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Procès des viols de Mazan : un bouleversement des politiques pour la lutte contre les violences faites aux femmes 

L’ouverture du procès des viols de Mazan, le 2 septembre 2024, a marqué un tournant juridique et politique dans le jugement des violences faites aux femmes et des soumissions médicamenteuses.

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Le procès des viols de Mazan remet au coeur des débats l'importance des politiques pour lutter contre les violences faites aux femmes - Unsplash
Le procès des viols de Mazan remet au coeur des débats l'importance des politiques pour lutter contre les violences faites aux femmes - Unsplash

Des faits atroces, qui attirent une audience immense 

Dans ce procès, Dominique Pélicot est accusé d’avoir drogué sa compagne, Gisèle, pour qu’elle soit violée par plus de cinquante hommes. Face à l’atrocité des faits, le jugement a pris la tournure d’un combat pour les victimes de viols et une vague de soutien à Gisèle Pélicot a émergé. L’audience de 69 jours est rendue publique, ce qui répond à la volonté de la victime qui souhaite faire face aux accusés, mais également que la honte change de camp. Ces hommes ont tous des profils très divers : marié, divorcé ou célibataire, de professions hétéroclites comme infirmier, journaliste ou pompier. Aucun des hommes n’a été reconnu comme souffrant d’une pathologie psychique selon les experts. 

L’auteur des faits, Dominique Pélicot, était décrit par sa compagne comme un “super mec”, rien n’aurait pu lui faire penser qu’il était capable de commettre de telles atrocités. 

Gisèle Pélicot, aujourd’hui âgée de 71 ans, devient alors un symbole de force pour les femmes victimes de violences. Elle a notamment été applaudie à la sortie de l’audience du 17 septembre pour la dignité et la bravoure dont elle fait preuve. Ce procès dénonce aussi la domination patriarcale qui persiste dans notre société et l’impunité de ces hommes qui ont méprisé la notion de consentement. 

Un tournant politique dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles 

Vendredi 4 octobre, la cour d’Avignon a accepté la diffusion des vidéos montrant les viols subis par Gisèle Pélicot. La presse et le public ont pu dès lors voir ces images. Cette décision est jugée par plusieurs associations féministes et par des membres de la justice comme indispensable pour montrer la réalité du viol et dénoncée la brutalité de ces actes. Les vidéos permettent de dévoiler le comportement des accusés, mais également la posture dans laquelle se trouvait Gisèle Pélicot au moment des faits. 

Lors du 26e jour d’audience, le 10 octobre 2024, des vidéos ont donc été diffusées en présence du public et des journalistes. Les réactions sont unanimes, les personnes expriment de la gêne et décrivent des vidéos insoutenables. Certains ont fait le choix de quitter la salle. L’accusé, Dominique Pélicot, se cachait les yeux. 

En réaction au procès, des organisations féministes se sont mobilisées dans la lutte contre les violences. En effet, l’affaire Mazan est dite comme révélatrice de la “culture du viol” qui persiste dans notre société. Selon un article du Monde, écrit par Manon Duboc, la culture du viol “désigne l’ensemble des stéréotypes et faits sociaux qui favorisent le passage à l’acte dans les cas de violences sexuelles et empêchent de les identifier comme tels une fois l’acte commis, en les faisant passer pour des rapports sexuels « normaux »”. 

Des associations font aussi appel au gouvernement pour renforcer les lois et les budgets consacrés à la lutte contre les violences sexuelles. C’est le cas de la Fondation des Femmes, qui a lancé une pétition depuis le 7 mai 2024 pour la mise en place d’une loi intégrale sur les violences sexuelles. La présidente de cette fondation, Anne Cécile Mailfert, a fait référence au procès sur le plateau de BFMTV et dénonce le fait que “les politiques restent muets, comme si c’était qu’une petite histoire. Ce n’est pas qu’une petite histoire, c’est le procès de la culture du viol en France. Il faut que les politiques y apportent une réponse.” 

Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts, est la première personnalité politique à avoir soutenu Gisèle Pélicot. Elle s’est rendue à l’audience le 8 octobre 2024 et a présenté son soutien à la victime sur le plateau de France Inter ainsi que sur X. Elle dénonce également l’inaction des autres figures politiques : Certains ont été choqués que j’aille assister à l’une des audiences du procès #Mazan ? Je suis pour ma part choquée d’être l’une des seules politiques à l’avoir fait.”  

Un tournant dans la manière de juger la soumission médicamenteuse 

Le procès marque aussi un tournant dans le jugement de la soumission médicamenteuse comme arme de viol. Dominique Pélicot a drogué sa compagne avec des somnifères qu’il cachait dans sa nourriture, la rendant inconsciente et inerte. L’auteur des faits utilisait, le plus souvent, un puissant anxiolytique nommé Temesta. La prise excessive de ces médicaments a provoqué à la victime des trous de mémoire importants. Malgré de nombreux examens médicaux pour comprendre ces troubles de la mémoire, aucun médecin n’avait suspecté une possible soumission chimique. Face aux révélations du procès, des personnels de santé alertent sur l’importance de repérer les violences et sur la prise de conscience autour des soumissions chimiques. Cela soulève aussi la question, de combien de femmes ont pu être victimes de soumission chimique sans jamais le savoir ? 

Dans une étude sur la soumission chimique, réalisée en 2022 par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé), les résultats montrent une hausse de 69,1% des agressions facilitées par des substances. Dans le droit, l’utilisation de drogue dans le cadre d’une agression sexuelle est considérée comme une circonstance aggravante. 

Source : ansm.sante.fr, Soumission chimique : résultat de l’enquête 2022

Gisèle Pélicot souhaite faire de son procès un combat contre la soumission chimique, elle cite “Je parle pour toutes ces femmes qui sont droguées et qui ne le savent pas, je le fais au nom de toutes ces femmes qui ne le sauront peut-être jamais (…), pour que plus aucune femme n’ait à subir la soumission chimique.” 

Sa fille, Caroline Darian, a fondé le mouvement M’endors Pas pour lutter contre la soumission chimique. L’objectif est aussi d’alerter et d’informer les pouvoirs publics et la société sur ce phénomène. Leur volonté est aussi de sensibiliser le personnel de santé pour qu’ils soient en mesure de mieux repérer les symptômes. 


Les femmes victimes de violences peuvent contacter le 17 qui est un numéro d’urgence. Il met en relation avec la police ou les gendarmes. Elles peuvent également joindre le 3919, ce numéro est anonyme et gratuit. C’est une plateforme d’écoute et d’information qui est disponible sept jours sur sept et 24 heures sur 24. Davantage d’informations sont disponibles sur le site Service-Public.fr 

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