Fondée en 1949, l’Otan née de la guerre froide pour la guerre froide. À l’époque, son objectif premier est de contrecarrer la menace militaire que l’Union Soviétique fait peser sur l’Europe. Mais elle devient progressivement, durant la guerre froide, une organisation de sécurité régionale cherchant à intégrer la défense des Européens. L’organisation subsiste à la fin de ce conflit bipolaire mais doit néanmoins redéfinir son rôle.
Quels sont les objectifs de l’organisation ?
L’Alliance Atlantique rassemble actuellement 30 pays membres s’unissant pour garantir la sécurité au sein d’un système international en pleine mutation. Deux objectifs majeurs animent l’organisation : promouvoir les valeurs démocratiques et coopérer sur les questions de défense. Sur le plan militaire, l’Otan dispose d’une puissance militaire qui est la clef de voûte de l’Alliance Atlantique permettant d’entreprendre des opérations de gestion de crises.
Si sur le papier, l’Otan semble être un instrument parfait au service de la sécurité collective. La réalité est toute autre. En effet, depuis la dislocation du bloc soviétique, l’Alliance Atlantique cherche une raison d’être. Emmanuel Macron n’a pas hésité à parler de la « mort cérébrale » de l’organisation. Toutefois, la remontée de la puissance russe et ses opérations hybrides aux portes de l’Europe ont permis de lui redonner un nouveau souffle.
L’enjeu de l’expansion de l’Otan
Dans une démarche d’universalisation et de légitimation de l’organisation, des élargissements ont alors eu lieu. L’Otan a cherché à associer de nouveaux pays partenaires en ouvrant ses portes vers les pays de l’Est notamment.
À la lumière de la crise ukrainienne, l’expansion à l’Est de l’Otan devient un enjeu. Pour une désescalade, le Kremlin exige un traité bannissant tout élargissement de l’Alliance Atlantique à l’Ukraine mais aussi en Géorgie. Outre des garanties juridiques, Vladimir Poutine réclame aussi un retour à ses frontières de 1997.
Qu’est-ce qu’implique concrètement cette demande ? Le ministère des Affaires étrangères russes demande à ce que les troupes étrangères et les armes soient retirées de la Bulgarie et de la Roumanie qui sont rentrées après 1997.
Un retour en grâce ?
Considérée comme « obsolète » par certains, la crise ukrainienne permet de redonner un souffle à l’institution. Alexander Vershbow, chercheur à l’Atlantic Council affirme que « Poutine a obtenu l’inverse de ce qu’il recherchait ». En fait, la pression qu’exerce Moscou sur l’Europe de l’Est a réveillé la volonté de certains états à intégrer l’Otan soulignant qu’elle reste une référence en matière de sécurité. La Finlande et la Suède ont d’ores et déjà annoncé leur intention à rejoindre l’Alliance Atlantique.
Une question demeure, quel avenir pour l’Ukraine au sein de l’Otan ? Le 14 février 2022, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a affirmé maintenir sa candidature à l’Otan. Il s’agit pour lui de « garantir la sécurité » de l’Ukraine. Cette question est ultrasensible mais une issue peut s’entrevoir, celle de maintenir l’Ukraine hors de l’Otan tout en garantissant sa sécurité.
Alors que la situation se dégrade rapidement dans le pays d’Europe de l’Est, le président ukrainien depuis Munich exige un « calendrier clair » pour l’entrée de son pays dans l’institution.
La place de la France au sein de l’OTAN : une question politique qui fait débat en France
Si l’organisation fait parler d’elle à l’échelle mondiale, un débat plus politique concernant l’Otan anime aussi la France. Les relations entre la France et l’Alliance Atlantique n’ont pas toujours été cordiales. En 1966, sous l’impulsion de De Gaulle, alors président, la France choisit de tourner le dos à l’Otan. Elle réintègre son comité militaire en 1995.
Marine Le Pen ravive le débat. Si elle est élue, la candidate du Rassemblement national, propose de sortir la France du commandement intégré de l’Otan. Elle insiste sur l’importance de retrouver une indépendance stratégique et pour ne pas rentrer immédiatement en guerre.
D’autres candidats soutiennent sa proposition comme Jean-Luc Mélenchon ou encore Eric Zemmour qui considèrent l’Otan comme une « machine à asservir les pays occidentaux ».
Certaines propositions vont plus loin. Peter Dittus et Hervé Hannoum, anciens membres de la Banque des règlements internationaux, plaident pour une sortie de la France du commandement intégré, ils estiment que « l’Otanexit de la France est une urgence absolue ».
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