En parallèle de tes études en Génie Mécanique et Productique, tu as décidé de t’engager dans la réserve de la Marine Nationale, pourquoi ce choix ?
Ce choix vient du fait que, durant mon année de première générale, j’ai effectué une prépa militaire marine (PMM). Sur l’année scolaire, nous avions deux journées d’instruction militaire par mois. Ces journées portaient sur des thèmes comme la défense, la navigation, les connaissances générales sur la Marine et les Armées en général. À la fin de cette année, on passe une semaine sur la base militaire de Toulon. Donc, à ce moment-là, on applique ce que l’on apprend et puis on découvre ce en quoi consiste le métier de marin.
À la suite de cette année, j’ai fait le choix de vouloir garder ce pied dans l’armée sans vouloir pour autant en faire une carrière car c’est quelque chose de très intéressant. C’est un milieu qui est passionnant. Je n’ai jamais eu de doute sur ma volonté de faire carrière dans le monde civil. Pour autant, c’est très intéressant de travailler dans l’armée car c’est un milieu professionnel qui est unique.
Au-delà de ces aspects, cela me permet de générer un revenu tous les ans, revenu basé sur le nombre de jours travaillés.
Comment définirais-tu et quel sens donnerais-tu à cet engagement ?
Je pense que c’est un engagement qui, comme je le disais, me permet de dégager un revenu financier à côté de mes études. Mais, cela est aussi un engagement citoyen je pense par le fait de participer à la défense de mon pays. Ainsi je lui donne ce sens-là.
Je rajouterai également que c’est un engagement qui est très enrichissant et qui permet d’apprendre sur soi et sur les autres également. J’exerce un métier, donc cela me permet de développer des compétences que je peux réinvestir après dans mes futurs emplois et dans ma vie universitaire.
Quelles sont les conditions à réunir pour devenir réserviste ?
Il faut avoir plus de 17 ans, être de nationalité française et je crois que c’est tout. Il n’y a pas de niveau scolaire minimal. Je pense qu’il faut avoir quand même au minimum le brevet.
Je pense qu’il faut cependant être quelqu’un de curieux et intéressé car être militaire ce n’est pas rien. C’est un engagement. Un engagement tout d’abord dans le temps car quand on signe le contrat, on s’engage sur un certain nombre de jours qui sont fixes. Ainsi, il faut avoir une appétence pour les métiers de l’Armée et pour la vie dans l’Armée qui est, comme on peut l’imaginer, rigoureuse. Il ne faut pas avoir de réticences sur le fait de travailler avec une hiérarchie forte. Il faut également accepter le fait d’être amené à pouvoir travailler dans des milieux parfois dangereux en fonction des métiers.
Pour plus d’informations sur la réserve opérationnelle:
Informations générales: https://garde-nationale.gouv.fr
Informations sur la réserve dans la Marine nationale:
https://www.lamarinerecrute.fr/metiers-et-formations/vivre-une-premiere-experience/etre-marin-de-reserve
Une fois que l’on réunit toutes ces conditions, quel est le parcours à suivre pour devenir réserviste de la Marine Nationale ?
La première chose à faire selon moi, est de contacter le CIRFA le plus proche de chez soi. Les CIRFA sont des Centres d’informations et de recrutement des forces armées. Ce sont des bureaux dans lesquels il y a des recruteurs de l’Armée et où l’on peut s’y engager.
Dans le cadre de la réserve, on prend contact afin de savoir les motivations et les métiers qui sont ouverts aux réservistes. Ensuite, on doit s’inscrire sur une plate-forme qui est dédiée à cette démarche et s’en suit une procédure avec des tests médicaux et la prise de contact avec une unité pour choisir le métier qui nous intéresse. Dans les faits, on candidate pour les métiers que l’on choisit et après on est retenu ou pas selon si l’on est suffisamment qualifié.
Il faut savoir qu’il y a une majorité de métiers ouverts aux réservistes qui ne demandent aucune qualification particulière. Néanmoins, certains peuvent être seulement accessibles qu’après un bac +2 dans une discipline particulière. Par exemple, pour être mécanicien d’avion, il faut avoir la formation qui va avec.
