Au cœur de la Normandie se trouve une petite ville d’irréductible défenseur de la liberté et de la démocratie : Bayeux. Pendant une semaine la ville rassemble des journalistes, des responsables de média, des associations et des citoyens pour parler, pour exposer et pour ne pas oublier les faiblesses de notre monde. Comment changer le monde si nous ne savons pas ce qu’il s’y passe ? Cet accès à l’information, nous le devons grâce aux journalistes qui chaque jour prennent des risques, parfois même au péril de leur vie, pour nous informer, pour nous choquer ou pour nous alerter.
Les messagers Ukrainiens
Cette 29èmeédition du Prix Bayeux a bien entendu été marquée par la guerre en Ukraine. Le travail des journalistes y est difficile mais essentiel pour nous ramener les images et les preuves du conflit et des crimes qui sont commis dans ce pays. Evgeniy MALOLETKA et Mstyslav CHERNOV sont les deux derniers reporters à avoir quitté la ville de Marioupol. Ce sont eux qui ont ramené ces images terribles de la maternité bombardée. Les deux journalistes étaient présents à Bayeux où leurs images ont été exposées dans la chapelle de la Tapisserie. Une exposition saisissante où vous découvrez l’horreur avec en fond sonore le bruit des bombardements.
Evgeniy MALOLETKA et Mstyslav CHERNOV sont repartis de Bayeux avec le 1erprix de la catégorie photo – Prix Nikon, le 2èmeprix de la catégorie tv – Prix amnesty international, et le 1er prix de la catégorie image vidéo – Prix arte, france 24, france télévisions.
Les deux reporters ont reçu une standing ovation méritée pour leur travail et leur courage.
Ils ont terminé leur discours en se définissant comme « des messagers ». Intéressante définition à l’heure où leur travail a été remis en question par certaines personnalités politiques françaises.
Le combat des femmes dans le monde
Le palmarès 2022 du Prix Bayeux a mis à l’honneur les femmes qui se battent et qui souffrent. 5 ans après #MeToo, les journalistes nous ramènent du monde en entiers des images, et des histoires de femmes en souffrance. C’est ainsi que Maurine MERCIER a remporté le premier prix de la catégorie radio – prix du comité du débarquement pour son reportage poignant : « Guerre en Ukraine : une mère et sa fille racontent deux semaines de viols et de terreur à Boutcha » pour France Info et RTS. La journaliste a tenu à dédier son prix à la mère qui a accepté de témoigner dans son reportage : « ce prix c’est le sien ». (Vous pouvez écouter son reportage ici : https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/temoignages-guerre-en-ukraine-une-mere-et-sa-fille-racontent-deux-semaines-de-viols-et-de-terreur-a-boutcha_5081623.html)
Puis, c’est vers l’Iran que s’est tourné Bayeux, où un hommage aux femmes Iraniènes a été rendu par la diffusion des photos de leur révolte avec leur hymne « Barayé », une adaptation de « Bella Ciao ».
Le Burkina Fasso fait également l’actualité avec ce deuxième coup d’état en un an. Mariam OUEDRAOGO, a remporté le 1er prix catégorie presse écrite – prix du département Calvados, pour son article « Axe Dablo-Kaya : la route de l’enfer des femmes déplacées internes ». Elle nous raconte l’histoire de femmes Burkinabaises séquestrées, battues et violées sur la route de leur fuite pour la survie.
Le grand vainqueur : Spiderman
Quand la fiction rattrape la réalité ou plutôt quand la réalité rattrape la fiction. Le prestigieux prix TV grand format – Prix international Crisis Group, a été décerné à Philip COX, du média The Guardian pour : « Le Spiderman du Soudan ». Ce reportage formidable nous plonge dans la révolution Soudanaise. Le peuple veut récupérer le pouvoir qui lui a été volé à la suite d’un coup d’état militaire. Et fait incroyable, c’est Spiderman qui mène la lutte. Ce reportage est formidable car au-delà de nous montrer une actualité, il illustre une puissante voie d’espérance. Le soudanais qui s’habille en costume de l’homme araignée est un réel super héros. En plus de mener les manifestations avec plein d’énergie et de joie, il mène des cours pour les enfants des rues.
Un hommage à la liberté et à la démocratie
Le slogan du Prix Bayeux est : « Un hommage à la liberté et à la démocratie ». C’est même la définition de ce festival. Hommage, car il rend hommage à tous les journalistes. Ceux qui exercent leur métier et ceux qui ne le peuvent plus. On ne peut oublier les 66 journalistes tués dans l’exercice de leur métier qui ont été inscrits sur la stèle qui leur rend hommage au sein du mémorial des reporters à Bayeux. On ne peut oublier Olivier DUBOIS, retenu captif au Malis depuis 548 jours. Jamais un reporter français n’avait été retenu en otage aussi longtemps.
Ce festival est un concentré d’information en accès libre, puisque l’ensemble des expositions, des projections, et des rencontres sont gratuites. Quel plaisir d’avoir un festival qui nous transmet ce goût pour la liberté d’informer en mettant en lumière le travail des reporters, des fixeurs (les contacts sur le terrain), et de l’ensemble de la profession. Alors ne le manquez pas !
Le palmarès complet à découvrir ici : http://www.prixbayeux.org/2022/10/08/29e-prix-bayeux-calvados-normandie-des-correspondants-de-guerre-le-palmares/
