Pourtant programmée à Saint-Pétersbourg en Russie, la finale de la Ligue des Champions 2022 a dû se plier aux conséquences du tragique tournant qu’a pris la crise ukrainienne, il y a maintenant trois mois. C’est donc le Stade de France qui accueillera pour la troisième fois (2000, 2006) le match européen le plus attendu de l’année.
Le Real de Madrid, porté par un Benzema héroïque, a rejoint un Liverpool qui s’est fait peur face à Villareal en demi-finale. (2-0 / 3-2). Une rencontre qui rappelle évidemment la drôle de finale de 2018, mais aussi celle de la Coupe des Clubs Champions de 1981, elle aussi à Paris.
Liverpool au sommet
Depuis l’arrivée de Bob Paisley sur le banc en 1974, le club du Merseyside domine. A niveau national tout d’abord, avec quatre titres en cinq ans, entre 76 et 80. L’arrivée du coach britannique aux commandes change à jamais le visage du club. Le recrutement de futures stars comme Kenny Dalglish, Alan Hansen ou Graeme Souness fonctionne. Il développe également la formation, notamment avec Sammy Lee. Adepte d’un jeu rapide, il ne lui faut qu’une seule saison blanche avant de tout rafler. Liverpool remporte 20 trophées en huit années d’exercice, et s’empare de l’hégémonie sur le football anglais.
Hégémonie contestée par un club inattendu et en première division depuis peu : Nottingham Forest. Les autres Reds sont les seuls à glaner un championnat dans la période 76-80, et brillent aussi à niveau européen. Après la domination de l’Ajax de Cruijff et le Bayern de Beckenbauer au début des 70’s, c’est l’Angleterre qui prend le relais. Liverpool remporte ses premières Coupes des clubs Champions en 77 et 78. Nottingham suit de près en 1979 et 80 et le football anglais domine l’Europe. C’est cependant Liverpool qui perdurera plus longtemps, trustant les premières places du championnat longtemps après.
Madrid en reconquête
La dynamique des dernières années madrilènes avant la finale de 1981 est assez différente. Le Real domine depuis plusieurs années en Espagne. Les merengues sont triple champion en titre, et ont remporté 5 titres depuis 1975. C’est surtout au niveau européen que les madrilènes pèchent. La dynastie historique des années 50 ne trouve pas de successeurs.
De plus, le club n’a plus atteint une finale de la Coupe des clubs Champions depuis 15 ans, une éternité. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé, car les madrilènes s’y sont donc qualifiés fréquemment avec leurs titre. En 80, le Real est étrillé 5-1 à Hambourg au retour de la demi-finale, et voit s’échapper une finale à domicile, au Santiago Bernabeu.
Le coach yougoslave Vujadin Boškov prend la tête de l’équipe en 1979. L’effectif est principalement espagnol, hormis les transferts de l’ailier anglais Laurie Cunningham et du milieu allemand Uli Stielike. Le jeu madrilène est principalement basé sur la contre-attaque. Sans réelles superstars, les espagnols ont pour but clair d’aller chercher la Coupe d’Europe, afin de replacer Madrid au centre de la carte européenne du football.
Les Reds vainqueurs logiques
Les finalistes sont plutôt sereins avant les demies. Le Real se qualifie d’un but malgré une défaite au retour face à l’Inter. Liverpool ne se détache du Bayern que par la règle du but à l’extérieur, grâce à un match nul 1-1 en terre bavaroise. Avec la finale au Parc des Princes, les madrilènes peuvent retrouver un succès continental, dans le stade où était née la domination merengue en 1956. Pour Liverpool, c’est le moment de confirmer la domination du club à tous les niveaux depuis 5 ans.
Les Reds s’avancent en favori avant la rencontre, que cela soit du côté du public ou des journalistes. La défense assez jeune du Real inquiète, la confiance de leur adversaire aussi. La quasi-totalité du match est pourtant très équilibré. Les occasions sont peu dangereuses en première mi-temps, puis se font rares en seconde. Le latéral madrilène José Camacho a l’opportunité de donner un avantage qui semble décisif à son équipe, mais manque son lob et son face à face par la même occasion. C’est par un autre latéral que le sort de ce match se décidera. A la 82e minute de jeu, sur une touche, Alan Kennedy est trouvé dans la surface, amorti le ballon de la poitrine, dribble un défenseur et propulse le ballon au fond des filets.
Les 48 000 spectateurs du Stade de France explosent, et plus rien ne pourra empêcher Liverpool d’être sacré champion. Les Reds obtiennent le troisième titre européen de leur histoire.
La finale de la Ligue des Champions 2022 offre une troisième rencontre entre Liverpool et le Real de Madrid à ce stade de la compétition. Les deux clubs auront à cœur de prendre le pas sur l’autre. Si la défaite madrilène de 81 semble assez loin, celle de Liverpool en 2018 est dans toutes les mémoires. Samedi, le vainqueur prendra l’avantage dans ce duel historique.