Afin de préparer au mieux son parcours d’entrée dans la réserve, quels seraient les conseils que tu pourrais donner à un jeune qui souhaiterait s’engager ?
Je pense qu’il faut avoir l’envie de s’engager et que ce soit un projet motivé car c’est un parcours qui est un peu long. Pour te donner un ordre d’idée, cela prend environ une petite année entre le jour où tu t’inscris sur la plateforme et ton premier jour de travail en tant que réserviste. Il faut être prêt à s’engager car la durée d’engagement est de 3 ans. C’est donc important d’être fiable et d’aller au bout de ta démarche.
Pour prolonger sur cette thématique, aurais-tu des conseils à délivrer à un jeune qui souhaiterait s’engager, mais cette fois-ci en matière de préparation physique ?
Sauf métier particulier et je ne suis pas certain que ce type de métiers soit accessible aux réservistes, il n’y a pas de condition physique nécessaire dans le sens où il y a une expertise médicale. Si on est apte, il n’y a pas une question d’être un « gringalet » ou « super balèze ». Aucune différence ne sera faite sur ce point donc, il ne serait pas très pertinent de recommander de faire une préparation physique à proprement parler. Néanmoins, il est quand même recommandé de suivre un entrainement régulier à la course à pied et de savoir nager notamment. Le CIRFA pourra préciser les attentes physiques aux candidats.
Une fois que tu as rejoint la réserve, je suppose que tu signes ton contrat d’engagement, ce que tu commençais à évoquer précédemment, peux-tu nous parler du contrat qui te lie à l’armée ?
C’est cela effectivement. Alors, mon contrat est ce que l’on appelle un ESR ou un Engagement à servir dans la réserve. Le mien est un contrat de 3 ans qui porte sur 25 jours par an où je dois me rendre disponible pour mon unité au sein de la Marine. Les contrats sont souvent basés sur une durée de 3 ans mais le nombre de jours où tu dois être présent sur la base varie entre 15 et 40 jours par an.
Je place ces jours en accord avec mon chef d’unité sachant que j’ai la particularité d’avoir 1 jour tous les 6 mois de formation au tir et au TIOR. Le TIOR désigne les techniques d’interventions opérationnelles rapprochées. (NDLR: pour s’informer sur le TIOR : CNSD: le stage instructeur TIOR !)
Dans l’idée, il faut être disponible suivant les besoins de l’unité. Dans les faits, les choses se font plutôt bien car, quand on est étudiant ou même dans la vie active, en général, on a des vacances placées sur les vacances scolaires et se sont les moments où la Marine a le plus besoin de personnels disponibles comme les marins partent en vacances à ces moments-là. Si tu veux, le réserviste prend la place d’un marin d’active qui part en vacances.
Quels sont les droits et les devoirs du réserviste au sein d’une unité ?
C’est une très bonne question, pour être honnête, je ne les connais pas tous donc je vais te parler de ceux qui me concernent. Tu as le droit de disposer de ton temps dans le sens où s’il y a un jour où tu ne peux pas travailler à la réserve, il y a toujours une possibilité de s’arranger avec ton unité. Ensuite, pour te parler des autres droits, tu peux rompre ton contrat à tout moment, ce que l’on appelle démissionner.
Pour te parler des devoirs maintenant, le premier est de s’engager pour ton métier, c’est-à-dire que l’on est formé puis mis au travail. Il faut être quelqu’un de fiable et surtout être au niveau attendu par son unité parce qu’il y a une réelle attente de sa part. Le réserviste n’est pas là pour faire de la décoration, il est vraiment là pour remplacer. Il est donc un maillon essentiel ! Il doit également travailler correctement en accord avec la formation qu’il a reçue également.
Après avoir suivi ce parcours, tu as choisi de rejoindre la FOSIT MÉDITERRANÉE. Ainsi, peux-tu nous parler de ton unité ?
La FOSIT est une très grosse unité, ce qui fait que je n’en connais pas toutes les missions. Pour ma part, je consacre mon temps à la protection du littoral. FOSIT signifie Formation opérationnelle de surveillance et d’information territoriale.
