En novembre 2006, l’Afrique du Sud s’inscrit dans l’histoire en étant le premier pays à autoriser le mariage homosexuel. Beaucoup l’ignorent. Nombreux sont ceux qui, lorsqu’ils pensent à l’Afrique du Sud, se rappellent l’apartheid discriminant et oppresseur mis en place à l’égard des personnes noires. Pourtant, peu sont ceux qui saluent l’ouverture d’esprit et la vision précurseuse du peuple sud-africain d’aujourd’hui quant aux questions LGBTQIA+ (lesbienne, gay, bisexuel·le, transgenre, queer, intersexe, asexuel·le +).
Documenter cette cause et son combat, c’est le cœur du travail de Zanele Muholi, photographe et activiste sud-africain·e mondialement connu·e. Au travers d’une sélection de plus de 200 photographies, vidéos et documents d’archive, la MEP met en lumière les différents travaux de l’artiste, dont certains datent du début des années 2000.
Plusieurs clichés sont un rappel de la douloureuse période de l’apartheid qui a divisé le pays pendant plus de 40 ans. Par exemple Bester 1, où l’artiste se dévoile les cheveux couverts de pinces à linge, une référence à sa mère obligée d’occuper le poste d’employée de maison pendant des années, la loi sur la réserve de l’emploi contraignant les personnes de couleur à occuper des emplois mal rémunérés ou de « main d’œuvre non qualifiée ».
Ou encore Kwanele, qui dénonce le profilage racial et la surveillance continue subis par la communauté noire lorsqu’elle traverse les frontières. Le modèle s’entoure ici d’emballages plastiques, comme si iel n’était qu’une vulgaire valise.
Mais cette exposition est aussi une ode à la peau noire : dans de nombreux portraits, la·le photographe noircit volontairement sa peau, pour faire de sa couleur une force.
C’est également l’une des premières expositions dans laquelle les pronoms neutres : iel (sujet) et ellui (complément) sont employés, afin de respecter la volonté de Zanele Muholi, qui se définit comme non-binaire.