Il est 22h30 passé dans la capitale espagnole, et la maison blanche a cédé sous une vague bleue à domicile. Portés par Karim Benzema, auteur d’un triplé au match aller (1-3), les madrilènes ont vite déchanté à domicile. Mené 1-0, le Real encaisse deux buts après la pause et se retrouve alors au bord d’une élimination humiliante.
Mais Luka Modric en a décidé autrement : à la 80e minute, le relayeur envoie un centre venu d’un autre monde à destination de Rodrygo, qui conclut. Une offrande, un caviar, une galette, choisissez ce que vous voulez pour décrire ce sublime extérieur de pied, qui laisse Thiago Silva et Edouard Mendy mystifiés. Plus qu’un beau geste, cette passe retourne le scénario d’un match qui paraissait plié. Pourtant peu en vue durant la rencontre, Modric s’est à nouveau transformé en héros pour délivrer les Merengues, pour la troisième fois de la saison en Ligue des Champions.
Un habitué de l’exceptionnel
Au Santiago Bernabéu, c’était face au PSG que l’originaire de Zadar avait bel et bien lancé sa campagne européenne. Omniprésent et propre techniquement, il s’était embarqué dans une folle remontée de balle parmi quatre parisiens, et lançait Vinicus en profondeur. Quelques secondes après, il recevait à nouveau le ballon pour Benzema, seul, pour égaliser sur les deux rencontres. La capacité d’accélération dont peut encore faire preuve le Ballon d’Or 2018 dans ces situations impressionne.
Dans l’ombre de Benzema et de la désillusion parisienne, la performance de Modric n’a rien à envier (ou presque) à celle du triple buteur. Chef de file de la révolte madrilène, sa remontée de balle vient ainsi semer le chaos dans la défense parisienne, et ce jusqu’à la fin du match.
À Standford Bridge, le magicien croate s’était aussi illustré. Excentré à une trentaine de mètres sur la droite, il adresse un centre millimétré sur la tête de Benzema. Presque à l’aveugle, le milieu profite de son sens du jeu hors du commun pour déposer un énième caviar.
À 36 ans, le numéro 10 n’a pas perdu de sa superbe. Par ailleurs, il forme avec Kroos et Casemiro un milieu toujours aussi apprécié de Carlo Ancelotti. Dans l’ombre de son numéro 9 qui évolue dans la forme de sa vie, le cerveau de l’équipe n’est pourtant pas en reste. Avec un volume légèrement inférieur qu’auparavant, il fait parler sa science du placement. C’est bien cette capacité de placement, d’observation qui rend si précieux le rôle de Modric dans ce collectif.
Mené par ses stars, déjà présentes durant le triplé en Ligue des Champions, le Real évolue avec une assurance inébranlable. Peu importe la situation, les merengues semblent toujours en capacité de renverser une situation, quelle qu’elle soit. Déjà en huitièmes face au PSG, Madrid s’en était sorti dans un scénario hitchcockien. Face à la tactique payante de Thomas Tuchel, la maison blanche perdait pied.
L’extérieur du pied de Modric est ce retournement, ce plot twist qui vient tout renverser. Grand habitué de ces fins dramatiques, le croate a la capacité de trouver le geste, le choix, l’action qu’il faut. Et ça, ses 36 ans n’y changeront rien.