Vous êtes le candidat investi par la majorité présidentielle pour briguer la députation de la seconde circonscription de la Corrèze. Pouvez-vous nous parler de votre parti politique ?
D’abord, le parti politique dans lequel je m’inscris n’est pas un parti politique mais, un mouvement. C’est un mouvement parce qu’Emmanuel Macron a promis, il y a cinq ans, de sortir des clivages partisans qui étaient justement propre aux partis politiques. Le mouvement politique s’appelait La République En Marche. Désormais, il s’appelle Renaissance et je pense qu’on l’a appelé ainsi pour que l’on dise et que l’on fasse passer un message simple. Ces cinq dernières années ont été des années de crises, avec la crise des gilets jaunes, la crise pandémique, la crise en Ukraine et si on veut renaître, sachant que nous avons été assez résilients. Baptisons ce mouvement Renaissance afin de bâtir les cinq prochaines années. Cinq prochaines années qui, je l’espère, ne seront pas marquées par autant de crises mais par des chantiers de transformations nécessaires pour le pays.
Vous candidatez dans un département où l’ancrage des partis dits traditionnels de droite et de gauche est fort. Je pense notamment à Jacques Chirac, Président de la République pour l’UMP de 1995 à 2007 et à François Hollande, Président de la République pour le Parti Socialiste de 2012 à 2017. Qu’est ce qui peut vous démarquer de la candidature de Frédérique Meunier, députée Les Républicains sortante, avec qui vous partagez quand même des positions communes ?
Je pense que nous sommes sur une terre radsoc ( NDLR: radical-socialiste ), une terre humaniste avant tout, une terre également modérée et politisée qui a donné lieu à Jacques Chirac et François Hollande. Mais nous sommes d’abord une terre humaniste selon moi. De plus, le jeu des partis politiques ici, en Corrèze, n’a jamais vraiment existé. Nous avons toujours voté pour une personne quand il s’agissait du Président et nous avons toujours essayé de faire en sorte que nous parlions d’une voix unie, pour ce qui est de la Corrèze, lorsqu’il s’agissait d’aller à Paris.
Concernant Madame la députée actuelle, elle a un train de retard par rapport à cela et face aux crises que nous avons traversées. Ce ne sont plus des réponses partisanes qu’il nous faut. Ce sont justement des réponses pragmatiques, consensuelles, proches du terrain et qui permettent de faire avancer la Corrèze qu’il faut mettre en avant. Cela ne sert à rien d’être dans une opposition stérile quand nous avons des chantiers qui sont finalement ni de gauche, ni de droite. Je vous donne un exemple : les déserts médicaux. Si demain, je suis élu député, ma volonté, c’est de faire participer la Corrèze, en tout cas la deuxième circonscription de ce département à la grande réforme sur la santé prévue par Emmanuel Macron. De plus, avoir une jambe rurale dans cette majorité n’est pas de trop je pense, puisque nous avons besoin de faire venir urgemment des médecins ici. C’est donc pour cela que je propose une mesure ambitieuse qui est ni de gauche, ni de droite, qui n’est même pas forcément celle soutenue par le Président de la République à ce stade. Ce sont des mesures coercitives de courte durée qui consisteraient à planifier la venue de nos médecins dans les zones en tensions.
Du coup, voulez vous dire que cela serait la fin de la liberté d’installation pour les médecins ?
Absolument pas. Simplement, avant d’avoir la liberté d’installation pour tous les jeunes médecins que je connais d’ailleurs, puisque j’en connais un certain nombre qui sortent de leurs études de médecine, c’est de dire, vous avez 8 à 9 voire 10 années d’études de médecine qui sont de qualité et payées par l’État. En échange de cela, nous vous demandons de passer 12 mois, pas plus, dans une zone en tension, dans une maison de santé construite par nos élus locaux et là où il y a de quoi travailler en collaboratif, de quoi travailler dans le salariat pour les jeunes médecins qui sont en demande de cela, et où il y a une possibilité de construire une patientèle rapidement et qui est en manque de médecin. Si au bout des 12 mois, le compte n’y est pas pour vous, vous partirez. À titre personnel, je fais le pari que, justement, ils y resteront certainement car la Corrèze a beaucoup d’atouts à faire valoir.
