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L’Observatoire des médias sur l’écologie, nouvel analyste d’un secteur en retard

Depuis le 7 novembre dernier, l’Observatoire des médias sur l’écologie se penche de près sur la couverture des sujets sur l’écologie par l’audiovisuel français. Un nouvel outil qui pousse les médias français à se conscientiser sur le sujet.

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Les experts de l'OME ont façonné des graphiques lisibles par tous. Crédit: Pexels.
Les experts de l'OME ont façonné des graphiques lisibles par tous. Crédit: Pexels.

Depuis le 7 novembre dernier, l’Observatoire des médias sur l’écologie se penche sur la couverture des sujets sur l’écologie par l’audiovisuel français. Un nouvel outil qui pousse les médias français à se conscientiser sur le sujet.

+1,5°C de réchauffement, par rapport à l’ère préindustrielle. C’est officiel, 2024 est la première année à dépasser ce seuil hautement symbolique. Une information essentielle pourtant peu relayée dans les médias de grande écoute. C’est dans ce contexte qu’a été ouvert, le 7 novembre dernier, l’Observatoire des médias sur l’écologie (OME). Ce nouvel outil, en libre accès sur Internet, vise à identifier la couverture médiatique des sujets sur l’écologie, dans les médias. Pour cela, de nombreux graphiques et infographies interactives sont proposés, sur le site de l’observatoire, au travers d’un interface clair. Il permet aux internautes d’explorer la multitude de données mise à disposition, tout en sélectionnant ce qui les intéresse. L’OME a été créé par un consortium d’associations comme Quota climat, Climat Médias, Data for good ou encore Expertise Climat. Le projet est également appuyé par des acteurs institutionnels comme l’Agence de la transition écologique (ADEME) ou l’ARCOM, le régulateur de l’audiovisuel.

L’objectif, avoir des données reconnues et prises en compte par ces dernières pour faire avancer les choses. Pour cela, les associations ont dû estomper leur côté militant et s’entourer d’un comité d’experts pour recevoir les financements. « Avant, nos données étaient discutées, par les chaînes. On s’est dit vraiment qu’il fallait harmoniser et renforcer la méthodologie qui nous permettait d’avoir des données. », explique Raphaël Demonchy, de l’association Climat Médias. C’est donc en répondant à un appel à projet de l’ADEME, que tout s’est concrétisé pour les associations. Il s’en est suivi d’un gros travail de mise en forme informatique et de clarification, pour obtenir un objet final utilisable par chacun.

Un travail main dans la main

S’il veut porter ses fruits, ce nouvel outil doit aussi être utilisé par l’ARCOM. Le gendarme de l’audiovisuel français est la seule instance qui peut directement agir sur les médias et faire augmenter la part de sujets qui traitent d’écologie. Les chaînes de télévision sont d’ailleurs tenues de faire un compte-rendu de leurs contenus climat à l’ARCOM. Cette présence de plus en plus forte de l’écologie dans les contrôles de l’ARCOM, peut même faire pencher la balance dans certaines décisions. « L’ARCOM peut être très efficace. On l’a vu notamment sur le non-renouvellement de C8 et donc l’interdiction de l’émission de Cyril Hanouna. Elle véhiculait beaucoup de désinformation sur l’écologie », affirme Juliette Quef, cofondatrice de Vert, média centré sur l’actualité de l’écologie. Le rôle de l’OME, dans tout ça, c’est de faciliter le travail du régulateur en proposant des données claires, précises et sérieuses.

Bien qu’il soit essentiel d’échanger avec les institutions, il faut aussi sonder les principaux concernés par ce nouvel outil, les médias. Car il est long et compliqué de faire évoluer de très grosses machines, comme peuvent l’être certaines télévisions ou radios aujourd’hui. Pour cela, les associations qui composent l’OME ont ouvert le dialogue avec de nombreux médias. Ce dialogue initié en amont de l’ouverture de l’OME, continue depuis sa mise en ligne. Maintenant, des rédactions viennent parfois d’elles même contacter les associations. À travers ces échanges, l’OME cherche à mettre le doigt sur les biais spécifiques de chaque média pour qu’ils puissent, par la suite, trouver leurs propres solutions. « L’OME n’a pas vocation à proposer des solutions, c’est un site de constats », souligne Raphaël Demonchy. Des solutions qui se doivent d’occasionner des changements majeurs pour redresser les 3,7% de temps d’antenne, consacré aux enjeux environnementaux, dans les programmes d’information des médias audiovisuels français, depuis un an.

La route est encore longue

L’heure tourne et les médias n’avancent pas encore dans le bon sens. Le temps d’antenne consacré a l’écologie a baissé de 30 % par rapport à 2023. Pour lutter contre cette baisse, des outils sont mis en place. Après la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique en 2022, l’OME pousse, une nouvelle fois, les rédactions à se tourner vers une inclusion croissante des sujets sur l’écologie. Sur ce fait, un constat se dresse. Il est nécessaire que les médias allient une augmentation de la quantité et de la qualité. « Il faut que les reportages soient beaucoup plus réguliers et mis en lien pour que la répétition fasse son œuvre », complète Raphaël Demonchy.

Car les scientifiques s’accordent sur ce point. Les médias ont un rôle capital à jouer dans la réussite des objectifs climatiques. Ils se doivent d’informer le grand public sur ces sujets et ainsi faire comprendre que le changement climatique a un impact direct sur le quotidien de chacun. Des impacts multiples qui bouleverseront les systèmes économiques, sociétaux, voir même politiques. Pour faire comprendre cela, il faut appliquer des mécanismes encore trop peu considérés. « Aujourd’hui, le traitement médiatique est majoritairement catastrophiste. Ce qu’il faudrait, c’est expliquer les causes et les mettre en relation avec les conséquences et les solutions », indique Juliette Quef. Un constat partagé et souligné par l’OME à travers ses données graphiques.

Des perspectives d’évolution

Malgré un rôle et une position bien définis en seulement un mois et demi, l’OME vise encore plus grand. Pointant seulement les données de l’audiovisuel, l’observatoire voudrait s’élargir, dans l’année qui vient. Il souhaite commencer à s’intéresser à la presse, ainsi qu’à la publicité présente dans les médias. De grandes ambitions qui permettraient de dresser un état des lieux presque général et engager un mouvement collectif. Un mouvement souhaité par Juliette Quef, qui souligne, « il faut qu’on allie nos forces pour relever ce défi, qu’on soit un média indépendant ou un média grand public ». Un élan partagé par une grande partie de la profession et qui ne doit pas s’arrêter.

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