Vous avez eu l’occasion d’enseigner le français aux militaires éthiopiens et vous avez été également nommée Directrice de l’Alliance Française de Santiago en République Dominicaine. Pouvez-vous nous parler de ces deux expériences et de leur apport ?
Avant cela, j’ai été professeure de français en banlieue parisienne. Lors de ma deuxième année d’enseignement, j’ai repassé un master en didactique des langues, ingénierie de l’information en langues, interculturalité et plurilinguisme. C’est beaucoup de travail pour se souvenir de l’intitulé de ce master ( nous en rigolons ensemble ). J’ai voulu mettre en pratique ce master en devenant professeure de français comme langue étrangère. À l’époque, ma directrice de mémoire m’a parlé de ces stages du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères proposés par la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense (DCSD). J’ai donc saisi cette opportunité et j’ai choisi de partir en Éthiopie car j’ai un tropisme très latino-américain. Je connais très bien l’Amérique Latine et je voulais un petit peu changer, ouvrir mes horizons. Cela a été une expérience humaine très intéressante car vivre en Éthiopie, à Addis-Abeba ( NDLR: capitale du pays ), berceau de la civilisation, capitale de l’Afrique puisque c’est le siège de l’Union Africaine ( NDLR: crée le 9 juillet 2002 cette organisation intergouvernementale à pour but de promouvoir la démocratie, les droits humains et le développement à travers l’Afrique) et enrichissante. D’un point de vue professionnel, on m’avait vendu du rêve concernant cette expérience. On m’avait convaincue à l’idée que j’étais en Afrique pour aider à la paix dans le monde et dans les faits j’étais là car j’étais une jeune femme et que la France voulait montrer l’intérêt de cet accord de coopération avec l’Éthiopie. Selon moi, j’étais là pour faire jolie ! Professionnellement, cela a été d’un ennui mortel et il est vrai que j’ai besoin d’être stimulée dans mon métier. Ainsi, je me suis dit que j’allais changer de métier et que je voulais prendre un poste à responsabilités. Transmettre des compétences linguistiques c’est bien, c’est également une responsabilité mais j’avais réellement envie de faire du management, de la comptabilité et organiser des événements culturels. Ainsi, depuis l’Éthiopie, je me suis dit que j’allais devenir Directrice d’une Alliance Française sur une île et cela n’a pas raté.
De nos jours, vous êtes une candidate sans étiquette à la députation de la seconde circonscription de la Corrèze. Quels sont pour vous les avantages et les inconvénients de ne pas être soutenue par un parti politique ?
Alors, je vais commencer par les inconvénients. Les inconvénients sont qu’il faut globalement tout faire soi-même. Je suis heureusement bien entourée par ma famille et mes ami(e)s. Au moment où nous échangeons, mon père est en train de coller une partie des affiches sur les panneaux officiels des communes. Ma petite sœur s’y colle pas mal aussi. Mais c’est vrai qu’il n’y a pas la force de frappe militante rien que de par cette occupation de l’espace pour tracter. On n’a pas la même main d’œuvre. Il y a également un inconvénient financier. Il y a des partis politiques qui financent les campagnes, d’autres non. Je sais que, par exemple, chez les Verts, c’est sur apport personnel et après ils remboursent. Il est vrai que ces conditions m’apportent une petite préoccupation financière puisque si je ne fais pas 5%, les frais de campagne seront à ma charge.
Pour vous parler des avantages, je suis libérée de l’étiquette partisane. Il y a beaucoup de personnes qui sont blasées par la politique. La politique vraiment n’a plus la cote. D’après le baromètre du CEVIPOF, le centre de la vie politique de SciencesPo, qui est publié tous les 3 ans, 16% seulement des français font confiance aux partis politiques.
D’où votre promesse, votre slogan « vous donner l’envie d’aller voter » ?
Je ne dirais pas que c’est une promesse. Je dirais que c’est une ambition, un slogan, l’objectif de ma campagne. Je ne peux pas la promettre « cette envie de voter » car elle ne dépend pas de moi. Par ailleurs, quand on me demande: « Quelles sont vos promesses ? », je réponds rien. Finalement, je commence à en avoir quelques unes, mais bien évidemment que celles qui dépendent de moi.
Étant candidate à la députation, comment définiriez-vous le rôle de député ?