Votre candidature représente une alliance entre La République en Marche, le Modem et Horizons dans le cas de la Corrèze. Comment comptez-vous représenter les idées de chacune des formations politiques que vous représentez si vous êtes élu député ?
Moi, je suis quelqu’un de centre droit. Ma construction et ma filiation sont plutôt de centre droit. Je me reconnais dans les idées de la majorité présidentielle parce que c’est le dépassement politique. Pour être très simple, il y a des idées à droite qui me plaisent, et sur lesquelles je me reconnais, mais je tiens aussi particulièrement à ce que ces idées soient mises en valeur à la seule condition qu’il y ait des principes de justice sociale qui manquent parfois dans notre pays. Et cela, je pense que ça parle plus aux gens de gauche. Donc, pour ma part, je ne suis pas de cette génération qui se reconnaît dans un parti, dans un clivage, dans un courant, dans un mouvement. Je pense que, justement, le bon sens veut, face à la complexité des enjeux aujourd’hui, qu’on aille prendre un peu à droite où il y a du bon sens, et un peu à gauche où il y a aussi du bon sens.
Comment mettrait-on en œuvre, concrètement, ces propositions qui viennent de droite et de gauche sur le terrain ? La France semble être attachée à ce clivage politique, c’est ce qui semble se refléter dans les débats actuellement d’après certains.
Est-ce qu’elle est forcément attachée à ces clivages… Je ne suis pas forcément d’accord avec cela. Je rencontre beaucoup de gens qui disent, il y en a marre, non pas d’être de gauche ou de droite, c’est vrai, mais il y en a marre de cette gauche ou cette droite qui ne l’incarne pas forcément comme il le faudrait. Le logiciel de pensée aujourd’hui a évolué par rapport au logiciel d’hier. Je vous donne un exemple : la retraite à 65 ans. Il y a 10 ans de cela, quand on disait « il faut travailler plus pour gagner plus », phrase venant d’un éminent président de la République ( NDLR: Nicolas Sarkozy ) et pour qui j’ai beaucoup de respect puisqu’il m’a donné goût à la politique. Les gens de droite disaient c’est formidable et effectivement, cela est vrai. Puis les gens de gauche disaient que cela était honteux. Aujourd’hui, les gens de droite et les gens de gauche disent qu’il faut d’abord prendre le chemin à l’envers et c’est aussi ce que le Président Macron partage. Avant de parler d’âge, il faut d’abord parler de pénibilité. Avant de parler d’âge, il faut d’abord parler de minimum vieillesse parce qu’il faut l’augmenter. Ça, ce sont des mesures de justice sociale. Une fois que nous avons réglé cette question, alors on peut faire le point, voir quel est l’état de nos caisses de finances des retraites et voir justement si l’allongement de l’âge du départ à la retraite n’est pas une solution pour certaines catégories de personnes qui ne souffrent pas au travail.
En parlant de justice sociale, est-ce que c’est une manière pour vous d’essayer de « draguer » les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui pourraient adhérer à la cause politique d’Emmanuel Macron, qui pourraient être « Macron compatible » si vous me permettez l’expression ?
Je veux croire que, parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, d’abord, il y en ait qui aient voté pour lui parce qu’ils ont un ras-le-bol de la politique menée depuis 30 à 40 ans. Il y a chez Emmanuel Macron, un certain nombre d’idées qui relèvent moins de Jean-Luc Mélenchon que de ces électeurs. Par exemple, la planification écologique est quand même quelque chose d’ambitieux. Il faut voir comment on le met en musique. Mais cela traduit que nous allons mettre des dimensions écologiques à toutes les décisions qui seront prises en France par notre gouvernement, par l’exécutif, par les collectivités. C’est quand même quelque chose d’assez inédit dans un premier temps.
