La période estivale est enfin là et avec elle, la promesse d’un temps ensoleillé. La saison parfaite pour s’octroyer du temps pour soi, loin du stress de la vie quotidienne et de l’agitation des grandes villes. Imaginez-vous au bord de l’eau, les pieds dans le sable et un bon livre entre les mains, pour s’évader au rythme des mots. Pour vous aider, la rédaction culturelle de CSActu vous propose une sélection de romans qui sentent bon l’été.
Madeline Miller, Circé (2019)
“Le mythe est un récit évolutif […] qui ne doit jamais rester fixé et figé, sous peine de dépérir et de disparaître. Il doit évoluer, se transformer, s’adapter aux nouvelles attentes, aux circonstances, aux époques et aux cultures. » Construit et enrichi par les hommes, les mythes sont ancrés dans notre inconscient collectif, pour le meilleur comme pour le pire. Ainsi, ils influencent nos vies quotidiennes et conditionnent nos manières de penser. Dans son deuxième roman nommé Circé, la romancière américaine, Madeline Miller, se réapproprie le mythe de la déesse Circé. L’objectif ? Déconstruire la vision patriarcale faite de cette sorcière pour en faire une icône féministe.
Le personnage de la magicienne Circé apparait principalement dans le texte de l’Odyssée d’Homère. Dans la mythologie grecque, elle se réfugie sur l’ile d’Ééa après avoir empoisonné son mari le roi de Sarmates. Là-bas, son destin s’entremêle à celui de sa nièce Médée et de Jason, en fuite après avoir dérobé́ la Toison d’Or des mains d’Æetès, et à celui du dieu marin Glaucos venu lui demander un philtre « pour s’attirer les faveurs de la nymphe Scylla ». Alors folle de jalousie, la sorcière à l’esprit vengeur transforme Scylla en un monstre marin grâce à ses herbes. Quant à Ulysse, après avoir échappé́ aux Lestrygons, un peuple de géants mangeurs d’hommes, il accoste sur l’ile d’Ééa avec son équipage. Sous le charme du héros, Circé transforme alors ces compagnons en pourceaux pour le retenir auprès d’elle.
Ainsi, la sorcière dépeinte dans l’Odyssée est une femme séduisante, malfaisante et manipulatrice, causant la perte de la gent masculine. À contrario, l’héroïne de Madeline Miller est érigée en femme libre, forte et mettre de son propre destin. L’autrice, par sa prose lyrique, évoque à merveille des thèmes allant de la maternité au libre arbitre ou encore des agressions sexuelles aux violences faites aux femmes. Un ouvrage intemporel.
Frank Hebert, Dune (1965)
En 1965, l’écrivain américain, Frank Hebert a publié son roman de science-fiction nommé Le cycle de Dune. Cet ouvrage de science-fiction a révolutionné son genre et est encore aujourd’hui considéré comme l’un des piliers de la littérature anglophone. Preuve de cet engouement qui ne s’estompe pas, cette saga littéraire de six tomes est aujourd’hui portée à l’écran par le réalisateur Canadien, Denis Villeneuve. Côté récompense, Dune a remporté par trois fois, le Locus du meilleur roman de tous les temps en 1975, 1987 et 1998.
Au fil des pages, vous plongerez dans la chaleur écrasante et étouffante de la planète Arrakis, recouverte de déserts à perte de vue. La présence d’épice, l’or des sables, et le manque d’eau, y sont sources de conflits politiques et sont au centre de toutes les luttes d’influence. C’est au sein de cet environnement hostile, que le duc Leto Atréides, la Bene Gesserit, Dame Jessica et leur fis Paul, devront ériger leur nouveau fief, sur ordre de l’empereur Shaddam IV. Mais très vite, la menace Harkonnen et une prophétie annonçant l’arrivée du « Madhi », le garçon appelé à libérer les Fremen, mettront en péril l’équilibre de l’univers.
Ainsi, cette œuvre littéraire incontournable vous captivera par ses rebondissements et ses personnages inoubliables. Vous ne pourrez pas le lâcher des yeux.