Le rôle de député est de représenter le territoire à l’Assemblée nationale d’une part. D’une part, pour moi, je pense qu’il y a une partie de cette fonction qui est sous exploitée par la plupart des députés actuels et les précédents à savoir qui est de faire redescendre la parole nationale au niveau du territoire. Il faut se justifier de ses votes, expliquer ce qui s’y passe… Je pense qu’il y a un gros travail de pédagogie, de concertation à mener avec les citoyens, qui n’est pas fait.
Quelle est votre vision politique de la seconde circonscription de la Corrèze ? Quels enjeux l’attendent pour demain ?
Je pense que les plus gros enjeux se portent sur la question des services publics. En effet, les campagnes se sont repeuplées avec la crise sanitaire. Je suis allée rencontrer le plus de maires possible, environ une cinquantaine et tous vous diront qu’ils avaient des maisons à vendre depuis 20 ans et qu’elles ont été vendues. Il y a donc eu une affluence de nouveaux habitants en Corrèze donc tant mieux. Sauf que, ces nouveaux habitants, il faut les garder, et en général, cela passe par la présence des services publics. Je trouve ainsi qu’il y a une énorme carence au niveau du réseau de transport. De plus, le réseau routier est dans un état pitoyable. Le réseau ferroviaire, que j’ai eu l’occasion de beaucoup fréquenter ces temps-ci, mérite aussi un commentaire. Sur par exemple des lignes comme Brive (-) Objat ou encore Brive (-) Biars-sur-Cère, ville où se situe l’usine Andros, si les partenariats entre la région Nouvelle-Aquitaine et la SNCF étaient mieux faits, il y aurait plus de personnes qui prendraient le train pour aller travailler ou venir en centre ville de Brive.
Je pense qu’il faut donc développer les transports et les repenser. Le transport est un service public à mon sens. Ce commentaire est aussi valable pour l’axe Beaulieu-sur-Dordogne (-) Biars-sur-Cère qui est un cœur économique basé entre la Corrèze et le Lot. Le département y a fait une route magnifique, très belle et très large mais a aucun moment le département n’a pensé à y faire de pistes cyclables alors qu’il y a de la place pour un créer une. Je suis sûre que si je demandais à Monsieur Pascal Coste ( NDLR : Président du Conseil Départemental de la Corrèze ) pourquoi ce choix, il me répondrait qu’il n’y avait pas de demande. Sauf qu’en fait, le but des pouvoirs publics et de créer l’offre pour susciter la demande. Le citoyen fait beaucoup mais on élit des gens pour qu’ils aient une vision du futur et d’anticipation en général, parfois elle manque. Il faut également réussir à attirer plus de médecins en Corrèze et contrairement à Nicolas Brousse ( NDLR : Candidat pour la majorité présidentielle en Corrèze, sur la même circonscription que Lise Quillot ), pour moi il est hors de question qu’on oblige les jeunes médecins à faire une quatrième année d’internat pour les obliger à venir s’installer en zone rurale. Ce n’est pas aux jeunes générations de payer les errances du passé. On n’oblige pas les gens. De plus, ceux qui pensent que comme les études de médecine sont payées par l’État donc ils leur doivent quelque chose, c’est parce qu’il n’ont jamais fréquentés un internat de médecine. Ma sœur a été interne en médecine, elle était chef de clinique et elle bossait 70 heures par semaines pour 3 euros 40 de l’heure, ce qui est dérisoire ! Je pense donc qu’ils rendent largement à la société ainsi, il ne faudrait pas trop tirer sur la corde.
La thématique de la jeunesse est la grande oubliée de cette campagne autour des élections législatives. Les médias n’ont pas pris le temps d’aborder cette thématique. Au travers de vos expériences, quel est votre avis sur ce choix ?
Alors, cyniquement, on pourrait dire : « Qu’est ce qu’on s’en fout de la jeunesse, ce n’est pas eux qui votent ! ». Je pense que c’est pour cela que c’est la grande oubliée des discours médiatiques. Qui vote ? Ce sont les personnes de plus de 50 ans, voire de plus de 65 ans. C’est cette part de la population qui se mobilise. Donc, cyniquement, le personnel politique, s’il a un temps de parole limité, il va le prendre pour parler à ces catégories de personnes qui vont voter. Pour moi, cela est l’explication à votre question.