Dans un deuxième temps, sur des questions liées à l’éducation, à la justice sociale justement, on peut se retrouver sur tout un tas de sujets. Mais moi, je suis fondamentalement contre Jean-Luc Mélenchon et fondamentalement contre les extrêmes, et donc l’extrême gauche par définition. Pourquoi ? Je vais vous donner deux exemples. Le premier, c’est qu’on ne s’en prend pas aux policiers comme le fait Jean-Luc Mélenchon. C’est inacceptable selon moi. Si demain, il y a des débordements dans la rue, ce qui arrive malheureusement, la façon dont s’en prend Jean-Luc Mélenchon et la rhétorique qu’il utilise feront que cela sera nécessairement le chaos, pour ne pas dire l’anarchie. On doit défendre nos policiers et bien sûr prendre des sanctions quand ils font des erreurs. Mais nos policiers maintiennent quelque chose qui est essentiel pour tous les Français, c’est l’ordre républicain. Sans ordre républicain, il n’y a pas d’égalité.
La deuxième chose que je trouve absolument pitoyable avec Jean-Luc Mélenchon, et j’en pèse mes mots, c’est l’idée même qu’il pourrait modifier la Constitution pour, en quelque sorte, casser le système. Casser le système selon moi, c’est casser le pouvoir d’achat d’un certain nombre de nos compatriotes qui ont déjà du mal à finir les fins de mois. Casser le système, c’est casser le système que nos entreprises permettent de faire vivre et donc des emplois qui en découlent. Casser le système, c’est casser notre République et casser la France. C’est parfois séduisant d’entendre des beaux discours, en tout cas des discours qui peuvent paraître utile par les temps qui courent puisque nous sommes en temps de crise. C’est plus difficile parfois de faire preuve de réalisme, mais aussi de vérité.
À votre écoute, si je comprends bien, vous promouvez une politique plutôt pragmatique. Ainsi, comment ferait-on du nouveau avec de l’ancien ?
Je crois que le nouveau promis par Emmanuel Macron ça n’est justement pas l’ancien. L’idée même de dire et d’assumer qu’on va réunir autour de la table des gens qui soient de gauche ou de droite pour peu qu’ils fassent preuve de pragmatisme et pour peu qu’ils aient envie de faire avancer les choses et d’œuvrer dans l’intérêt général, je trouve cela radicalement nouveau. Depuis 10 ans que je suis la politique, âgé aujourd’hui de 28 ans, j’ai vu Nicolas Sarkozy essayer de faire un peu d’ouverture, mais si vous voulez, je vois des gens qui, lorsqu’ils sont à droite mènent une politique de droite même si à gauche il y aurait de bonnes idées à prendre et inversement. Aujourd’hui, nous sommes au-dessus de tout cela, on essaye de faire preuve de dépassement politique, de partir de la racine et de faire preuve de bon sens. C’est en tout cas la nouvelle méthode que veut mettre en œuvre Emmanuel Macron. Je ne cache pas que le discours me séduit. Mais pour qu’il réussisse, il faut qu’il y ait, dans la majorité, des gens qui viennent d’horizons variés, des gens qui font parler leur territoire, en l’occurrence pour ma part celui de la Corrèze, et qui arrivent à apporter pour moi une pierre corrézienne à l’édifice comme tous les autres députés. Autres députés qui, je l’espère, seront élus pour ce qui est de la majorité.
Pour revenir sur votre candidature à la députation, comment définiriez-vous le rôle de député ?
Je pense que le rôle de député aujourd’hui, ça n’est plus le rôle d’hier pour commencer. Quand vous parlez aux gens, du député, ils vous parlaient du cumul des mandats. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Je pense par ailleurs que ce n’est pas une très bonne chose. Ensuite, ils vous parlaient de la réserve parlementaire qui permettait de donner de l’argent aux associations lorsqu’ils avaient par exemple besoin d’un financement complémentaire, ce n’est plus le cas non plus. Donc aujourd’hui, à quoi sert le député ? Le député continue d’abord, et c’est un rôle fondamental, à voter les lois. Cela paraît anodin dit comme cela, mais c’est essentiel. Moi, quand je vois que la députée actuelle n’est pas capable de prendre position sur des sujets aussi sensibles que le Ségur de la Santé (NDLR: le Ségur de la santé est une consultation des acteurs du système de soin français qui s’est déroulée du 25 mai 2020 au 10 juillet 2020), le pass vaccinal qui est un sujet de division, il faut bien le dire, et le fait qu’elle ne soit même pas allée voter pour ou contre ou se soit abstenue, mais se soit simplement contentée d’une absence, je trouve que cela n’est pas remplir le cahier des charges minimum d’un député. Le député a également un rôle d’influence dans les projets de loi qui sont construits puisqu’il doit s’assurer qu’il y ait un angle rural, dans le cadre de la Corrèze, il y ait un angle corrézien, un angle propre à notre territoire qui soit apporté dans le projet de loi construit. Il doit également s’assurer qu’il tienne compte des réalités du territoire, et je rajouterais qu’il a un rôle de facilitateur aussi.