Tu es donc affecté à une Vigie, plus particulièrement à la Vigie Cépet. En quoi les Vigies jouent un rôle important dans le cadre de la surveillance du territoire et de la sécurité de celui-ci. Pourrais-tu expliciter ces fonctions et donc l’essence de ce qui caractérise ton métier de guetteur sémaphorique?
Tout d’abord, je souhaiterais juste apporter une correction à ta question. En fait, on parle de sémaphore. Il y a 3 sémaphores sur les 58 qui sont des vigies car ils sont situés à l’entrée de ports militaires. Personnellement, je suis affecté à l’entrée du port de Toulon mais il y a aussi une vigie à l’entrée du port militaire de Brest ainsi qu’une à celui de Cherbourg. C’est pour cela que nous disons vigie pour parler des sémaphores situés à l’entrée des ports militaires.
La mission d’un sémaphore, donc d’un guetteur sémaphorique, est de s’occuper principalement de la surveillance de la navigation et de faire de la collecte de renseignements sur tout ce qui se passe sur le littoral et sur les eaux. Il y a un bon parallèle à faire qui est de dire que nous sommes un peu comme des « aiguilleurs de la mer » si tu veux. On doit également faire du contrôle des approches maritimes, c’est-à-dire que chaque navire qui rentre dans les eaux françaises est enregistré et surveillé en fonction de certains critères que je ne peux pas te détailler puisqu’ils sont soumis au secret défense. Il y a aussi une mission de surveillance de la pollution puisque tous les sémaphores sont placés sur le littoral de manière à avoir une vue sur la mer. À partir de là, on est les yeux de la Marine Nationale sur le littoral. Ainsi, on va pouvoir faire aussi potentiellement du contrôle des pêches ( à titre personnel je n’en ai jamais fait ) et un petit peu de secours à la personne mais cela reste à prendre avec des pincettes car ce n’est pas dans nos attributions de base. C’est au CROSS ou Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de le faire. C’est eux qui dirigent toutes les opérations de sauvetage en mer. De notre côté, tout ce que nous pouvons faire pour eux, c’est d’être leurs yeux sur la mer. C’est à dire que s’il y a un navire en perdition, on peut nous demander, si c’est sur notre zone, d’essayer de retrouver à la vue ou de rendre compte d’une situation dangereuse car nous avons une position favorable, qui nous donne l’avantage de pouvoir faire du renseignement.
Les sémaphores font beaucoup de traitement de l’information. Ils recueillent l’information et la transmettent. Après, pour le reste, cela relève de l’état-major. Donc, on ne va pas prendre de décisions majeures. On va seulement traiter de l’information pour la restituer de manière claire et utilisable par l’état-major.
Pour finir sur ces 58 sémaphores, ils permettent également de faire une surveillance 24h/24 et 7j/7, 365 jours par an de tout le littoral métropolitain. On appelle cela une chaîne sémaphorique.
Au vu de toutes les missions qui peuvent t’être attribuées de part ta fonction de guetteur sémaphorique, pourquoi ce choix de métier ?
J’ai choisi le métier de guetteur sémaphorique car, dans le cadre de la PMM, on n’a visité un sémaphore ( qui n’est pas celui dans lequel je travaille actuellement ) et j’ai beaucoup aimé l’utilisation que la Marine fait des technologies qui ont été développées pour elle afin de lui permettre d’étendre ces capacités. C’est à dire qu’il y a des systèmes de surveillance radar qui ont été développés par la Marine Nationale en collaboration avec des entreprises du secteur, comme Thalès par exemple ( NDLR: Thalès est une entreprise française d’électronique, spécialisée dans les domaine de l’aérospatiale, la défense, la sécurité et le transport terrestre. L’entreprise naît en 1998 lors de la fusion des branches spécialisées dans les activités militaires d’Alcatel, de Dassault Électronique et de Thomson-CSF). Lorsque j’étais en première, je savais déjà ce que je voulais faire après. Forcément, le fait de travailler avec ces technologies là me parle et continue de me parler aujourd’hui dans le cadre de mes études. J’ai choisi aussi ce métier par goût.
Après avoir pratiqué ce métier, je peux te dire qu’aucune journée ne se ressemble car aucune situation ne se ressemble. Tous les jours sont des challenges par le fait de devoir analyser la situation à laquelle tu es confrontée et mettre en œuvre les procédures adéquates et c’est cela qui est aussi intéressant en fait.
