Un historique conflictuel connu de tous
Le territoire Cisjordanien est historiquement un berceau de tensions par son statut juridique, religieux et géographique. En effet, la Cisjordanie n’est pas un État, mais possède bien des frontières. Celles-ci sont régies au Nord, Ouest et Sud par la ligne d’armistice de 1949 (après des accords entre Israël et ses pays voisins) et à l’Est par le Jourdain, porte d’entrée vers la Jordanie. En somme, la Cisjordanie est peut-être le théâtre principal du conflit israélo-palestinien, en place depuis le milieu du XXème siècle.
Sans rentrer dans les détails de ce conflit si complexe, la Cisjordanie a vu son territoire baladé entre différentes forces gouvernantes. Annexé par la Jordanie en 1950, ce dernier passe ensuite aux mains des Israéliens à partir de 1967 et de la Guerre de Six Jours (entre Israël et une coalition de pays arabes). C’est à partir de là qu’Israël développe la création de colonies en Cisjordanie. Une partie de la région est gérée par le voisin israélien. Ainsi, un grand nombre de villes israéliennes se trouvent en Cisjordanie. Pour les Israéliens, la Cisjordanie, qu’ils nomment Judée-Samarie est un territoire contesté. L’ONU n’est pourtant pas d’accord avec le terme et définit le territoire comme « occupé ».
Cependant, le territoire est majoritairement peuplé de Palestiniens qui revendiquent un État sur cette terre. En 1988, l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) déclare ainsi la création d’un État Palestinien en Cisjordanie et sur la Bande de Gaza. C’est bien là le cœur du problème. Israël n’ayant jamais reconnu son voisin Palestinien. Depuis, le territoire est administré conjointement entre les deux États.
Après une décennie de négociations infructueuses, les violences prennent le pas sur la diplomatie au début des années 2000. Elles n’ont pas cessé depuis.
Les évènements de la semaine passée
Si le conflit existe depuis des dizaines d’années, le début de l’année 2023 a vu la recrudescence des actes de violences. Après seulement deux mois dans la nouvelle année, le conflit a déjà fait une soixantaine de morts. On dénombre 55 morts côtés palestiniens et 9 civils israéliens.
Il y a une semaine, une opération d’interpellation de l’armée israélienne dans la ville de Naplouse, colonie israélienne, tourne au fiasco. Alors que trois suspects sont recherchés pour des attaques terroristes sur le territoire. Seulement, le raid ne se passe pas comme prévu et 9 palestiniens perdent la vie dans l’attaque. Une quarantaine d’autres civils sont blessés par balles lors de l’opération.
À partir de là, une escalade des tensions est à craindre dans une région aux allures de poudrières.
Cette opération ratée entraine des représailles de la part des Palestiniens. Tout d’abord avec des tirs de mortiers depuis la Bande de Gaza. De plus, ce dimanche 26 février, deux jeunes israéliens (âgés de 20 et 22 ans) ont été tués par balles dans leur voiture, aux abords des lieux de l’attaque du mercredi 22 février. Cette nouvelle attaque intervient au moment où une réunion se tenait en Jordanie. Réunion durant laquelle les représentants d’Israël, de la Palestine et des États-Unis tentaient de trouver un accord pour endiguer la vague de violences de ce début d’année. Mais avant de trouver une solution directe, la spirale de violence s’est perpétuée dans la nuit du 26 au 27 Février, lorsque près de 400 civils israéliens ont pris les armes avant d’entrer dans la ville d’Huwara pour faire justice eux-mêmes.
Les réactions politiques et internationales
Dimanche soir, Israël et la Palestine ont publié un communiqué conjoint suite à la réunion organisée en Jordanie. Ils se sont engagés « à prévenir toute nouvelle violence ». Les deux partis se sont en outre félicités d’avoir tenu des « discussions approfondies et franches » durant la réunion.
De nombreux observateurs remettent la faute sur le gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahou. Pour cause, un certain nombre de ministres ont appelé à des violences contre les Palestiniens.
De leur côté, les instances internationales ont fermement condamné les violences dans leur globalité. Antonio Guterres a lui exigé « l’arrêt » des colonies « illégales » Israéliennes en Palestine, ainsi que la fin des actes terroristes. Pour lui, les « tensions étaient au plus haut », et la situation « dans le territoire occupé était la plus inflammable depuis des années ».
Les tentatives de résolution sont nombreuses depuis le début du conflit. Cependant, aucune n’aboutit, jamais. La réunion de ce dimanche peut-elle marquer la décroissance des violences, ou n’est-elle qu’une goutte d’eau dans l’océan des réunions intergouvernementales ne trouvant pas de solutions ?