Taylor Jenkins Reid, Malibu Rising (2021)
Après les succès de Daisy Jones & The Six et The Seven Husbands of Evelyn Hugo, la romancière à succès, Taylor Jenkins Reid, revient avec Malibu Rising. Imaginez-vous sous le soleil de la Californie des années 1980, allongé sur une plage de Santa Monica, au bord de la piscine du mythique Beverly Hills Hotel ou encore déambulant sur le Sunset Boulevard. Voilà ce que vous propose ce roman, une véritable escapade tout au long de la côte ouest américaine.
Le 27 août 1983, la fête bat son plein dans la villa de Nina Riva, jeune surfeuse et mannequin à succès. L’alcool coule à flot, la musique résonne et les corps se déhanchent dans une atmosphère d’excès. C’est la soirée de l’année et chacun souhaite approcher les Riva, Nina, Hud, Jay et Kit. Jeunes, beaux et riches, ils sont les enfants de l’icône musicale du moment. Au milieu de cette exubérance, les langues se délient et les faux semblants s’effritent lorsqu’au petit matin, la luxueuse villa n’est plus que cendre. Qu’a-t-il bien pu se passer ?
Tomás Eloy Martínez, Santa Evita (1995)
Née le 7 mai 1919, dans le petit village de Los Toldos, dans la province de Buenos Aires, au sein d’une famille modeste, Eva Duarte fut une jeune femme du peuple qui réussit à se hisser jusqu’au sommet de l’État. En effet, après avoir quitté les siens et pris en main son destin, elle épousa, en 1945, le colonel Juan Domingo Perón avant de devenir Première Dame, l’année suivante. Son parcours de vie, le symbole d’ascension sociale qu’elle incarna ainsi que ses combats pour le droit de vote des femmes et son soutien sans faille envers les plus démunis, firent d’Eva Perón un symbole puissant.
Tomás Eloy Martínez, dans son roman de non-fiction nommé Santa Evita, retrace la vie tourmentée de cette jeune femme ainsi que le destin de son corps qui l’a érigée au rang de mythe. En effet, à son décès, en 1952, son corps fut embaumé, avant de disparaitre durant la dictature auto-proclamée la « Révolution libératrice ». Cet événement a alors divisé le pays tout entier et déchainé les passions les plus folles, entre les détracteurs d’Evita et ses admirateurs. Deux visages du pays encore aujourd’hui irréconciliables.
Ainsi, les trois intrigues du roman s’entremêlent entre réalité et fiction, à la manière d’un roman policier, et nous plongent dans l’Argentine tourmentée du XXème siècle. Lire ce chef-d’œuvre de la littérature latino-américaine, c’est se questionner sur la force des symboles et comprendre l’histoire de la société argentine. Un livre bouleversant et captivant.
Douglas Kennedy, Les hommes ont peur de la lumière (2022)
Pour son 25ème roman, l’écrivain Américain nous dresse le portrait d’une Amérique malade, aux maux profonds et clivants. Dans la fournaise et le tumulte de Los Angeles, Brendan, chauffeur Uber enchainant les heures pour subvenir à son modeste foyer, se retrouve mêlé au destin d’Elise, une de ses clientes. Cette ancienne professeure d’université à la retraite souhaite se rendre dans une clinique, dans laquelle elle aide bénévolement des femmes à avorter. Arrivée sur place, la stupéfaction est totale, un groupuscule réactionnaire pro-vie vient de perpétrer un attentat. Cet événement tragique remet alors en question toute la vie et les principes de Brendan.
Les hommes ont peur de la lumière est un véritable tour de force, confirmant une fois de plus le talent de Douglas Kennedy. Il se place en spectateur d’une société malade et divisée, dénonçant et questionnant les inégalités sociales, le système capitaliste, la radicalisation des idées ou encore les violences faites aux femmes liées à la question du viol et de l’avortement. Un roman choc et important, une fenêtre sur notre monde contemporain.