Pour rebondir sur ce que tu viens de me déclarer, est ce que l’on peut dire qu’il y une journée type pour un guetteur sémaphorique ? Si oui, comment s’organise t-elle ?
Oui, il y a une journée type pour un guetteur sémaphorique. Il y a ce que l’on appelle une bordée. Une bordée est sur 24h donc sur une journée, et cette bordée est divisée en quarts de 4h. Les quarts sont donc les roulements des marins sur la journée. Donc oui, il y a bien une journée type car si je sais que, par exemple, je travaille de minuit à 4h du matin, je sais que je vais aussi travailler de 12h à 16h et donc ça va me faire 8h du travail par jour. Les guetteurs sémaphoriques ne fonctionnent pas sur la journée dans le sens ou tu travailles le jour ou la nuit. La journée commence à 00h et se termine à 00h le lendemain. Cela fait des journées rythmées, rythmées par les quarts. Donc il faut que tu adaptes tes journées en fonction de ces périodes là. De plus, c’est important d’avoir une journée type mais pour autant il n’y a pas de journées banales si tu veux.
Aurais-tu une mission / une situation marquante à nous raconter et que tu as vécu lorsque tu étais en poste en tant que guetteur sémaphorique ( sans compromettre le secret défense ) ? Dans un second temps, Quels sont les atouts que tu as su mettre en œuvre pour gérer cette situation et quelles ont été tes lacunes si tu en as eu ?
Je n’ai jamais été confronté à des situations très marquantes dans le sens où, pas de bol, ce n’est jamais tombé sur moi ou alors devrais-je plutôt parler de chance ! ( me dit-il en rigolant )
Disons que j’ai plutôt participé à des missions qui sont un peu courantes et je ne vais donc pas pouvoir te donner un exemple de réalisation. J’en suis désolé car la question était vraiment pas mal en plus.
Du coup, plus dans un aspect de curiosité, si tu as des lacunes, est qu’il y-a des formations de perfectionnement organisées par la Marine ?
Déjà, il est important de savoir que nous avons tous le droit à l’erreur, d’autant plus quand on peut être soumis à du stress. Quand tu as une situation particulière qui se met en marche, tu as toujours la tâche de fond qui consiste en la surveillance, à assurer. Donc, quand tu es tout seul, c’est difficile. Un sémaphore, c’est comme une tour de contrôle si tu veux. On est tout en haut et c’est un environnement très particulier. C’est un environnement qui est en permanence bruyant. Pourquoi ? Car on écoute la radio, la VHF et plus particulièrement le canal 16 qui est le canal de détresse international. Et quand tu conjugues cet environnement sonore avec une situation de stress, cela amplifie le truc. Parfois, cela peut arriver de faire des erreurs, comme dans tous les métiers en soit.
Donc, il faut juste savoir réagir correctement et pour cela, on a une formation continue qui se déroule quasiment tous les jours. Tous les jours, on va se réunir et aborder un des thèmes du métier et on va l’approfondir, mettre en place une situation, l’analyser et l’étudier ensemble ou alors, cela peut cibler une seule personne dans le but d’évaluer ces compétences. On revoit ainsi des sujets qui concernent des situations possibles afin d’être opérationnels grâce à ces formations continues. Par exemple, en tant que base militaire, si tu veux, on n’est considéré comme un site sensible, donc il faut que l’on soit paré à protéger notre base militaire. Ainsi, pour cela, nous avons des entraînements. Les formations au tir et au TIOR en font parties. Ensuite tu retrouve ce procédé de mise en situation avec, par exemple, comment agir si un drone survole la base ou si une personne est aperçue dans l’enceinte militaire, comment agir si une personne armée cherche à monter etc. Tout cela sont des choses que l’on apprend continuellement et ce sont des situations peu banales qui, pour le coup, nous permettent de nous entraîner et surtout dans l’optique d’être prêts le jour où cela peut arriver.
