En occident :
L’impact de cette crise se fait ressentir sur le pouvoir d’achat des occidentaux. L’explosion du prix du Gaz et du Pétrole dont la Russie est très productrice impacte les finances de nombreux états totalement dépendant.
L’Allemagne en est l’exemple le plus criant. Cette crise révèle au grand jour les conséquences terribles des mesures énergétiques prises par Angela Merkel. Son pari d’abandonner l’énergie nucléaire pour un mix énergétique basé sur les énergies renouvelables s’est avéré inefficace. Face à l’intermittence de ces énergies, l’Allemagne a dû recourir à des énergies fossiles pour compenser, le gaz russe.
Olaf Scholz à mis fin au projet de gazoduc « Nord Stream 2 », censé ravitailler encore plus l’Allemagne. Cette fin potentielle de la coopération énergétique germano-russe pourrait rabattre les cartes au profit de nouveaux fournisseurs.
Le gaz et pétrole de schiste américain sont favoris pour reprendre le flambeau avec notamment l’Algérie ou encore les royaumes du golfe.
Les pays occidentaux sont aussi largement dépendants des matières premières dont la Russie regorge. Par exemple, la Russie est le premier producteur mondial de titane. Ce métal est un composant indispensable à de nombreux pans de l’industrie (aéronautique, horlogerie,…). Les constructeurs européens Safran et Airbus ne cachent donc pas leur inquiétude face à la situation ukrainienne.
Cette crainte de manque de matières premières en période d’inflation et le vacillement de la puissance américaine ont entraîné une semaine de volatilité forte en bourse.
Les US en difficulté
La diminution de l’hégémonie des américains semble en effet aussi inquiéter les marchés. Si les américains qui avaient été capables de mener des opérations avec L’Otan au Kosovo et en Yougoslavie en 1999. Ils semblent aujourd’hui incapables de peser dans la balance en Europe.
Cette organisation que le président Macron avait lui-même qualifié d’organisation « en mort cérébrale » semble plus que jamais fragilisée.
Cet échec dans le domaine de la politique étrangère n’est pas isolé. Il peut s’ajouter à la longue liste des bévues de la présidence Biden. En tête, l’Afghanistan, la crise des sous-marins, la situation migratoire en Amérique centrale/du Sud, le blocage des chaînes d’approvisionnement,…
Des rumeurs de collusions de la famille Biden avec l’Ukraine dans le cadre de l’affaire Hunter Biden entachent aussi la réputation de l’exécutif.
Ce contexte catastrophique laisse envisager une victoire des républicains aux midterms américaines. Un changement de majorité pourrait bloquer l’exécutif américain dans le domaine économique.
En Russie
Il est tout d’abord important de noter que la Russie n’est pas une puissance économique dominante. Son PIB est égal à celui de la Floride et ses exportations sont très majoritairement composées de matières premières. L’invasion de l’Ukraine pourrait encore accentuer l’hégémonie de la Russie sur les matières premières.
L’Ukraine constitue actuellement, la première réserve européenne d’uranium et la deuxième réserve européenne de titane. Nous pouvons ajouter qu’elle est la deuxième réserve mondiale de manganèse, la deuxième réserve mondiale de fer et la deuxième réserve européenne de mercure. Elle est aussi la troisième réserve européenne de gaz de schiste… .
De plus, L’Ukraine est aussi incontournable dans le domaine de l’agriculture. Elle est le premier exportateur mondial de blé et un acteur central dans le domaine de la betterave, de l’orge et de la pomme de terre.
“Le Liban dépend à 50 % pour son alimentation du blé russe et ukrainien. C’est dire si pour certains pays, cela va être plus dramatique que pour nous les hausses de prix. Là-bas, ce seront des pénuries”, craint aussi Christiane Lambert, présidente de la première organisation représentant les agriculteurs en Europe, la Copa-Cogeca.
Les sanctions économiques ont beau être très contraignantes pour le secteur bancaire et les Oligarques russes proches du pouvoir; elles ne devraient pas forcer Vladimir Poutine à changer de politique extérieure.
Les précédentes sanctions appliquées en 2014 suite à l’invasion de la Crimée n’avaient déjà à l’époque pas fait bouger la Russie d’un iota .
En effet , elle se sont révélées inutiles voire contre productives. Cette autarcie forcée a même permis à la Russie de miser sur le développement certains pans de son économie (agriculture,…) détruits par les années Eltsine.
L’axe sino-russe
La concrétisation du rapprochement entre russes et chinois est sans équivoque la conséquence économique la plus importante du conflit ukrainien.
L’empreinte de la Chine en Asie s’accentue face à l’abandon du traité de libre-échange d’Asie Pacifique par Donald Trump. Après la fin de cet accord, les pays du pacifique se sont recentrés autour de la Chine en signant l’accord commercial RCEP.
Ce Partenariat régional économique global est l’accord économique le plus important du monde en termes de produit intérieur brut (PIB). Signé le 15 novembre 2020 , il concernait alors 2 milliards d’habitants répartis dans 15 pays des deux côtés de l’atlantique.
En parallèle de l’élargissement de sa sphère d’influence économique dans le pacifique, la Chine prend soin de créer un partenariat solide avec la Russie.
Un partenariat de plus en plus solide
C’est dans cet esprit que Vladimir Poutine et Xi Jinping ont signé le 5 juin 2019 au Kremlin une déclaration commune sur l’établissement d’un «Partenariat global et d’interaction stratégique pour une nouvelle ère».
Les deux Etats ont aussi profité de la rencontre de leurs dirigeants pour renforcer la dédollarisation de leurs échanges en signant une série d’accords visant à développer l’utilisation du yuan et du rouble dans les opérations financières bilatérales.
A l’issue de la rencontre, l’entreprise nucléaire russe Rosatom et la Compagnie nucléaire nationale chinoise ont conclu un accord portant sur la construction de nouveaux réacteurs.
Les deux dictatures ont aussi actées la création d’un fonds commun pour l’innovation scientifique. Avec un réel engagement de développer une alternative au système bancaire américain « Swift » d’échange de fonds afin de réduire leur dépendance.
Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine avaient tenu une réunion à Pékin. Dans une déclaration commune, ils avaient appelé l’Occident à abandonner les approches idéologiques de la guerre froide. Mais aussi d’exhorter l’Otan à cesser son expansion en Europe de l’Est. La position de la Chine vis-à-vis du conflit ukrainien est claire : elle se refuse à condamner la Russie.
« La position du gouvernement chinois est que nous pensons que les sanctions ne sont jamais un moyen fondamental et efficace de résoudre le problème et la Chine s’est toujours opposée à toute sanction unilatérale illégale. »
(Hua Chunying, porte-parole du gouvernement chinois)
Plus d’informations sur « L’Ukraine et la Russie »: la guerre bouleverse l’équilibre : https://www.latribune.fr/economie/international/ukraine-les-sanctions-imposees-a-la-russie-par-les-occidentaux-en-six-questions-904674.html