Le MET gala, qu’est-ce que c’est ?
Mais avant d’attaquer, petit point de culture générale pour ceux qui n’ont aucune idée de ce qu’est ce fameux « Met Gala », sur les lèvres de tous les amateurs de haute-couture. Cet évènement est un gala de charité organisé par le très célèbre musée New-Yorkais MET, qui marque le coup d’envoi de l’exposition annuelle proposée par son département costume. Par ailleurs, cette section du musée, fondée en 1937, présente l’une des plus grandes sélections d’archives de costumes au monde.
Le Met Gala est sa première source de revenus, et ce n’est pas étonnant au vu du prix qu’il en coûte pour y participer : 30 000 $ pour une place, 300 000$ pour une table de 10 personnes. Grâce à ses tickets d’entrée aux prix exorbitants, le Met Gala a réussi à récolter plus de 17 millions de dollars lors de l’édition 2022.
Cependant, être fortuné ne suffit pas : afin d’y participer, il faut obtenir l’aval d’Anna Wintour, qui n’est autre que la rédactrice en chef du Vogue USA, plus connue sous le surnom de « la papesse de la mode » dans le milieu.
Dernière condition : Anna Wintour impose un thème à ses invités : celui-ci donne le ton au dress code à (absolument) respecter ! Ainsi, impossible de se prononcer sur le look des célébrités qui ont jonché le tapis rouge sans avoir au préalable pris connaissance du thème : il ne s’agit pas là de juger la beauté d’une tenue, mais plutôt, comme l’on pourrait le faire avec une œuvre d’art, de prêter attention à l’interprétation que chaque personnalité a fait du thème, et aussi du message que celle-ci a pu (éventuellement) faire passer !
Ainsi, la prestation remarquée de Kim Kardashian dans la robe historique portée autrefois par Marilyn Monroe, aussi impressionnante soit-elle, ne change rien au fait que la starlette de téléréalité est hors thème : elle a malheureusement fait une erreur quant à l’époque que ce dernier délimitait, en proposant une tenue datant de 1962.
Quel thème pour le Met Gala de cette année ?
Cette année, le thème « In America – an athology of fashion » faisait référence à une période bien précise de l’histoire des États-Unis : « l’âge d’or américain » qui s’étend des années 1870 aux années 1900.
Cette ère prospère, marquée par une explosion de l’activité industrielle a vu par la même occasion une montée des inégalités : des immigrés démunis, exploités par des petits patrons nouvellement riches. L’âge d’or est donc la parfaite illustration de la fracture sociale entre « grands perdants » et « grands gagnants » de la mondialisation. Néanmoins, les « nouveaux riches » étaient souvent moqués par la haute-société new-yorkaise, qui voyait d’un mauvais œil leur besoin constant de « paraître » : le too-much, l’opulence de leurs tenues avec le « détail de trop » ne passaient pas inaperçus !
Côté mode, les années 1875 proposent des silhouettes naturelles et des tenues pleines de détails : drapage, asymétrie, ou encore borderies.
Puis, les années 1880 sont marquées par des allures plus extravagantes : les robes composées de corsets sont fortement rembourrées au niveau du fessier à l’aide des « faux-culs ».
Enfin, les années 1890 voient, simultanément à l’indépendance grandissante de la femme, la naissance de la « Gibson girl » : les silhouettes sont marquées à la taille, les vêtements plus proches du corps et moins volumineux mais surtout pratiques sont privilégiés : le vestiaire des femmes voit même arriver pour la première fois quelques tenues sportwear.
Au vu de l’éventail des codes vestimentaires de l’époque, le thème de cette année laissait donc aux invités de nombreuses possibilités quant au choix de leur tenue.
Les 10 looks à retenir du Met Gala 2022
Billie Eilish
La première à avoir fait une arrivée remarquée est la chanteuse Billie Eilish, tout de Gucci vêtue.
Sa robe comporte de nombreuses références historiques, que ce soit avec le corset, la longue jupe drapée en soie, ou encore les manches en dentelle. Elle a cependant fait le choix d’une interprétation moderne, assez épurée, loin de l’extravagance prégnante de l’époque.
Et, en plus d’être dans le thème, notre prima donna préférée a opté pour une tenue entièrement upcyclée, fabriquée à partir de chutes de tissus laissées à l’abandon lors de la confection des précédentes collections Gucci. Ajoutons à cela les chaussures 100% vegan : Billie Eilish nous a démontré par A plus B qu’il est possible d’être dans le thème, tout en portant une tenue engagée !
Blake Lively
L’actrice principale de la série à succès Gossip girl, nommée Blake Lively, a elle aussi fait sensation lors de la réception. Invitée d’honneur par Anna Wintour, la comédienne a opté pour une robe signée Versace.
Devant les yeux ébahis du public, celle-ci s’est transformée, passant d’un bronze chatoyant, à une couleur verte plus terne. Il s’agit là d’une référence à la Statue de la Liberté, livrée par la France aux États-Unis en 1886, en plein pendant la période de l’âge d’or. À cette date, elle était alors bronze mais, en proie aux intempéries, elle a rapidement tourné au vert.
Sa robe comporte d’autres éléments rappelant l’architecture new-yorkaise : par exemple, les motifs géométriques présents à l’avant du vêtement s’inspirent du très haut Empire State Building, tandis que les constellations brodées sur la traîne s’apparentent à celles qui sertissent le plafond de la gare Grand Central, lieu de sa première apparition dans la série Gossip Girl, qui a propulsé sa carrière.
Cardi B
La rappeuse Cardi B a elle aussi fait confiance à Versace pour le choix de sa tenue. Une collaboration peu surprenante car, avec la directrice artistique de la marque, Donatella Versace, elles partagent toutes les deux le même amour pour l’opulence et le bling-bling.