Un des projets que je souhaite porter par exemple si je suis élu, c’est d’essayer de participer à un grand mouvement de décentralisation des fonctions support de nos grandes entreprises qui siègent souvent en région francilienne. Pourquoi ce choix ? Parce que vous avez un certain nombre de personnes qui travaillent en fonction support à Paris et qui ne vivent pas aussi bien là-bas qu’elles vivraient si elles venaient ici en Corrèze. Une personne dont le salaire moyen est de 2 000 euros à Paris n’a pas le même pouvoir d’achat à Paris qu’en Corrèze. Or, on a une chance inouïe en Corrèze, c’est que Pascal Coste ( NDLR: président du conseil départemental LR de la Corrèze ) a déployé à vitesse grand V la fibre optique sur tout le territoire corrézien. Profitons-en encore plus. Cet exemple illustre bien, selon moi, le rôle de facilitateur, d’influence que peut avoir le député. Il faut également essayer de créer avec d’autres députés évidemment. Pour revenir sur ce mouvement de décentralisation, qui passe peut-être un peu par la loi, mais qui passe surtout par une volonté politique. Il doit être mené, qu’on le veuille ou non, auprès des décideurs d’aujourd’hui qui sont bien évidemment à Paris.
La thématique de la jeunesse est la grande oubliée de cette campagne autour des élections législatives. Les médias n’ont pas pris le temps d’aborder cette thématique. Quel est votre avis sur ce choix ?
C’est une très bonne question. À mon initiative, j’ai réuni, il y a deux jours, une quinzaine de jeunes parce que je trouve que nous le faisons pas assez. C’était un apéro un peu politique avec des jeunes âgés de 18 à 22 ans. Ce sont les grands oubliés et je pense et que cela fait longtemps qu’on les oublie. De plus, la pandémie les a encore plus fragilisés. De cet apéro, j’ai retenu deux choses qui m’ont été dites. Premièrement, pour revenir sur la pandémie et sur l’actualité récente, il y a eu beaucoup de précarisation qui s’est rajoutée à une précarité déjà existante. Des jeunes que j’ai vu ce soir-là, mais aussi dans leur entourage respectif, il y avait des gens qui étaient vraiment en détresse psychologique et qui ont sombré dans la dépression. Il ne faut pas avoir peur des mots, mais c’est une réalité. Quand vous étiez enfermés dans votre Cité Universitaire et que vous n’aviez pas la chance de pouvoir regagner le domicile parental pour une raison ou une autre, cela a été vraiment difficile pour vous. Cela dit, les jeunes m’ont rappelé que le gouvernement a agi et a mis en place par exemple le repas à 1 euro dans les restaurants universitaires et que certains ont pu en profiter pour manger trois repas par jour sans avoir à se ruiner sachant qu’ils étaient déjà dans une situation financière très difficile et fragile.
Pour ma part, ce à quoi je tiens et qui a été mis en exergue vis-à-vis de la pandémie, c’est qu’aucun jeune ne doit pouvoir refuser de faire des études parce qu’il n’a pas les moyens et baisser en terme de niveau académique quand il fait des études, car il doit travailler par ailleurs pour financer celles-ci. Une fois que nous partons de ce postulat, différentes possibilités sont ouvertes. Je ne pense pas que cela soit scandaleux pour des jeunes qui veulent travailler et faire des études, que l’État leur apporte un revenu qui leur permettent de faire leurs études sereinement.