En fait, c’est terrible parce qu’on a une jeunesse qui est en grande souffrance et qui a énormément souffert avec la Covid, et qui souffrait déjà beaucoup aussi je pense. C’est également la première génération qui est vraiment née avec un portable dans les mains et pour laquelle la vie virtuelle a quasiment autant d’importance, d’impact que la vie réelle. C’est vrai que je pense que les jeunes sont très mal accompagnés sur ce sujet. On a des jeunes qui sont assez désorientés.
Lorsque vous étiez enseignante, vous avez été amenée à côtoyer des jeunes étudiants, plus particulièrement des collégiens, à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis. Quelles sont, selon vous, les préoccupations des étudiants?
Je pense que beaucoup d’étudiants, environ plus de la moitié, ont travaillé pour payer leurs études. Personnellement, j’ai eu la chance de ne pas avoir à me préoccuper de ce que j’allais manger le soir, de la où j’allais dormir etc. Et je pense que c’est en grande partie pour cela que j’ai une scolarité réussie. Je vivais dans un appartement décent mais cela n’a pas toujours été le cas puisqu’il m’est arrivé de vivre dans des taudis. Plus par manque d’anticipation, je le concède mais cela m’est arrivé. Je pense qu’il faut se poser la question de la précarité des jeunes. Ensuite, d’un point de vue du monde du travail, la projection qu’ils font sur les jeunes est qu’ils s’engagent pour une courte durée. Ma génération a commencé à rentrer dans cette dynamique et nous ne sommes pas une génération où, comme celle de nos parents, on ne rentre pas dans une usine, dans une entreprise pour y faire carrière et y gravir les échelons. L’autre jour, je lisais un document qui évoquait le point de vue de l’entreprise sur les jeunes et qui essayait d’expliquer, de parler du manque de loyauté des jeunes.
Nos parents étaient loyaux, nous ne le sommes pas. C’est donc une question de loyauté pour eux mais je pense simplement que les jeunes aspirent à de la mobilité et j’en suis un exemple concret. Tous les deux ans, j’ai besoin de changer de métier.
De plus, je pense que les jeunes sont de moins en moins matures, voire matures plus tard et qu’à 18 ans. Quand on doit choisir son avenir sur ParcourSup qui est un système tellement injuste surtout quand on est dans un collège/lycée à Aubervilliers et qu’on a vu le fonctionnement de cette plate-forme, on se pose des questions. Surtout quand seulement 10 étudiants du lycée ont obtenu une affectation provisoire au bout de 3 semaines… Faire un choix où on a l’impression qu’il est déterminent pour notre avenir, je pense que c’est trop tôt. Contrairement à nos voisins allemands ou des pays nordiques, on n’encourage pas du tout les jeunes à se découvrir, à travailler avant de faire des études. Si j’étais députée, c’est l’un des points sur lesquels j’aimerais insister, c’est de mettre en place des années de césure et surtout une année de césure entre le bac et le moment où on choisit son avenir. Moi-même j’ai fait une année de préparation pour avoir le temps de réfléchir à ce que je voulais réellement faire. Il faut cependant avoir le luxe d’avoir des parents qui ne sont pas dérangés par le fait que vous fassiez 6 ans d’études et non 5.
Si vous êtes élue députée de la seconde circonscription de la Corrèze à l’issue des deux scrutins, quelles propositions de lois à destination de la jeunesse soumettrez-vous au vote de l’Assemblée Nationale ?
Pour moi, il y a jeune et jeune. Il y a tout d’abord les enfants, et là où pour moi, il y a une grosse carence de l’État et des services publics à l’heure actuelle, c’est sur la question de la médecine scolaire. De mon expérience de professeure, quand on a des enfants dont les besoins primaires et vitaux ne sont pas satisfaits, vous n’allez pas transmettre l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir. C’est impossible. Ainsi, si on veut prendre soin des enfants, il faut prendre soin d’eux là où ils sont et ils sont à l’école. Ceci est valable pour la prime jeunesse.
Ensuite, concernant les jeunes de 17-18 ans qui s’apprêtent à entrer dans la vie d’adulte, il faudrait leur dire qu’ils ont le droit à l’erreur, on a le droit de prendre du temps mais il faut que l’organisation de la société et des études permettent cela. Donc il faudrait plus de licences en 4 ans. Dans le cas des bacheliers pro, je pense qu’ils doivent avoir le choix de pouvoir avoir un diplôme professionnalisant pour qu’ils puissent être employables à leur sortie du bac, soit d’avoir la possibilité d’aller à l’Université. Pour l’instant, les bacheliers pro sont dans la double peine.