Elles ont ainsi opté pour une référence non pas aux codes vestimentaires de l’époque, mais plutôt à la soif de pouvoir absolu qui caractérisait l’âge d’or : les nouveaux riches avaient en eux une telle volonté de démontrer leur richesse qu’ils en devenaient très peu subtils.
La compagne d’Offset a fait une apparition remarquée dans une robe en tulle, recouverte de près d’un kilomètre de chaînes dorées. Elle a notamment mis l’accent sur l’accessoirisation, avec des gants et un collier, eux aussi faits de chaînes. Cette interprétation du thème fonctionne plus que bien : le résultat est ébahissant !
Riz Ahmed
Premier homme de cette sélection : il s’agit de l’acteur Riz Ahmed, qui a choisi de prendre le thème à contresens et de dénoncer les inégalités engendrées par la révolution industrielle américaine. En effet, il est l’un des seuls à s’être mis à la place des grands perdants de la mondialisation le temps d’une soirée, en portant une tenue 4S Designs, version modernisée et haute couture des accoutrements dont se vêtaient les travailleurs immigrés à la fin du XIXe siècle.
Son message est le suivant : si l’âge d’or a pu enrichir l’Amérique et perdurer pendant plusieurs décennies, c’est en grande partie grâce aux immigrés qui, rêvant d’accroitre leur niveau de vie, acceptaient de travailler pour une bouchée de pain.
Et encore une fois : une tenue engagée, dénonçant des maux ancestraux, qui divisent encore notre société actuelle, c’est un grand OUI.
Bad Bunny
Autre personnalité de la gent masculine à s’être démarqué lors de la montée des marches du Met : le rappeur Bad Bunny.
On salue son look androgyne qui emprunte des codes à la fois au vestiaire masculin et féminin : parce qu’en 2022, il a largement été démontré que les vêtements sont non genrés !
Il a, pour ce tapis rouge, fait le choix judicieux de collaborer avec Burberry, qui lui a confectionné une robe aux manches gigot volumineuses, caractéristiques de l’époque. Mais, le matériau de cette robe est des plus inhabituels : le choix s’est porté sur la gabardine, à partir de laquelle étaient traditionnellement confectionnés les trenchs d’hommes. Autre rappel des codes vestimentaires masculins : la chemise et la cravate que l’on distingue sous le décolleté de la robe.
Néanmoins, l’artiste a de nouveau contrebalancé son look en adoptant une coiffure imposante et théâtrale, à l’image des femmes lors de l’âge d’or.
Enfin, dernier détail et pas des moindres : Bad Bunny a agrémenté sa tenue de bijoux aux connotations d’Amérique centrale, en clin d’œil à ses origines qui font sa fierté.
Lizzo
La chanteuse Lizzo a arboré une robe corset singulière, celui-ci étant évasé, dénotant donc avec les emblématiques corsets cintrés caractéristiques de l’âge d’or. De ce fait, elle met en avant une version modernisée, prônant au nom de toutes les femmes l’acceptation de leurs formes, mais aussi l’importance de se sentir confortable dans ses habits, le corset étant autrefois réputé pour être si serré qu’il ne laissait pas la possibilité aux femmes qui le portaient de manger voire de s’assoir.
Elle a agrémenté cette robe signée Thom Browne d’un majestueux manteau noir orné de broderies dorées, dont la confection a nécessité plus de 22 000 heures. L’opulence de ce dernier fait la tenue à lui tout seul et suffit à placer, indéniablement, l’artiste dans le thème.
Gigi Hadid
Passons à présent à une mannequin dont la réputation n’est plus à faire : il s’agit de la belle Gigi Hadid. Celle-ci n’a pas choisi d’interpréter le thème de façon littérale, mais plutôt de s’inspirer des influences de l’époque.
En tenue rouge 100% Versace, dont la pièce maîtresse est là aussi un imposant manteau, la top-modèle a joué sur le « too much ». Et, si le matelassage du manteau est relativement avant-gardiste, celui-ci rappelle tout de même les volumes tant représentatifs du « gilded age », tout comme la couleur rouge, très utilisée à l’époque.
Comme un grand nombre d’autres célébrités, Gigi a, elle aussi, voulu apporter une touche contemporaine à son outfit avec une combinaison entièrement en latex. Et, puisque tout est une question d’équilibre, elle l’a agrémenté d’un détail plus désuet : le fameux corset, décidément vu et revu (sous toutes les coutures) lors de ce Met Gala 2022 !
Dove Cameron
Ma tenue préférée de cette sélection : celle proposée par Dove Cameron, qui a monté les marches en robe Iris Van Herpen, à laquelle a été annexé le squelette d’un « faux-cul », fait à base de mylar recyclé et de vieux papiers journaux. Sa confection aurait nécessité plus de 600 heures.
Normani
La chanteuse Normani a elle aussi brillé sur le tapis rouge dans une tenue Christian Cyriano, reprenant tous les codes de l’époque : les manches bouffantes, la jupe volumineuse ou encore le couvre-chef incliné.
Stromae
Finissons cette sélection avec un homme, qui plus est francophone : le célèbre chanteur Stromae. Pour ce Met, Il est venu habillé en Sur Mesure, marque qu’il a conjointement créé avec sa femme.
Il a lui aussi misé sur un look androgyne : si la tenue s’apparente davantage au vestiaire masculin, avec la cape et le costume à carreaux, il s’est orienté vers une mise en beauté rappelant les coiffures féminines de l’époque.
C’est la fin de cette sélection des meilleurs looks du Met Gala 2022, qui, comme les années précédentes, ne nous a pas déçus, et a su nous proposer des looks hauts en couleurs !
