18 scudetti, 5 coupes et 7 supercoupes d’Italie, 7 ligues des champions, 2 coupes des coupes, 5 supercoupes d’Europe et 1 Coupe du monde des clubs.
Quand on égraine le palmarès du Milan AC, c’est le vertige. Seuls, le Real Madrid, la Juventus et l’Inter font mieux sur les scènes européennes ou italiennes. Mais il commence à y avoir de la poussière sur l’étagère. Les rossoneri quittent progressivement une décennie compliquée, avec seulement trois triomphes et de plus rares apparitions sur la scène continentale. Entre 1986 et 2000, sous la gouvernance de Silvio Berlusconi, il en avait remporté seize dont trois C1. Bien sûr les forces ont changé et l’organigramme du club de la direction aux joueurs a muté.
Depuis soixante ans, cette armoire est ornée d’un dénominateur commun. Sur les 45 grandes dernières consécrations du club, 32 ont été glanées avec un Maldini joueur ou entraîneur. 7 l’ont été par le père Cesare et 25 par le fils Paolo, tous deux patrons de l’arrière-garde lombarde. Une histoire dans l’histoire qui aurait pu se conclure en 2009, lorsque la Bestia interrompait sa carrière. C’était sans compter sur la tête victorieuse de Daniel Maldini le 25 septembre dernier à la Spezia. Première titularisation en Serie A, premier but en professionnel et surtout premier visage offensif pour un Maldini. Le nouveau chromosome d’une lignée milanaise dorée.
Cesare, le bâtisseur
L’épopée des Maldini débute en 1952 à la Triestina, premier club à faire confiance à Cesare en Serie A. À seulement 22 ans, il en est déjà le capitaine, signe d’un talent précoce. Il y fera ses gammes pendant trente-deux matchs. Les émissaires du Milan AC ne laissent pas passer l’occasion et l’engagent dès la saison 1954-55. La pleurésie qui l’handicape au début de son parcours professionnel s’éloigne, le succès, lui, se rapproche.
Le palmarès de Maldini 1er s’étoffe comme les sollicitations. 14 sélections nationales, 6 au cours desquelles il jouit du capitanat, mais une participation à une Coupe du Monde ratée (en 1962 au Chili), sont néanmoins les symboles d’une relation contrariée avec la nazionale. Une carrière faite de 466 matchs (il finit sa carrière au Torino en 1967). Dans le costume d’entraîneur, il mène aussi l’Italie espoir à la conquête de trois Euros (1992-94-96). Le Milan AC se rappelle ainsi que parmi les six Coupe des Champions historiques que disputent toujours les clubs aujourd’hui, deux ont été remportées pour la première fois grâce à Cesare Maldini (joueur et entraîneur).
Paolo, la légende
Mais pour asseoir une réputation, il faut une figure et de l’élégance. C’est celle de Paolo, un joueur bandiera, (qui n’a eu qu’un seul maillot dans sa vie) en rouge et en noir dès l’âge de dix ans. Droitier, replacé arrière gauche à douze ans lors de ses premiers pas au Milan. À seize ans, l’ambidextre sidère déjà Franco Barresi autre légende du club à côté de qui, il est titulaire indiscutable. Auréolé d’une première C1 à seulement 23 ans, il est très vite un défenseur subjuguant qui concasse les plus grands attaquants alors en activité. Trois ans plus tard, le brassard de capitaine au bras, plus rien ne retient le second des Maldini. Facilités balle au pied, anticipation, vitesse, endurance et gabarit, viennent forger une impressionnante longévité au plus haut niveau.
Paolo Maldini est le grand libéro des années 1980-90 et un défenseur moderne et agile, tout à la fois. Bilan : 902 matchs (le plus capé du club), 126 sélections, 5 C1, 5 supercoupes d’Europe, 7 championnats, 1 coupe d’Italie, pour seulement deux cartons rouges ! Parmi les ombres, on relèvera s’il le faut, un palmarès vierge avec la Squadra Azzurra malgré une finale de Coupe du Monde en 1994 et une relation tendue avec la Curva Sud qu’il n’a jamais hésité à titiller, récoltant parfois la foudre des ultras. Il reste donc la légende incarnée, certainement le plus grand défenseur central et le plus grand joueur du Milan AC de tous les temps. Même les rivaux éternels de l’Inter ne s’y trompent pas. À sa retraite en 2009, une banderole descend de la Curva Nord : « Maldini, pendant 20 ans notre rival, pendant 20 ans toujours loyal ».
Daniel, l’héritier
Dix ans après son père, Daniel fait donc partie de la génération qui peut chasser les nuages de San Siro. Malgré des changements de direction répétés et des finances en chantier, le Milan rebondit doucement depuis 2018. Pour cela, il peut compter sur son aura éternel pour attirer des stars (Leonardo Bonucci, Zlatan Ibrahimovic, Olivier Giroud) et construire progressivement sous la houlette de Stefano Pioli un des plus jeunes et prometteur effectif d’Italie (Théo Hernandez, Sandro Tonali, Rafael Leão). Les Maldini, eux, ont connu depuis des fortunes diverses. Cesare disparaît en 2016 à 84 ans, Paolo devient le directeur sportif du club en 2018, tandis que son fils aîné Christian doit se résoudre à la Série D dès 2017. Et, avec Daniel sur le terrain, la magie dynastique pourrait se poursuivre. Ce serait un cas à part.
Daniel semble donc face à un mur de statistiques qui réserve quand même des perspectives. D’abord freiné par une blessure en février 2021 et barré par les concurrences successives de Calhanoglu et Diaz, il se retrouve désormais dans la rotation des milieux offensifs, ce qui lui a permis de se frotter à la Juve et à Liverpool cette année.
Les buts, peut-être la seule ligne encore quasiment vierge où Daniel peut réduire le poids de l’héritage. Pour fêter sa première réalisation, la Gazzetta della Sport ne s’y est d’ailleurs pas trompée. Elle a barré sa légendaire une rose de trois mots en rouge et en noir : Maldini pour toujours.
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