Que pensez-vous donc de la politique d’Emmanuel Macron à destination de la jeunesse et des actions de Jean-Michel Blanquer lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale ?
La jeunesse a complètement été délaissée. ParcourSup est une hérésie. On a vu des jeunes dans une précarité immense durant la Covid. L’opposition dans sa niche parlementaire a voulu mettre en place un RSA jeune, peut-être que ce n’est pas la panacée mais en attendant cela a été refusé pour des raisons idéologiques. À savoir que « l’on ne fait pas de l’assistanat à 16 ans ». Autant vous dire qu’on laisse des jeunes sur le carreau pour des raisons idéologiques et des jeunes qui auraient besoin d’un filet de sécurité. Je vois cette proposition de l’opposition comme cela.
Les mesures pour les jeunes ont également été les grandes absentes. Hormis 400 euros pour s’acheter des mangas… Ce qui est déjà bien mais largement pas suffisant selon moi. On est dans une ville où Monsieur Soulier, le maire de Brive-la-Gaillarde, veut ouvrir les commerces le dimanche pour permettre aux étudiants d’avoir un job à côté de leurs études. L’idéologie elle est là, c’est faire bosser les jeunes le dimanche plutôt que de leur permettre de réussir leurs études en ayant du temps à consacrer à leurs enseignements et leurs apprentissages.
Je pense que la politique d’Emmanuel Macron à destination de la jeunesse a tenu à cela. En tout cas sur la politique de Jean-Michel Blanquer, une fois de plus, on nous a fait des réformes sous couvert de bonnes intentions, de décloisonner les bacs etc. Dans les faits, c’était une réforme comptable, comme toute réforme de l’Éducation nationale. On sent que cela me met en colère quand j’ai le ton qui commence à monter quand j’en parle. Ce qui s’est passé, c’est qu’en plaçant les mathématiques non obligatoires en terminale, en deux ans de cette réforme, on a perdu 20 ans sur l’investissement en mathématiques des filles. Comme les filles sont moins poussées par les parents et par la société, ce qui relève d’un fait culturel, elles ont eu beaucoup plus tendance à abandonner les mathématiques en terminale, donc nous sommes revenus 20 ans en arrière. Cela veut dire que nous avons deux promotions de filles qui iront beaucoup moins dans les écoles d’ingénieurs, les prépas etc. On n’aura beaucoup moins de femmes ingénieures, de femmes avec des carrières longues donc on va avoir encore avoir, une fois de plus, un écart de salaire entre les hommes et les femmes qui sera colossal. Parce que les gens qui pensent que les écarts de salaires, c’est parce qu’on n’est pas payé à salaire égal, c’est en effet une variable de ce problème, mais cela s’explique surtout par les différences de carrières. Nous avons donc de nouveau des carences et cela me met profondément en colère. Honnêtement, je n’ai rien de positif à dire sur Jean-Michel Blanquer…
Ayant été professeure sous Jean-Michel Blanquer, je suis allée manifester contre la réforme de lycée. Je tiens à dire que les gens s’imaginent que lorsque les profs vont manifester, c’est pour garantir leurs petits avantages et demander des augmentations de salaires. Cela est faux. 90% du temps, lorsque les profs vont manifester, c’est parce qu’ils connaissent les conséquences de ces réformes sur la jeunesse et qu’ils ne veulent pas de celles-ci.
Dans un second temps, quelle est votre réaction à la nomination de Pap N’Daye au ministère de l’Éducation ?
