À l’origine de ce championnat novateur : Alejandro Agag, le grand manitou des séries électriques à la FIA (Fédération Internationale de l’Automobile). Il est notamment le créateur de la Formule E et de l’Extreme E. Cette fois, c’est avec l’UIM (Union Internationale motonautique) qu’il travaille à l’organisation de l’“E1 Series” (“Série E1” en français). Le cofondateur du projet est Rodi Basso, ancien directeur de McLaren Applied Technologies. La compagnie-sœur de l’équipe de F1 a d’ailleurs participé au développement du “Race Bird”, le bateau électrique à foils* pouvant atteindre 60 nœuds (soit 110km/h environ) et qui servira tout au long du championnat. Après quatre ans d’attente, la première course a été lancée début février à Jeddah, en Arabie Saoudite. Ce sera ensuite au tour de Venise, Marbella, Genève, Monaco, Rotterdam et enfin Hong Kong, d’accueillir leur première course de Série E1. Chaque événement se tiendra le vendredi et samedi, avec essais libres, qualifications, deux séances “heats”, semi-finales et finales.
Un casting cinq étoiles
La série E1 est probablement le premier sport dans lequel les dirigeants, les propriétaires d’écurie en l’occurrence, ont plus de notoriété que les sportifs eux-mêmes. En effet, on connaissait déjà les talents de persuasion d’Alejandro Agag, qui avait convaincu Lewis Hamilton, Nico Rosberg, Jenson Button ou encore Carlos Sainz de monter leur structure en Extreme E. Pour cette aventure nautique, l’entrepreneur espagnol a vu plus grand. Rafael Nadal, Didier Drogba, Tom Brady, Sergio Perez ou encore Virat Kohli montent à bord du projet. Hormis les sportifs, les musiciens Steve Aoki et Marc Anthony, ainsi que l’entrepreneur américano-bolivien Marcelo Claure détiennent aussi leur équipe.
Les pilotes, eux, viennent du monde du jet ski ou encore du rally. Certains passent à l’électrique après une carrière dans le motonautisme classique.
L’équipe de Tom Brady, sept fois vainqueur du Super Bowl, a remporté la première course de la saison le 3 février dernier. La Team Brady, pilotée par Sam Coleman et Emma Kimiläinen, prend la tête du championnat devant la Team Miami de Marc Anthony et la Team Rafa de Rafael Nadal.
Protéger les écosystèmes marins, vraiment ?
Un des objectifs du championnat est de “protéger nos eaux pour les générations futures”. Pour y parvenir, l’organisation s’est fixée trois missions : être aux avant-postes de l’innovation énergétique dans le milieu maritime, réduire les déchets et se débarrasser du plastique dans les océans. Concrètement, la Série compte installer des chargeurs électriques à chaque port où elle se rend, pour amener les plaisanciers vers l’électrique. Une autre mesure évoquée est celle des partenariats, tissés soit disant pour “protéger les écosystèmes marins et apprendre à la jeunesse l’importance des océans”. Seulement voilà, l’Arabie Saoudite est le “partenaire principal” du championnat nouvellement créé, et continue par la même occasion ses pratiques de greenwashing sportif. Via le PIF (Public Investment Fund), la puissance pétrolière finance en fait “Electric 360”, un partenariat réunissant les trois séries électriques d’Alejandro Agag. Il est aussi intéressant de noter qu’un des responsables d’écurie, Marcelo Claure, est le vice-président de Shein, le géant chinois de la fast-fashion. Les sports mécaniques prennent le virage de l’électrique, encore faut-il qu’il soit bien négocié.
*“En terme de marine, foil désigne une surface portante immergée […] dont le rôle est de soulever partiellement ou totalement la coque hors de l’eau pour réduire sa traînée hydrodynamique et gagner en vitesse”