ses employés et certains de ses collègues. Le rapport a été remis jeudi à Rishi Sunak, chargé de prendre la décision finale. La journée est passée sans aucune réponse de sa part, laissant ainsi planer le doute à propos de la sanction. Dominic Raab prend alors la décision de démissionner, ne sachant pas si Rishi Sunak l’y a poussé.
Malgré les vérifications du rapport, il continue de nier les faits à son encontre. Dominic Raab s’était, en effet, engagé à démissionner en cas d’établissement des faits. Il affirme ceci : “J’avais demandé cette enquête et m’étais engagé à démissionner si elle établissait des faits de harcèlement quel qu’il soit. Je crois qu’il est important de respecter ma parole.” Nous pouvons retrouver ses propos dans la lettre de démission, adressée au Premier Ministre Rishi Sunak, puis publiée sur le compte Twitter officiel de l’accusé lui-même.
Cette enquête a été lancée à la suite de huit plaintes de fonctionnaires concernant le comportement de Monsieur Raab lors de ses différents postes en tant que ministre des Affaires étrangères, ministre du Brexit ou encore lors d’un passage au ministère de la Justice. La nomination de ce dernier en tant que Vice-Premier ministre est apparue comme une source d’angoisse pour de nombreux fonctionnaires le caractérisant de “tyran”, “malpoli” ou encore “agressif”.
Alors, Dominic Raab sera ainsi remplacé par Olivier Dowen, anciennement ministre de la Culture sous Boris Johnson.
L’heure des accusations
Nombreux des témoignages rassemblent des adjectifs désobligeants envers l’ancien Vice-Premier ministre comme sa manière d’agir “intimidante, dans le sens d’une conduite continûment et raisonnablement agressive” durant une réunion de travail, mais aussi qu’il avait commis un “abus ou un mauvais usage de [son] pouvoir” qui a eu pour conséquence “de discréditer et d’humilier” un collaborateur.
Dans sa lettre de démission, Dominic Raab s’exprime à ce sujet expliquant que placer le seuil de harcèlement si bas crée un “précédent dangereux”, en risquant de paralyser ceux qui veulent faire bouger les choses et osent critiquer le travail des fonctionnaires.
Selon une information de The Guardian, ce n’est pas la première fois qu’il est accusé de ce genre de comportements. En effet, en 2022, Rishi Sunak avait chargé l’avocat Adam Tollet KC de vérifier plusieurs plaintes dans les divers cabinets où a travaillé Raab. The Guardian affirme que cela impliquerait deux douzaines d’employés.
L’affaire était très médiatisée au Royaume-Uni et suivie de près par la presse britannique. En effet, des témoignages anonymes ont été récoltés retraçant le mal-être que ressentaient certaines personnes avant d’entrer en réunion, ou terminant en larmes après des interactions.
Pas une première dans le Gouvernement Sunak
Dominic Raab est alors le troisième ministre à quitter le gouvernement. Avant lui, Gavin Williamson, un ministre sans portefeuille au gouvernement avait démissionné en novembre 2022, lui aussi à la suite d’accusation d’harcèlement. Puis, en janvier 2023, le président du Parti Conservateur Nadhim Zahawi a dû être limogé par Rishi Sunak pour cause de démêlés fiscaux. Cela représente une somme de 5 millions de livres de pénalités à payer, pour avoir omis de déclarer certains revenus.
C’est une des promesses du Premier ministre de montrer “intégrité, professionnalisme et responsabilité” à tous les coûts durant son mandat.
Mais alors qui était Dominic Raab ?
Arrivé en 2010 au Parlement, Dominic Raab se considère libéral et eurosceptique. Il est présenté par Les Echos comme “un pur produit des élites britanniques”.
Il s’est porté candidat pour remplacer Theresa May à la tête du Parti Conservateur au Royaume-Uni, étant un sérieux partisan du Brexit.
Aussi, ancien avocat, il avait assuré l’intérim de Boris Johnson lorsque celui-ci était placé en soins intensifs suite au COVID-19. Portant plusieurs casquettes, Dominic Raab était également secrétaire d’Etat à la Justice ainsi que Lord grand chancelier. Il a été remplacé à ces deux postes par Alex Chalk.
Ce scandale de plus chez les Tories tombe mal, à moins de deux semaines d’élections locales du 4 mai, qui s’annoncent difficiles pour le parti en tête depuis maintenant treize ans. Malgré la volonté de stabilisation et de reconquête de l’opinion menée par Rishi Sunak, affaire à suivre ces prochains jours…