La deuxième chose qui m’est apparu, c’est l’urgence climatique. Je vous rassure que je n’ai pas pris connaissance de cette problématique en lien avec cet apéro politique. Seulement, j’ai constaté que les jeunes m’en ont beaucoup parlé. Le rapport des jeunes à l’urgence climatique n’est pas le même que nos aînés qui sont peut-être moins dans l’urgence que les jeunes. Les jeunes sont très inquiets par rapport à cela et ils se rendent bien compte que nous courons à notre propre perte, que la « maison brûle » pour reprendre une expression chère à notre ancien président Jacques Chirac. Les jeunes nous demandent d’agir loin de tout calcul politique, loin de tout calcul politicien et ils nous demandent d’agir urgemment. Ce à quoi je leur réponds qu’il faut un plan. Ils me répondent qu’un plan n’est pas la solution adéquate à ce problème puisque cela s’étale sur plusieurs années tandis que le rapport du GIEC nous donne 3 ans pour agir. Ce à quoi je dis, il faut quand même un plan parce qu’il y a les jeunes qui sont conscients de la réalité de demain, mais il y a aussi des personnes âgées à qui on a dit de faire un certain nombre de choses et à qui on ne peut pas demander de rétro pédaler du jour au lendemain sans leur proposer de solutions. Par exemple, on a dit à nos agriculteurs de nourrir la France de façon intensive, productive et en utilisant tous les moyens, c’est-à-dire le « quoi qu’il en coûte » pour les agriculteurs. Aujourd’hui, on est en train de leur dire que ce qu’ils ont fait, c’est mal. C’est faux puisque ce qu’ils ont fait a permis de nourrir le pays. Or, quand vous avez des agriculteurs qui, par exemple ici en Corrèze, gagnent 600 euros par mois pour 70 heures de travail par semaine comme je l’expliquais aux jeunes que j’ai reçus, on ne peut pas faire n’importe quoi avec la vie de ces gens. Parce que le jour où on leur dit, ce que vous faites, c’est mauvais et vous devez changer du tout au tout alors qu’on n’a pas forcément de solutions de remplacement à vous proposer, ce n’est pas la faillite, ce n’est pas la dépression, c’est le suicide qui leur pend au nez. Il faut donc faire attention à ces gens-là et il faut faire en sorte d’embarquer tout le monde rapidement, tout en tenant compte de la réalité de chacune des personnes qui sont dans notre société.
Selon vous, pourquoi la jeunesse devrait voter pour les candidats de la majorité présidentielle lors de ces élections législatives ?
Il faut qu’ils votent pour Emmanuel Macron. D’abord, il faut qu’ils votent, car un des vrais problèmes que l’on a avec les jeunes, c’est qu’ils ne veulent plus aller voter ou ne pensent plus aller voter, car pour eux, la politique ça ne les interpelle pas suffisamment. Ce constat provient bien sûr d’une erreur des politiques, ce n’est pas une erreur des jeunes.
Votre réponse m’interroge, comment pourrait-on, selon vous, les intéresser à la politique ?
Justement ce qui est intéressant, c’est que lorsque j’ai fait cet apéro politique avec eux, je leur ai juste rappelé les actes terroristes qui ont été commis en 2015. C’est-à-dire les attaques contre Charlie Hebdo, les attaques du Bataclan et je leur ai juste demandé de répondre à une question simple : « Est-ce que le pays a tenu bon, oui ou non ? » La réponse à cette question était oui. Si le pays a tenu bon, c’est parce que nos institutions ont tenu bon. Cela veut dire que nous avions des policiers qui sont intervenus, des pompiers pour soigner les blessés qu’on a pu sauver. Nous avions surtout une justice qui a rendu justice à des gens qui ont pu voir la justice rendue dans un pays indépendant et libre. Ça, c’est le fruit de combats qui ont été menés dans l’histoire par de grandes personnes qui se sont battues pour notre patrie et notre pays. Le fait de voter, c’est le fait de perpétuer cette tradition qui s’appelle la tradition démocratique, mais surtout la République. La République est attaquée en son sein, pour notre mode de vie. C’est-à-dire prendre un verre en terrasse, aller à un concert par exemple et il faut qu’il y ait du répondant et le répondant, c’est le politique. Ceci est quelque chose d’important selon moi. Ainsi, quand on a se pouvoir de voter que d’autres personnes n’ont pas, il faut pouvoir continuer à l’incarner.
