Molière, grande figure du théâtre français et de la comédie, est un dramaturge et comédien en avance sur son temps. Il n’hésite pas à bousculer les choses et ainsi critiquer la société dans laquelle il vit. Certaines de ses pièces maîtresses font encore écho de nos jours. Voici qui était cet artiste parisien.
Le début d’une vie…
Jean-Baptiste, fils du tapissier du roi Louis XIV, a vécu une vie d’artiste. Il abandonne ses études de Droit à Orléans en 1642 pour se consacrer au théâtre. C’est ainsi qu’il va créer l’Illustre-Théâtre avec Madeleine Béjart et huit autres de ses camarades. Il prendra désormais le nom de Molière. Le jeune comédien s’est engagé dans le théâtre pour y tenir les rôles de héros tragiques aux côtés de Madeleine Béjart. Son aventure théâtrale commence mais fût stoppée en 1645 quand sa troupe fait faillite. Alors, il se fait emprisonner la même année durant quelques jours avant de se voir libéré grâce au rachat des dettes par son père.
Une carrière chancelante…
En 1646, il est engagé dans la plus prestigieuse des « troupes de campagne », patronnée par le duc d’Épernon, gouverneur de la Guyennel. Il va quitter Paris à la suite de ces évènements et fera partie de théâtres itinérants pendant 12 ans avec sa troupe. C’est durant cette période qu’il va écrire sa première pièce : “L’étourdi ou les Contretemps” en 1655.
Un retour à Paris…
Molière fait son grand retour à Paris le 24 octobre 1658 lorsqu’il se produit devant la Cour du roi au Louvre ainsi que devant Louis XIV, Anne d’Autriche et Mazarin. Fort de son succès, le roi lui accorde de s’installer au Petit-Bourbon. Il devient un dramaturge à succès incontournable avec sa nouvelle pièce “Les Précieuses ridicules” en 1659. Sa troupe va enfin pouvoir s’installer convenablement en 1661 dans la salle du Palais-Royal.
Le début des polémiques…
Molière est un artiste moderne pour son époque, il écrivait et mettait en scène le reflet de la société qui l’entourait, et ce au détriment des institutions religieuses, royales et hiérarchiques sociales. Sa première polémique concerne sa pièce “L’école des Femmes”.
Accusé d’un manque de respect envers la religion, Il remet en cause l’État et la laïcité. La société fut aussi touchée et la pièce devient une référence dans la comédie. En effet, les procédés burlesques traditionnels s’allient aux personnages qui ne se conforment pas aux règles du genre comique, et ils apparaissent au public comme des caricatures de personnages de la société.
Cette dimension parodique des personnages est une nouveauté et montre au public que la société contemporaine peut mettre en scène un jeu fantaisiste et une pièce mythique.
Les polémiques qui ne font que grandir le mythe…
“Les précieuses ridicules” et “Le Tartuffe” font partie des pièces dont l’archevêque de Paris, demandera l’interdiction des représentations. La première est un vif succès qui force Molière à imprimer le texte à la hâte par peur de se la faire voler. Ainsi c’est sa première publication, il devient donc auteur. Pourtant, le roi Louis XIV apprécie grandement Molière. Car en effet, ce dernier a pour inscription sur son acte d’inhumation, « Jean-Baptiste Poquelin de Molière, tapissier, valet de chambre du roi ».
Sa tâche consistait à se tenir présent chaque matin au lever du roi, un trimestre par an. Le roi fera d’ailleurs l’honneur à son auteur d’être parrain de son fils avec Armande Béjart. Il va soutenir la Troupe autant moralement que financièrement. Il va d’ailleurs nommer Jean-Baptiste Poquelin responsable des divertissements de la Cour en 1665. De là, le succès ne fait que grandir. Il va collaborer avec le célèbre Lully pour créer les pêchés-mignons du roi que sont les comédies-ballets. C’est de cette collaboration que va naître la fameuse pièce du “Bourgeois gentilhomme” en 1670.
La fin d’une vie…
Jean Baptiste Poquelin, dit Molière va mourir des suites d’une infection pulmonaire après avoir écourté la quatrième représentation du “Malade Imaginaire”. La légende dit qu’il va mourir sur scène dans son fauteuil. Ce n’est pas la véritable histoire. Il va se faire escorter jusque chez lui après une quinte de toux sanglante durant la représentation. Sentant la fin arriver, étant une personne très pieuse, il va demander à quérir le prêtre pour recevoir les derniers sacrements par l’abdication de ses rôles de comédien et d’artiste. Sa demande n’aboutira pas la première fois, ni la deuxième. A bout de force, il renvoie un proche quémander sa vie après la mort pour la troisième fois. Un prêtre accepte, mais malheureusement en arrivant sur place, Molière s’était déjà éteint…
Il est décédé le 17 février 1673 à l’âge de 51 ans après avoir endossé le rôle éponyme du “Malade Imaginaire”. N’ayant pas signé de renonciation à sa profession de comédien, il ne peut recevoir une sépulture religieuse.
Le “patron” dans sa maison…
Louis XIV fonde la “Comédie-Française” en 1680. Malgré la mort de Molière sept ans avant sa création, il en reste néanmoins l’une des références principales. La Comédie-Française est toujours surnommée « la Maison de Molière ». Devenue un établissement public, la Comédie-Française est depuis 1995 le seul théâtre en France à disposer d’une troupe permanente de comédiens. Elle est désormais composée de trois théâtres : le Français, au Palais Royal, le Vieux-Colombiers et le Studio-Théâtre.
Molière 2022
Depuis le 15 Janvier, avec l’ouverture de bal de la pièce “Le Tartuffe ou L’Hypocrite« , la Comédie Française a adopté un ton molièrien et a programmé une vingtaine de spectacles dans les trois salles de l’institution jusqu’en juillet. Chaque soir, des places de dernière minute sont vendues à la billetterie, ainsi que des places à visibilité réduite (le coût étant de 5 euros). Tous les lundis également, et sur la présentation d’un justificatif, les étudiants peuvent bénéficier de billets gratuits (se renseigner au préalable sur le site de la Comédie Française).
Vous avez la possibilité de découvrir les nouvelles mises en scène et créations des incontournables du théâtre français par Molière comme :
- “L’Avare” dans une mise en scène de Lilo Baur, avec Laurent Stocker dans le rôle d’Harpagon.
- “Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres…”, une création sur la vie de Molière par Julie Deliquet.
- “Dom Juan” par Emmanuel Daumas, avec Laurent Lafitte.
- “Les Précieuses ridicules” par Sébastien Pouderoux et Stéphane Varupenne.
- “Le Crépuscule des singes”, ou les relations entre Molière et Mikhail Boulgakov interprétées par Louise Vignaud.
Des reprises sont aussi programmées comme les excellents spectacles :
- “Le Malade imaginaire” par Claude Stratz.
- “Le Bourgeois gentilhomme” de Christian Hecq et Valérie Lesort.
- “Les Fourberies de Scapin” par Denis Podalydès.
- “Le Misanthrope” par Clément Hervieu-Léger.
Voir aussi : Nouvelle Théâtrale : quoi de neuf à la Comédie Française ?
L’importance de cet anniversaire relève d’une influence historique à la fois littéraire et philosophique. Qu’attendez-vous pour assister à ses œuvres ?