La Finlande : 31e pays membre de l’OTAN
Depuis le 4 avril 2023, la Finlande devient le 31e pays membre de l’OTAN. Malgré sa réticence depuis des décennies, le pays nordique a enfin sauté le pas pour adhérer à cette alliance militaire. Les pays d’ores et déjà membres de cette organisation se sont tous réjouis de cette nouvelle. Ou du moins, la plupart d’entre eux. « Nous souhaitons à la Finlande la bienvenue au sein de l’Alliance » déclare le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Plusieurs cérémonies se sont déroulées en l’honneur de cette adhésion. Elles ont eu lieu simultanément au Commandement allié Opérations, à Mons en Belgique et au Commandement allié Transformation, à Norfolk, en Virginie.
Mais, la Finlande ne devait pas adhérer seule à l’OTAN. En effet, la candidature de la Suède avait déjà été déposée l’été dernier (lire aussi : La Finlande et la Suède demandent officiellement à rejoindre l’OTAN), en même temps que celle de la Finlande. Alors que le contexte conflictuel en Europe était de plus en plus tendu, ces deux candidatures avaient alors fait débat. Le président russe, Vladimir Poutine avait notamment su faire part de son mécontentement. Le secrétaire général de l’OTAN a souligné que l’adhésion de la Finlande montre au monde entier que Poutine a échoué pour « fermer la porte de l’OTAN ». Selon lui, « alors qu’il voulait moins d’OTAN, il a obtenu tout le contraire : plus d’OTAN, et la porte de l’Alliance qui reste grande ouverte ». L’opportunité pour le secrétaire générale de défier le président russe, mais également de condamner de nouveau les actes commis en Ukraine depuis maintenant plus d’un an.
Pour la Finlande, adhérer à l’Alliance est une réelle opportunité. Mais c’est également le cas pour l’OTAN. On est donc dans une vraie relation gagnant-gagnant. Pour l’un comme pour l’autre, cette adhésion est une aubaine. D’un côté, la Finlande fait désormais partie d’une alliance défensive bien plus large qu’auparavant. D’un autre côté, l’OTAN se dote d’une nouvelle armée. Celle-ci permet de compléter ce puzzle de défense, notamment sur son flanc oriental. En effet, avant son adhésion, le manque de présence militaire dans cette région Baltique était une inquiétude pour les hauts dirigeants et les puissances présentes à l’OTAN. Inquiétude renforcée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
La Russie menace d’ores et déjà la Finlande
Alors que la Finlande avait déposé sa candidature au printemps dernier, la Russie émettait déjà des réserves. Le porte-parole du Kremlin a d’ailleurs prononcé les mots suivants : « La Russie prendra des mesures pour rééquilibrer son système de sécurité après l’adhésion de la Finlande ». Certains spécialistes vont même jusqu’à préciser que « la Russie prend au sérieux l’article cinq du traité fondateur de l’OTAN ». En effet, cet article stipule que « la défense collective implique qu’une attaque contre un membre de l’Alliance est considérée comme une attaque dirigée contre tous les Alliés ». En ce sens, la Russie pourrait dorénavant user de son chantage sur la Finlande.
Depuis l’entrée en guerre de la Russie contre l’Ukraine, les tensions géopolitiques et militaires ne cessent de s’accentuer. Adhérer à l’OTAN, c’est s’assurer d’être en possession d’un parapluie militaire suffisamment puissant pour repousser l’ennemi. Avec ses 1300km de frontières communes avec la Russie, la Finlande pourrait être, plus ou moins, considérée comme au coeur des conflits armés actuels. De ce fait, son adhésion est une opportunité pour la puissance nordique d’assurer en partie la protection de sa population. Pour Moscou, « l’extension de l’OTAN est une atteinte à la sécurité ».
À la suite de l’officialisation de l’adhésion de la Finlande, la Russie a expliqué avoir renforcé ses capacités militaires à l’ouest et au nord-ouest. La presse russe considère cette décision politique de la part de la Finlande comme un véritable revirement capital dans les relations entre Moscou et Helsinki. Mais cette nouvelle adhésion ne manque pas du soutien de plusieurs autres pays. C’est notamment le cas de la Turquie qui a approuvé l’adhésion de la Finlande à l’OTAN. C’était en effet, après la Hongrie, le dernier pays membre à devoir donner son aval pour la candidature de la Finlande. Celle de la Suède reste pour le moment bloquée.
Quelles conséquences pour les pays historiquement neutres ?
L’adhésion de la Finlande à l’OTAN c’est la fin de sa politique de non-alignement militaire, en vigueur depuis les années 1990. D’après le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, cela représente le processus d’adhésion le plus rapide de l’histoire de cette organisation. À l’inverse, la candidature de la Suède reste en suspens depuis son dépôt en mai dernier.
Dans l’attente de l’accord de la Turquie, l’OTAN se dit confiant pour l’intégration prochaine de la Suède. De plus, certains expliquent que l’approbation de la Suède au sein de l’OTAN devient une priorité. Le Président de la Finlande, Sauli Niinistö, a également précisé que cette « ère du non-alignement militaire dans notre histoire s’achève. Une nouvelle ère commence ».