Après, il y a d’autres thèmes qui sont moins abordés et peu communs que l’on voit comme la préservation des cétacés par exemple. C’est une thématique qui peut s’imposer à nous dans le sens où, si l’on observe un cétacé mort sur une zone passante, cela peut entraîner un danger. Tu imagines bien qu’un corps flottant sur une zone où tu as beaucoup de plaisance par exemple, ça peut être un danger.
Quelles sont les perspectives d’évolutions quand tu es Matelot réserviste affecté à un poste de guetteur sémaphorique ?
En tant que réserviste, le grade évolue aussi en fonction de deux facteurs qui sont: ton ancienneté et les diplômes que tu acquiers. A ce titre là, ma perspective d’évolution est potentiellement assez haute dans le sens où, le plus longtemps je travaille, plus je pourrais être gradé. Pour l’instant je ne suis que matelot car cela fait environ 2 ans seulement que j’ai rejoint les rangs de la Marine Nationale mais ma perspective prochaine est de pouvoir passer assez rapidement quartier-maître puis second-maître et au plus tu avances, au plus tu as besoin d’ancienneté pour passer au grade supérieur. Ainsi, il y a quand même des perspectives d’évolutions pour les réservistes. De plus, elles sont plutôt bonnes et la montée en grade se fait assez bien quand même.
Justement, tu me parles des quartiers-maîtres à l’instant et j’ai vu que tu es également Délégué représentant des quartiers-maîtres et matelots réservistes en Méditerranée. En quoi cela consiste ?
J’ai été désigné pour représenter tous les réservistes qui sont quartiers-maîtres et matelots. C’est ce que l’on appelle les membres d’équipage. Si tu veux c’est un type de grade. Le moment clef de ce rôle est la commission consultative de la réserve opérationnelle de la Marine qui se tient une fois par an, en juin. En effet, mon rôle lors de cette commission est d’y représenter mes pairs et d’y remonter leurs interrogations, leurs observations, leurs doléances etc. C’est vraiment un rôle de représentant / porte parole.
Comment se déroulent ces commissions annuelles du coup ?
C’est une réunion entre tous les délégués représentant de la Méditerranée. J’y suis présent pour les quartiers-maîtres et matelots puis tu vas y trouver les officiers-mariniers, les officiers-mariniers supérieurs, les officiers-subalternes etc. Tout ce petit monde est donc réuni pour poser ses questions à l’État-Major. Le représentant des réservistes de l’État-Major est chargé d’apporter des réponses à toutes les questions qui sont posées. De là est sorti un document qui est public et qui recense tout les questions et les réponses qui y sont apportées. Ainsi, cela permet la prise en compte des problèmes que nous pouvons rencontrer et d’amener des solutions à ceux-ci.
Pour consulter le compte-rendu de la commission consultative de la réserve opérationnelle du 17/06/21: https://www.acoram.fr/wp-content/uploads/2021/07/20210719_NP_EMM-DRES_1229-CR-7E-REUNION-CCRO-M.pdf
Quelle est nature de la relation avec l’état-major comme tu es réserviste et que cela est un statut particulier au sein de l’Armée ? Est-ce que l’état-major « vous considère de la même manière » que vos pairs qui sont marins d’active ?
Réserviste, c’est un statut particulier comme tu l’as dit car tu n’es militaire qu’un certain nombre de jours par an. Sur ces jours-là, on est pleinement militaire donc soumis aux mêmes règles que les autres militaires. Tu es aussi soumis aux mêmes primes que les autres militaires.
Ces commissions permettent justement de rapprocher l’état-major de ses réservistes dans l’idée d’une amélioration continue si tu veux. Cela permet justement de s’assurer que les réservistes sont traités de manière égalitaire avec les marins d’active sur leur période de réserve. Cela est un sujet récurrent de nos conversations avec l’état-major et grâce à ces conversations, on peut être amené à bénéficier de nouvelles primes qui sont déjà perçues par les militaires par exemple etc. Les réservistes posent des sujets et cela permet de donner la possibilité à l’état-major de s’exprimer sur ceux-ci favorablement ou défavorablement et d’expliquer pourquoi ils ont pris cette décision. Il y a ainsi une réelle volonté de transparence pour faciliter le travail et pour garder un lien de confiance avec son État-major, c’est important !
