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Monoculture : une pratique peu respectueuse de la planète

De par le monde, des milliers d’hectares de terres agricoles de la planète sont aujourd’hui utilisées pour faire ce que l’on appelle de la “monoculture”. Et ceci n’est pas une coïncidence puisqu’une majeure partie de ces terres agricoles appartiennent, en réalité, à de grandes firmes multinationales. La “monoculture” renvoie à un système de production agricole à très grande échelle, consacrant l’entière de ces terres disponibles à la plantation à un seul et même type de culture et ce, pour satisfaire les demandes du marché. Ce qui n’est pas sans danger pour la planète.

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POUR AUGMENTER LA PRODUCTIVITÉ, LES MACHINES AGRICOLES SONT DEVENUES DES GÉANTS LANCÉS À L'ASSAUT DE CENTAINES D'HECTARES. IMPOSSIBLE DE LES UTILISER DANS DE PETITES PARCELLES. © TLINDENBAUM-FLICKR-CC BY-ND 2.0

Les pour et les contre : une demande toujours en hausse

Mardi 15 novembre 2022, l’ONU annonçait au monde que nous avions franchi le cap des huit milliards d’habitants sur terre. Ce qui signifie plus de bouches à nourrir avec une demande toujours plus croissante de nourriture à très bas coût, notamment pour les foyers les plus pauvres. La monoculture reste ainsi et sans aucun doute le moyen le plus efficace pour optimiser les rendements et les profits. Mais le revers de la médaille c’est qu’elle est aussi le moyen le plus efficace pour entraîner une dégradation des sols sur le long terme. 

Les pour

La monoculture se caractérise avant tout par son étendu (en kilomètres). L’ensemencement massif d’un même type de produit (les plus populaires aujourd’hui sont les plantations de céréales car elles restent un aliment de base) comme le soja, les arbres tels que l’eucalyptus ou encore le pin, la canne à sucre ou le coton est également une caractéristique principale. Et enfin, on peut parler d’une répétition sans cesse des mêmes techniques et méthodes de fertilisation, d’irrigation et de récolte et ce, contrairement aux agricultures vivrières qui nécessitent des équipements mécanisés et des technologies à la pointe avec une faible main-d’œuvre. Il est à noter que depuis ces cent dernières années, la population rurale est passée de 50 à 20%. Les petits agriculteurs eux-mêmes se trouvent défavorisés par rapport à ces firmes gigantesques, alors que leur culture est de meilleure qualité.

Selon les estimations de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), la demande en nourriture augmentera de 70% lorsque nous serons 9 milliards d’habitants.

Doit-on continuer vers ce chemin de la “monoculture” en masse ?

Les contre

Ceci étant, le grand danger pour les hommes ainsi que les plantations est que la monoculture favorise grandement la création de parasites très résistants et difficiles à contrôler. En effet, avec des siècles de récoltes, d’ensemencement, où seules certaines espèces plus résistantes et plus faciles à cultiver ont été sélectionnées pour atteindre la perfection, nous avons perdu actuellement une grande partie de la diversité des aliments que nous consommons. Les chiffres indiquent que douze types de plantes et cinq types d’animaux représentent déjà 75% de l’alimentation mondiale. 

La variabilité génétique des plantes utiles s’est perdue à la suite des décennies de domestication.” explique Christian Schob, spécialiste en agroécologie à l’ETH de Zurich. 

Lorsque vous avez de grands espaces où une même variété pousse depuis des années, cela facilite la propagation de ravageurs et de maladies qui peuvent mieux se développer. Ce qui engendre de très lourdes pertes. De plus, elles deviennent plus résistantes à l’utilisation réitérée des mêmes produits chimiques et pesticides. Le produit lui-même finit par en être imbibé. De plus, ces produits toxiques ne sont pas sans danger pour les travailleurs qui les manipulent. 