Que pensez-vous de la politique menée par Emmanuel Macron à destination de la jeunesse ? Quelles ont été pour vous les points forts et les lacunes de celle-ci ?
Je pense qu’il y a eu des points forts. Prenez par exemple le repas à 1 euro, c’est quand même quelque chose d’assez important. Je crois aussi qu’on a valorisé l’apprentissage. Beaucoup de jeunes me disent que c’est une bonne chose. D’abord parce que cela leur paye leurs études, ça leur donne du boulot, et ça leur permet d’apprendre d’un métier. Aujourd’hui, nous les jeunes, on veut apprendre d’un métier, souvent manuel d’ailleurs et cela marque quand même un changement de paradigme qui est assez radical. On veut apprendre de notre métier et donner un sens à notre boulot. Je pense qu’Emmanuel Macron a répondu a cette problématique par l’apprentissage et nous devons aller encore plus loin. Après, je note qu’il n’y a jamais autant eu de contrat d’apprentissages que maintenant.
La où l’on n’a pas été bon, je pense, c’est que l’on est passé à un état de fragilité psychologie de nos jeunes, notamment à l’issue de la pandémie et du confinement. Nous devons prendre toutes les mesures du problème. On en a les moyens puisqu’on a les réseaux sociaux qui permettent de sensibiliser à un certain nombre de causes. On a les moyens parce que nos jeunes s’engagent, veulent donner du sens. J’étais très interpellé et très agréablement surpris par le fait que ces jeunes de 18 à 22 ans qui ne se disent pas branchés politique soient pourtant aussi au fait des problématiques de notre société, de notre pays, de nos concitoyens. Ils étaient en fait, sans le savoir, très engagés. Nous sommes donc peut-être passés à côté de cela autour de ces 5 dernières années et je pense que les 5 prochaines années auront pour enjeu de remettre la jeunesse au cœur de la politique d’Emmanuel Macron. Ce n’est pas des grands mots. Il faut déjà, et je pense que ce serait un bon commencement, des jeunes gens à l’Assemblée Nationale, des jeunes députés comme moi. Parce que moi aussi, je suis jeune, moi aussi, j’ai des aspirations qui sont peut-être différentes de celles de mes aînés. Si je peux apporter cette voie-là et faire avancer des sujets, je serai très content.
J’ai remarqué que cette problématique de l’engagement des jeunes en politique et du manque de jeunes qui se portent candidat aux différentes élections est partagé par les diverses sensibilités politiques. Quelles seraient les solutions, selon vous, pour amener des jeunes à présenter leur candidature pour devenir élu local ? Nous parlons quand même d’un engagement qui a une symbolique, qui est important. Pensez-vous qu’un jeune de mon âge à la maturité et le cran pour tenter l’expérience ?
Je ne suis pas sûr qu’un certain nombre de nos aînés, qui sont élus locaux, aient tous la maturité et le cran d’être élu local aujourd’hui. Ce n’est pas la question que vous devez vous poser. La question que vous devez vous poser est, je pense, celle-ci : « Est-ce que vous êtes habité par une volonté de changer les choses ? » Si oui, il faut foncer et c’est ce que j’ai fait. Il y a plein de fois où l’on m’a dit que je n’étais pas assez mure, que j’étais trop jeune, où l’on m’a reproché de ne pas avoir de mandat d’élu local à mon actif. Justement, je pense que le monde de demain nous appartient. Ma conviction est que, contrairement à beaucoup de jeunes, c’est que c’est par la politique qu’on peut changer les choses. Beaucoup de jeunes disent aujourd’hui, la politique ça ne me parle pas trop, mais en revanche, c’est par l’associatif et le militantisme, l’engagement citoyen que l’on peut essayer de faire bouger les choses. Ayons peut-être une position moins individualiste et voyons les choses en plus grand. La politique, ça nous concerne tous. La politique, c’est quoi au sens noble du terme ? C’est la loi et la loi s’impose a tout le monde où est, du moins, censée s’imposer à tout le monde. Donc, aujourd’hui, si on prépare les 30,40,50,60 prochaines années, c’est aux jeunes aussi de prendre part au débat public. Je vois tout un tas d’élus locaux qui sont des aînés et qui font un boulot formidable, mais le problème, c’est qu’ils se demandent qui va prendre la suite. Aujourd’hui, il y a une carence réelle d’engagement politique parmi les jeunes. Donc il faut qu’on montre la voie. Je ne vous cache pas que ce n’est pas facile puisque que l’engagement a toujours été quelque chose de difficile. L’engagement en politique est parfois un peu plus compliqué, mais il vaut le coup, le détour et les sacrifices qu’il engendre parfois.