Nous réalisons cet entretien dans le contexte de la fête nationale du 14 juillet. En quoi la fête nationale du 14 juillet est un moment important dans la vie d’un militaire / d’une unité / d’un citoyen ?
En tant que citoyen, je pense que c’est important d’avoir une visibilité sur ce corps qui est mal connu. Sous certains aspects, on peut dire que le métier des armes n’est pas le mieux connu des citoyens. Je pense que c’est aussi le moment d’être fier de son pays, au moins d’avoir une petite pensée patriote si tu veux !
Après côté militaire, c’est important de voir son unité représentée lors du défilé car cela est très honorifique. Tu as des roulements en fait entre les unités. Tu vas avoir une unité de sous-mariniers qui va défiler puis l’année prochaine ce sera l’unité d’un autre sous-marin qui défilera. Pour un militaire, le défilé permet de mettre en avant son engagement tout en ressentant la fierté de la population.
Cette année, ils ont fait quelque chose de particulier puisque qu’ils ont fait défiler les stagiaires des préparations militaires Marine, donc des stagiaires de la préparation que j’avais suivie. Ils ont pris un stagiaire de chaque centre de formation en France et ils les ont fait défiler. J’ai trouvé que c’était une bonne chose car faire cette prépa est enrichissant. Je connais plein de personnes qui ont suivi cette prépa et qui ne ne se sont ni engagés dans la réserve, ni dans l’active. Cependant, cette prépa permet de progresser sur de nombreux aspects. J’ai vu des gens qui sont arrivés dans cette prépa et qui étaient un peu « grandes gueules » et qui en sont ressortis un peu plus « humbles et malins » car ce sont des jeunes lambda qui se confrontent à une autorité militaire pour la première fois. Elle te permet également de t’ouvrir les yeux sur un sujet que tu n’abordes pas du tout à l’école/en cours ou du moins vaguement !
Dans la poursuite de cette réflexion, comment faudrait-il mettre en avant l’engagement des jeunes dans l’Armée ?
Je pense que c’est important de valoriser le fait que l’on puisse participer à la défense nationale sans s’impliquer et impliquer une carrière dedans. Cela permet de se sentir concerné quand on voit des sujets de géopolitique notamment lorsque des conflits éclatent comme celui entre l’Ukraine et la Russie par exemple. Il faut savoir que le conflit Ukraine-Russie à mis en état d’alerte les forces armées françaises car cela concerne et pose des questions qui relèvent de la défense notamment via l’OTAN par exemple.
Comment définirais-tu la devise de la Marine nationale qui est « Honneur, Patrie, Valeur, Discipline » ?
Je pense qu’on parle d’honneur car un marin doit être fier de ce qu’il fait et de ce à quoi il contribue.
Valeur parce que travailler dans l’armée, travailler dans la Marine, c’est travailler avec des valeurs. Des valeurs de respect, d’engagement et que c’est essentiel de pouvoir comprendre ces valeurs pour pouvoir travailler dans le cadre de l’armée.
Discipline, j’ai envie de dire que c’est un peu la base de l’armée. C’est la base de l’armée car nous travaillons dans des milieux dangereux pour beaucoup d’entre nous, on a des métiers à risques et sans discipline, tu mets en danger le marin, les personnes avec qui tu travailles, son matériel. Ainsi, pour moi, la discipline est importante à ce niveau là car tu te mets en danger aussi sans discipline. Si tu veux, les moments où je ressens le plus le besoin d’avoir de la discipline, c’est quand je fais des journées de tir parce qu’on est clairement dans un environnement ultra dangereux et c’est là où la moindre erreur peut être sanctionnée. On est tous censé connaître les règles de base du maniement d’une arme.
Patrie pour moi signifie la mise au service de la patrie. Disons que pour ma part, j’ai un métier que je perçois plutôt positivement. Quand on te dis que tu es un maillon constituant de la chaîne sémaphorique, tu te dis que si tu es pas assez vigilant pendant ton quart, tu romps la chaîne de surveillance du littoral. Donc tu as cette responsabilité vis-à-vis de ton pays mais aussi de ton état-major de travailler avec conscience et de travailler bien pour pouvoir réaliser la mission qu’on te confie. Je pense qu’on peut voir cela d’une manière encore plus philosophique, la définition que je te propose est plutôt primaire.