D’autre part, cette surexploitation des sols épuise, dégrade et fragilise énormément les sols. Ils se retrouvent épuisés de devoir nourrir toute une plantation, et au fur et à mesure, s’appauvrissent en nutriments. En s’érodant, le sol devient dépendant des fertilisants chimiques. Pour ce qui est des nombreux micro-organismes essentiels à la bonne santé des sols, la monoculture détruit cette biodiversité naturelle en la faisant disparaître. À long terme, le sol devient inutilisable. 

De plus, l’utilisation accrue des pesticides se retrouve par la suite dans les cours d’eau les plus proches, alors même que cette forme d’agriculture est une grande consommatrice d’eau, notamment dû à la superficie importante des cultures. 

Enfin, la monoculture détruit la faune et la flore naturelle (bosquets, forêts, mares, vertébrés, insectes, champignons, bactéries) censée permettre de préserver un écosystème sain et diversifié. La monoculture la remplace par des parcelles plates et uniformes à perte de vue, beaucoup plus pratiques pour les gros engins agricoles comme les tracteurs ou les moissonneuses-batteuses.

Et les solutions 

En tenant compte de ce qui précède, la meilleure solution face à la monoculture serait la “polyculture” ou la “multiculture”. Il s’agit là de favoriser une culture en rotation ou en simultanée (fertilisation des cultures), d’en associer différents types entre elles tout en se complétant. Ainsi, le sol ne s’appauvrit pas en nutriments puisque chaque variété utilise différents types d’éléments nutritifs, et ne met pas en danger la microfaune naturelle. Ceci lui permet de conserver sa qualité et sa biodiversité nécessaire. En effet, la diversité naturelle végétale et animale permet de contrôler les ravageurs et les maladies, et améliore la défense contre les agresseurs externes. Ce qui peut réduire l’utilisation des pesticides. 

Une équipe internationale de chercheurs dirigée par le Centre allemand de recherche sur la biodiversité, l’Université de Leipzig et l’Université Friedrich Schiller d’Iéna (FSU) est parvenue aux conclusions suivantes: les zones riches en espèces de plantes utilisent beaucoup moins d’énergie pour se défendre contre les insectes. Ils ont étudié comment une diversité végétale accrue peut réduire les effets négatifs des organismes ravageurs. La robustesse augmente ainsi la productivité des cultures. 

Si de nos jours on diminue la “spéciation” (sélection de certaines espèces au détriment d’autres), cela permettra aux populations de s’adapter à leur environnement par mutation et sélection naturelle et donc d’enrichir la diversité génétique.

Une étude de l’Université de Zurich a montré qu’il est possible d’obtenir de bons rendements tout en promouvant la biodiversité. Ces communautés végétales saines assurent même des rendements plus élevés. Ce constat a été souligné notamment par le professeur Hans Pretzsch de la chaîne d’études sur la croissance forestière à l’Université technique de Munich. Il a constaté que les coûts et les pertes de monoculture sont deux fois plus élevés que les investissements mondiaux qui devraient être faits pour préserver la biodiversité.

En 2016, dans le Finistère, une étude menée sur quinze ans a permis de mettre en évidence un meilleur taux de rendement moyen pour le maïs cultivé dans une rotation et ce, comparé au maïs en monoculture : 14,1 tMS/ha contre 11,1 tMS/ha. Dans le Languedoc-Roussillon et en Provence, une étude sur une parcelle en rotation a montré que les parcelles en monoculture affichaient un rendement inférieur de 27% en moyenne.

En conclusion, la pratique de la “monoculture” doit être modifiée pour les années à venir, car des dommages irrémédiables peuvent se produire. Fort heureusement, des solutions à notre portée et pouvant donner des résultats rapidement existent aujourd’hui. Pour encourager ce type de pratique, l’Union européenne a mis en place le “greening” ou “paiement vert ». C’est une subvention accordée chaque année aux agriculteurs qui travaillent selon des techniques écologiques et respectueuses de la planète. Il ne manque plus qu’au consommateur d’adopter les bons gestes, comme de favoriser les aliments provenant d’exploitations plus respectueuses de l’environnement. 

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