Concernant cette nomination, écoutez, il à l’air d’être un académicien brillant et qui a tenu des positions à l’opposé de celles de Jean-Michel Blanquer. Si nous reparlons de Jean-Michel Blanquer et de cette chasse au « wokisme », un mot qui n’existe pas, une idéologie qui n’existe pas… Je crois que lui aussi a dû parler « d’islamo-gauchisme », il incarne selon moi la négation de la pensée. On parle de concepts piqués à l’extrême droite et qui plus est, ne sont jamais définis pour ne pas parler du fond du sujet… Au moins Pap N’Daye a le courage de dire qu’il y a des violences policières, qu’il y a une forme de racisme systémique donc sur ce point-là, de se dire que l’on a enfin quelqu’un au gouvernement qui va pouvoir enfin parler de violences policières, c’est une bonne nouvelle. En revanche, j’ai peur que cela se passe comme pour Nicolas Hulot mais sans les affaires de viols on l’espère, c’est-à-dire qu’il se rendre compte dans 6 mois qu’il sera pieds et poings liés, qu’il ne peut rien faire et qu’il démissionnera.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la jeunesse et quels conseils donneriez vous à un jeune qui serait désireux de s’engager en politique ?
Il y a 10 jours, j’ai été invitée au Lycée Renoir à Limoges, par l’association Open Vox, qui est, il me semble, l’association du Parlement Européen des Jeunes. Ils y ont invité des jeunes qui avaient fait la Journée de l’engagement. Il y avait le SNU et différentes associations de jeunes mais aussi d’autres associations telles que Amnesty International ou l’Unicef par exemple. Le but de cet événement était d’essayer d’expliquer aux jeunes comment ils pouvaient s’engager. Parce que, malheureusement, et ce n’est pas un reproche que je leur fait parce qu’ils n’y sont pour rien, je pense que les réseaux sociaux et le fait qu’on scroll, même si cela apporte beaucoup de savoirs, fait que l’on est dans une attitude passive. Ils apprennent donc de manière passive, ils ne font pas l’effort d’aller chercher. Je pense donc qu’il va falloir prendre les jeunes par la main pour beaucoup de choses…
Ce que j’ai tenu à leur dire pendant cet événement, c’est que pour avoir rencontré des jeunes du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) et du Mouvement des Jeunes Communistes (MJC), il permettent une construction intellectuelle qui est très intéressante dans ce que les partis politiques peuvent apporter en terme d’ouverture d’esprit et de formation à la prise de parole. Je pense que c’est une très bonne école et que même si on finit par quitter le mouvement, cela mérite qu’on y aille.
Quel est votre avis sur les initiatives comme CSactu de proposer un journal pour les jeunes, fait par des jeunes ?
Il faut que des initiatives comme la vôtre existent. Il est vrai que la plupart des médias ne s’intéressent pas aux jeunes. Il y a quelques initiatives. On pourrait dire que Brut est aussi une forme différente de faire du journalisme. Je pense que cela soit fait par des jeunes justement permet de mettre leurs préoccupations au centre du débat alors que dans le journalisme classique, même quand on parle des jeunes, c’est du point de vue de quelqu’un qui ne l’est plus. Le fait que des jeunes se saisissent des sujets qui les intéressent, je trouve cela formidable !
Pour clore cette interview, il y aurait-il un point non abordé durant l’interview sur lequel vous voudriez réagir ?
Oui et il y a toujours quelque chose à dire de toute façon, c’est bien le but d’un politicien !
Ce serait un message à destination des personnes qui pensent que ma candidature ferait de la concurrence à l’union des gauches. S’il y a bien une chose que l’histoire politique nous enseigne, c’est que ce n’est pas parce qu’on réunit deux personnes que les intentions de vote s’additionnent. Quand Yannick Jadot (NDLR: Europe Écologie Les Verts ) s’est rangé derrière Benoît Hamon ( NDLR : Génération.s ) pour les élections présidentielles en 2017, ils ont fait un score largement inférieur à celui qu’ils faisaient séparément. Ce n’est pas parce que les partis politiques décident, que les citoyens suivent. Ainsi, ce que je propose, ce n’est pas tellement de la concurrence, c’est d’élargir l’offre politique. On a la moitié des gens, il y a 5 ans, qui ne sont pas allés voter aux dernières élections législatives alors qu’il y avait 15 partis en lice. Par cette candidature sans étiquette, je veux proposer autre chose. Même si elle est de gauche, la gauche est une boussole, ce n’est pas un étendard pour moi ! Je veux proposer un autre regard sur la politique pour ceux qui ne se reconnaissent pas ailleurs et cela peut être ailleurs à gauche, ailleurs au centre, ailleurs à droite. Je me suis donné à fonds pour cette campagne. J’ai fait 950km en vélo, je suis allée partout pour montrer qu’il fallait plutôt de la détermination que des idéologies !