Si vous êtes élu député de la seconde circonscription de la Corrèze à l’issue des deux scrutins, quelles propositions de lois à destination de la jeunesse soumettriez vous au vote des autres députés de l’Assemblée Nationale ?
C’est une bonne question. Je dirais deux choses. La première, c’est que toute proposition de loi qui aura un attrait à la planification écologique, au développement durable, à l’urgence écologique sera au service des jeunes. Indirectement, cela sera pour nos jeunes. A priori, nos jeunes devraient vivre pas mal d’années donc toute loi qui ira en ce sens sera une loi pour les jeunes. Pour répondre plus précisément à votre question, ce ne sera peut-être pas toujours très reluisant, mais tout ce qui un lien avec la planification écologique et bien, ce sera quelque chose de planifié pour nos jeunes et pour les générations d’après. La deuxième chose, c’est qu’il va falloir qu’on se pose la question de la manière dont nous pouvons amener les jeunes vers les études supérieures. Les études supérieures sont pour moi un droit fondamental pour un jeune qui veut s’épanouir, se développer, de pouvoir faire des études. Il y a trop de jeunes qui ne vont pas faire d’études, car ils ne peuvent pas le faire à cause de ParcourSup qui est quand même une usine à gaz, du manque de proximité d’un certain nombre de facs, d’écoles et de formations entre autres. Pour moi, il est naturellement important de lever tous ces verrous et je travaillerais sur un projet de loi en ce sens.
Est-ce que vous travaillerez avec les jeunes pour penser ces propositions de lois ?
J’espère bien retrouver dans l’hémicycle des jeunes, car si je ne travaille qu’avec des vieux sur ces projets de loi ça va être compliqué. J’espère qu’il y aura des jeunes, car ils porteront les lois de la jeunesse. Puis, surtout, j’espère que dans la nouvelle méthode voulue par Emmanuel Macron, qu’en travaillant sur un projet de loi, nous réunissions un peu comme la Convention Climat si vous voulez, des gens qui viennent de tout bord mais qui intègrent la jeunesse. Sinon, nous passerons à côté des réalités qu’ils vivent sur le terrain.
Vous êtes considéré comme un jeune candidat par les médias locaux. Quels sont les atouts dont vous pourriez faire preuve de part votre jeunesse et quelles lacunes devriez vous combler pour pourvoir réussir votre mandature de député si vous êtes élu ?
La lacune que je dois combler, c’est l’expérience. C’est toujours bien d’avoir de l’expérience. Ce n’est pas une fin en soit ni une nécessité, mais c’est bien d’en avoir. L’avantage que j’ai, c’est que j’aime apprendre et que j’apprends vite. C’est donc là-dessus que je travaillerais évidemment. Les autres avantages que je peux avoir sont les suivant: mon jeune âge qui m’apporte un regard nouveau sur les choses, une certaine fougue pour en arriver là où je suis, une certaine transgression, je dirais aussi et enfin, je dirais une forme d’énergie pour découvrir de nombreuses choses et de détermination pour aller au bout des choses. Mon jeune âge me permet aussi de vivre intensément les choses. Je souhaite donc mettre tout cela au service la Corrèze, dans une majorité où j’aurais plus de moyens d’agir que dans une opposition stérile.
Edouard Philippe déclare dans une vidéo de soutien à votre candidature que: « en Corrèze, on sait donner leur chance aux jeunes lorsqu’ils sont déterminés ». Espérez-vous bénéficier de cette chance et qu’en pensez-vous ?
