Ce nouvel algorithme n’est pas au goûts de tous. Effectivement, certains produits obtiennent des notes avantageuses malgré un haut degré de transformation. D’où cette nouvelle réglementation. Ainsi, un certain nombre d’industriels ont vu leurs produits déclassés. Dorénavant, 87 % des aliments ultratransformés sont classés C, D ou E. Les aliments contenant additifs, édulcorants, arômes artificiels et conservateurs sont désormais pénalisés. Certains industriels devront donc reformuler leurs recettes s’ils ne souhaitent pas être mal notés.
Mais il y a aussi des gagnants. Ce nouvel indicateur s’annonce être plus proche de la réalité nutritionnelle des produits. C’est d’ailleurs ce qu’a finalement reconnu la ministre de l’agriculture dans un communiqué pour soutenir publiquement le dispositif et remercier les efforts des industriels qui ont joué le jeu, précisant que ce système « ne [nuit] pas aux produits issus de la richesse de nos terroirs et symboles de notre patrimoine culinaire. ». Aussi, certains fromages, par exemple, ceux dits à pâte pressée, comme l’emmental, vont remonter de D à C car leur teneur en sel est faible. Mais comment est-ce calculé ?
Les nouveautés de 2025
Si les éléments pris en compte dans le calcul restent globalement les mêmes, les règles de calcul, quant à elles, changent. Le but : permettre aux consommateurs d’encore mieux comparer les produits selon leur qualité nutritionnelle. Santé Publique France apporte des précisions : “Pour les boissons, spécifiquement, la présence d’édulcorants est désormais prise en compte afin d’éviter que les industriels utilisent ces additifs à la place du sucre pour améliorer la note de leurs produits. Les sodas lights contenant des édulcorants ne seront plus notés B, mais de C à E”.

Concrètement, la note de certains poissons gras et des huiles riches en bonnes graisses va s’améliorer alors que celle d’autres produits encore trop sucrés ou trop salés va se dégrader. La volaille sera mieux classée que la viande rouge. Il sera également plus facile de repérer les produits à base de farine complète, riches en fibres, qui auront désormais de meilleurs scores que leurs équivalents raffinés. De nombreux produits vont donc voir leur score changer, entre 30 et 40 % des produits sont concernés.
Pour une alimentation plus saine
Lancé en France en 2017, le Nutri-Score est un système d’étiquetage classant les produits alimentaires de A à E en fonction de leurs compositions et de leurs apports nutritionnels. Rappelons que pour les producteurs, le Nutri-Score n’est pas obligatoire. Depuis, il s’est fait une place assez importante dans les rayons des grandes surfaces, en France en tout cas. Aujourd’hui, seulement sept pays de l’Union européenne l’ont adopté. L’objectif : aider les Français à acheter plus sain. Effectivement, le score pénalise davantage les teneurs élevées en sucre, en sel, ou la présence d’édulcorants. Certains produits voient donc leur note s’améliorer ou se dégrader.
Il était prévu que les règles changent l’année dernière, avec un mode de calcul plus sévère et objectif. Par exemple, des céréales pour petit-déjeuner. Plus riches en sucre et en matières grasses qu’une tranche de pain, elles ne pourraient plus afficher un Nutri-Score A. Il ne manquait alors que la signature de l’arrêté par la ministre de l’Agriculture pour que ce nouveau Nutri-Score entre en vigueur. Or, Annie Genevard a complètement assumé qu’elle avait retardé au maximum la signature de cet arrêté.
Qu’est ce qui bloquait ?
Alors que le logo nutritionnel faisait consensus chez les scientifiques, Annie Genevard a repris les arguments des lobbies du lait et de la charcuterie en signe d’opposition à cette nouvelle réglementation. Depuis des mois, le lobby de l’agroalimentaire faisait pression sur le ministère pour critiquer les nouvelles règles du Nutri-Score. Danone a même décidé de ne plus afficher le Nutri-Score sur ses yaourts à boire.
📢 #NutriScore oui mais…
— Annie Genevard (@AnnieGenevard) March 14, 2025
J’ai signé aux côtés de @CaVautrin, @Eric_R_Lombard, @yannickneuder et @VeroLouwagie, l'arrêté du #NutriScore.
➡️ Pour autant, le #NutriScore a des limites qu'il est crucial de corriger. Trop souvent, nos produits du terroir, sous signe de qualité,… pic.twitter.com/oJXE1jepjv
La raison : un nouveau mode de calcul jugé trop sévère avec les produits transformés par l’industrie agroalimentaire. Interrogée au Sénat, la ministre avait indiqué : « l’arrêté est à ma signature. Je n’ai pas encore signé. Je ne sais pas quelles sont mes marges de manœuvre pour en corriger les effets négatifs, mais croyez bien que je m’y intéresse de très près ». Depuis, la mesure a bel et bien été adoptée et avec elle les conséquences tant redoutées.
Et les consommateurs dans tout ça ?
Le Nutri-Score est aujourd’hui décrit par les pouvoirs publics comme un outil de santé au service des consommateurs. Il a pour objectif d’éclairer les choix et d’encourager une alimentation plus favorable à la santé. D’ailleurs, en novembre dernier, Santé publique France avait rendu publique une enquête montrant que les consommateurs le trouvent « clair, visible et compréhensible grâce à ses couleurs » et le jugent « fiable principalement grâce à son origine publique et par conséquent son caractère officiel et indépendant ».
Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Nattan, étudiante en STAPS juge cette méthode de calcul peu représentative. “Plus l’apport calorique, la teneur en sucre ou sel sont élevés, plus le score est bas alors que ça ne veut pas forcément dire que c’est mauvais”. Il cite l’exemple du fromage : “Il a quasiment toujours un Nutri-Score D ou E alors que ce n’est pas forcément mauvais”. Et d’ajouter : “Le calcul ne prend pas en compte si c’est des graisses ajoutées ou naturelles”. Le jeune sportif préfère donc ne pas se fier au Nutri-Score pour faire ses courses.
Les entreprises et marques engagées dans cette démarche volontaire ont donc désormais deux ans pour mettre à jour leurs emballages. Un encadré « Nouveau calcul » pourra alors être apposé. Ce changement est technique, mais ses effets seront visibles dans les rayons.