Ce lundi 9 mai 2022, la Cour d’Appel de Paris a rendu sa décision. Elle condamne François Fillon à un an de prison ferme. L’ancien Premier ministre était poursuivi en justice depuis déjà plusieurs années pour avoir employé son épouse de manière fictive. Le verdict se traduit également par une amende d’un montant de 375 000 euros et dix ans d’inéligibilité. Même après plusieurs années, l’affaire Pénélope Gate continue de faire couler de l’encre et suscite l’attention des politiques.
Le Penelopegate
L’affaire Fillon, connu aussi sous le nom de Penelopegate, est une affaire politico-judiciaire qui a éclaté lors de la campagne présidentielle de 2017. Alors que François Fillon, ancien Premier ministre sous Nicolas Sarkozy, se présente à l’élection présidentielle afin de succéder à François Hollande, des suspicions à son égard émergent. En effet, le candidat est accusé d’emplois fictifs concernant Pénélope Fillon, son épouse. Cette dernière aurait perçu un salaire en tant qu’assistante parlementaire sans pour autant avoir fourni un travail méritant une compensation monétaire.
Cette affaire a été médiatisée et s’est très vite répandue. À ce moment-ci, François Fillon était considéré comme le favori dans la course à la présidentielle. Quelques mois plus tôt, il avait même réussi à battre Alain Juppé aux primaires de la droite des Républicains. Cette affaire a été un vrai coup de grâce pour le candidat et a entravé sa campagne. À cause de cela, les intentions de vote en sa faveur ont rapidement décru. Les instituts de sondage l’ont également relayé dans le classement des favoris à la présidentielle.
Lorsque l’affaire est sortie, le parquet financier a ouvert une enquête avec trois chefs d’accusation : détournement de fonds, abus de biens publics et recel. François Fillon crie alors au complot et à la manipulation dans le but d’entraver sa candidature à la présidentielle. Dès le premier tour, il sera éliminé, laissant le duel Emmanuel Macron – Marine Le Pen se faire. Ainsi, et ce depuis 2017, François Fillon et son épouse doivent comparaître devant le juge. Leurs enfants, accusés d’avoir été payés alors qu’ils étaient encore aux études, sont également inculpés dans l’affaire.
Condamnation de la Cour d’Appel
Ce lundi 9 mai, la Cour d’Appel de Paris a condamné François Fillon à quatre ans de prison. Ce dernier devra en faire un ferme. Son épouse, Pénélope Fillon, elle, a été condamnée à deux ans de prison avec sursis. À la suite de cette décision, le couple a décidé de se pourvoir en cassation. En effet, ils souhaitent contester la décision de justice, jugée trop sévère selon eux. Au-delà de sa peine carcérale, François Fillon a également écopé de 375 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité, l’empêchant de se présenter de nouveau à une quelconque élection dans la prochaine décennie.
Malgré leur absence lors de la décision finale, les deux époux continuent de proclamer leur innocence. François Fillon explique que « [son] épouse a travaillé à [ses] côtés, c’est incontestable » tandis que sa femme continue de répéter que son « employeur, c’était François ». Malgré un rôle discret et dit de l’ombre, celui-ci était bien réel à leurs yeux. Au total, le couple et Marc Joulaud, ancien conseiller municipal de Sablé-sur-Sarthe et inculpé dans l’affaire Fillon, doivent rembourser près de 800 000 à l’Assemblée nationale.
Une peine allégée
La peine déclarée par la Cour d’Appel de Paris n’est pas la première. Déjà en juin 2020 l’affaire avait été jugée en première instance. À cette époque-là, François Fillon avait été condamné à cinq ans de prison dont deux ans ferme. Sa peine s’accompagnait de nouveau de 375 000 euros d’amende et d’une peine d’inéligibilité de dix ans. Son épouse avait, elle, été condamnée à trois ans de prison avec sursis et une amende du même montant que celle de son mari.
Il semble bien qu’entre 2020 et aujourd’hui, la peine se soit allégée en faveur des trois condamnés. Ainsi, en étant pourvu en cassation, certains pourraient se demander si la peine ne sera pas de nouveau réduite. De plus, la question de la peine carcérale fait couler de l’encre. En effet, il semble peu probable que l’année en prison soit véritablement respectée. Les rumeurs suggèrent la mise en place d’un bracelet électronique. « Cet aménagement prévoit que la personne condamnée s’engage à rester à son domicile certains jours et horaires fixés par le juge d’application des peines » explique un journaliste de BFM.
Le couple Fillon devra donc attendre encore plusieurs semaines afin d’être pourvu en Cassation et demander une révision de la peine. Cependant, il est vrai que ce type d’affaire continue de dégrader la confiance qu’ont les électeurs en vers leurs représentants et d’effriter la légitimité des hommes de pouvoir.