D’abord, je suis extrêmement honoré d’avoir le soutien d’un ancien Premier Ministre comme Édouard Philippe. C’est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect et c’est un grand homme d’État. Oui, il a fait cette allusion-là, sauf que je n’ai pas la clef pour saisir ces sous-entendus même si j’en ai ma petite idée. Je pense que les Corréziens aspirent à du renouveau politique. Ce qui me touche, c’est que l’on parle de nos aînés comme si c’étaient des gens qui étaient immobiles dans leurs idées et c’est faux. Ils le disent que le monde appartient aux jeunes et que le monde est devenu d’une telle complexité qu’il faut de la jeunesse dans la prise de décision pour répondre aux grandes transformations du pays. Emmanuel Macron en est l’incarnation. Oui, il est jeune, oui tout n’a pas été parfait, oui, il a appris de ses erreurs et je pense qu’il a eu l’humilité d’apprendre de celles-ci. Concrètement, les élus ici disaient qu’il s’était passé des corps intermédiaires au début de son mandat. Aujourd’hui, il a changé sa façon de faire avec les corps intermédiaires. Je pense notamment aux maires pendant le Covid, où il s’est aperçu que ceux-ci sont les derniers hommes politiques populaires en France et aujourd’hui, il travaille étroitement avec eux. Je pense donc que ma jeunesse au service de la Corrèze, c’est un atout ou du moins c’est vu comme tel et j’espère que cela se traduira dans les urnes.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la jeunesse et quels conseils donneriez vous à un jeune qui serait désireux de s’engager en politique ?
D’abord, de s’engager et de ne pas se poser trop de questions, d’y aller et d’aller au bout de son ambition et de son idée. Quand on s’engage, on s’engage pour ses idées et non pour des calculs politiques. À titre personnel, j’y vais parce que j’ai des convictions et des idées que je veux porter. Je crois à la nuance, je crois aux propos modérés, mais je pense qu’il faut venir avec des convictions. J’ai la conviction que nous ne devons pas nous braquer les uns contre les autres et que nous devons avancer rassemblés. Cela est plus difficile, mais cela est nécessaire. Nous manquons de jeunes dans la classe politique et il faut des jeunes dans la classe politique donc n’hésitez surtout pas à vous engager.
Quel est votre avis sur les initiatives comme CSactu de proposer un journal pour les jeunes, fait par des jeunes ?
Je pense que cela est formidable. Aujourd’hui, on n’est pas obligé d’orienter toute l’information sur les réseaux sociaux. Le temps long, la lecture, la réflexion, la nuance, on la retrouve sur les réseaux sociaux, mais je trouve qu’on la retrouve encore plus quand on lit un papier, un article. Personnellement, je lis des livres toujours au format papier. Je pense que nous avons besoin de cette pause parfois pour prendre un peu de recul, pour lire l’information. De plus, les médias comme le vôtre qui s’intéressent aux jeunes, c’est important. Et si vous arrivez en plus à faire embarquer tout un tas de jeune dans la lecture de ce média, cela est une bonne nouvelle, car cela veut dire que l’information vit, que la curiosité vit et qu’il y a des jeunes qui veulent, en lisant, s’intéresser au monde comme ils le font sur les réseaux sociaux. Mais peut-être avec un peu plus de profondeur, un peu plus de temps, un peu plus de texte et un peu plus de nuance.
Question ouverte pour clore cette interview: quel point n’aurais-je pas pris le temps d’aborder durant cette interview et sur lequel vous auriez souhaité prendre la parole ?
Il n’y a aucun point sur lequel je voudrais revenir avec vous parce que je trouve que c’est une interview très complète. Je vous félicite de ne pas m’avoir posé des questions de politique politicienne. On a parlé d’idées, on a parlé de sujets, de thématiques, on a parlé d’engagement et on n’a pas parlé de bruits de couloirs ou de rumeurs malveillantes et ça, c’est une bonne chose parce que cela permet aux gens de vous lire sans avoir à détourner le regard et je pense que cela permettra à nos lecteurs d’avoir du fond pour leur permettre de juger sur pièces.