Dans la lignée de ce travail de réflexion, si tu devais faire un bilan de ton engagement de nos jours, quel serait-il ?
Tiens c’est marrant, je ne me suis jamais encore posé la question ! ( s’exclame t-il à haute voix )
C’est un engagement en temps, engagement que je fais actuellement et que je serai toujours prêt à faire. C’est aussi un peu renoncer à ses vacances et cela veut dire que tu tires un trait sur certains voyages que tu aimerais faire. D’un autre côté, c’est un engagement dont je suis hyper fier car je me sens vraiment utile quand je travaille là-bas. Je sens que l’on compte sur moi, que l’on me fait confiance malgré l’adage « la confiance n’exclue pas le contrôle », qui est très courant dans l’armée. Mon engagement est hyper valorisant à titre personnel également notamment quand j’ai des retours positifs sur mon travail par exemple et je pense que c’est lié au fait d’avoir un emploi. Travailler pour mon pays est également important pour moi tout en apprenant de nouvelles choses/compétences !
Quel message souhaiterais-tu faire passer à la jeunesse pour l’inciter à s’engager dans la réserve de la Marine Nationale ?
Je ne me permettrais pas d’inciter les jeunes à s’engager dans la réserve car c’est un engagement tellement particulier qu’il faut que la démarche vienne de soi.
Ainsi, si je m’adresse à un jeune dont je pense qu’il peut correspondre à la fiche de poste, je lui dirais d’aller se renseigner dans un CIRFA, d’aller parler avec un recruteur car cela ne lui coûtera rien. Un recruteur pourra lui donner une vision de la réserve et lui permettra de voir ce qu’il peut y faire. S’il décide de suivre les conseils du recruteur, et qu’il veut se lancer dans l’aventure pour 3 ans, il peut y aller pour donner de son temps. Si il se dit que ce n’est pas fait pour lui à cause la rigueur militaire et du travail en hiérarchie, tant pis, ce n’est pas grave !
Je pense que beaucoup de personnes pourraient trouver du sens dans un métier de l’armée ouvert aux réservistes. A ce compte là, il faut se renseigner et voir ce qu’il est possible de faire, notamment les rôles et métiers qui sont intéressants et qui peuvent nous stimuler. Pour moi, je travaille dans un métier qui me stimule car il me mets dans des situations de difficultés, de stress et en même temps j’ai toujours la responsabilité de trouver la solution. J’ai ainsi envie de me dire que si c’est valorisant pour moi, cela peut l’être pour d’autres personnes mais sur certains critères.
Comment peut-elle s’informer à ce sujet ?
Alors tu peux consulter le site de la Marine Nationale qui répertorie tous les métiers ouverts aux réservistes et puis le CIRFA également. Le CIRFA reste la référence pour l’engagement qu’il soit dans l’active ou dans la réserve. Tu peux prendre rendez-vous avec un conseiller ou venir sans rendez-vous, tu trouveras toujours quelqu’un pour te recevoir et te présenter des opportunités qui sont offertes par l’armée et qui correspondent à ton profil, tes études etc.
Pour conclure cette interview, souhaiterais-tu nous parler d’un point particulier que nous n’avons pas évoqué durant cet entretien ?
Je finirais par dire que s’engager en tant que réserviste à mon âge et avec mon parcours scolaire, c’est quand même très pratique pour des stages, pour les recrutements d’écoles. Car, le réserviste amène un package de compétences avec lui et une ouverture d’esprit aussi. Cela montre aussi que tu es quelqu’un qui n’a pas peur de l’engagement, que tu es une personne qui est prête à travailler plus que les autres. Le fait d’être réserviste m’a souvent aidé dans ce sens là et puis c’est toujours un sujet de conversation qui intéresse lors des entretiens car cela te différencie des autres candidats de pouvoir parler d’un engagement, d’un métier auquel tu donnes un sens. En plus, cela amène l’intérêt sur toi ce qui est toujours pratique.
Cependant, il ne faut pas s’engager dans la réserve pour le CV. C’est la pire idée que tu pourrais avoir et tu irais droit au mur. C’est un travers dans lequel il ne faut pas tomber je pense.