Histoire des Îles Marquises
Les Îles Marquises, également appelées « la terre des humains », font partie de l’archipel de la Polynésie française. Ce territoire est riche d’une histoire vieille de plus de 2 000 ans. La population marquisienne descend principalement de Polynésiens venus s’y installer entre 150 avant J.-C. et 100 après J.-C.
Au fil du temps, les Marquisiens ont développé une culture unique marquée par un art raffiné, un tatouage emblématique et une langue propre. Leurs traditions culturelles ont été profondément influencées par leur isolement géographique et leurs contacts limités avec d’autres civilisations. Les chercheurs estiment que les ancêtres des Polynésiens ont migré depuis l’Asie du Sud-Est il y a environ 3 000 ans. Ces migrations ont conduit à la colonisation de nombreuses îles du Pacifique Sud, dont les Îles Marquises.
Cependant, l’arrivée des Européens a marqué un tournant majeur. Les îles furent découvertes en 1595 par le navigateur espagnol Álvaro de Mendaña, missionné par le roi Philippe II d’Espagne pour découvrir de nouvelles terres dans le Pacifique Sud et y établir des colonies. Mendaña nomma les îles en l’honneur de sa femme, « la Marquise de Mendoza ».
Les premiers contacts entre les Marquisiens et les Espagnols furent souvent conflictuels. Des affrontements éclatèrent notamment lorsque les Espagnols tentèrent de convertir les Marquisiens au christianisme. La découverte de Mendaña ouvrit la voie à une exploration européenne plus large de l’archipel et de la Polynésie en général, ce qui eut de lourdes conséquences pour le peuple marquisien.
Une détérioration progressive du territoire
Plusieurs explorateurs célèbres, tels que James Cook, Paul Gauguin, Thor Heyerdahl, Robert Louis Stevenson, Jacques-Antoine Moerenhout, William Bligh, Joshua Slocum, William Ellis et Yosihiko Sinoto, visitèrent les îles. Leurs passages successifs contribuèrent à menacer la survie de la population marquisienne.
En effet, les maladies importées par les Européens (grippe, variole, tuberculose) provoquèrent de véritables épidémies, décimant une grande partie de la population. La colonisation européenne entraîna également une acculturation forcée, causant la perte de nombreuses pratiques culturelles traditionnelles. Les missionnaires interdirent certaines pratiques culturelles, comme le tatouage ou les rituels funéraires, jugés « païens », et poussèrent les Marquisiens à adopter les coutumes et croyances européennes.
La main-d’œuvre locale fut exploitée dans les plantations et les mines des colons européens, ce qui eut des conséquences néfastes sur leur santé physique et mentale. Par ailleurs, des guerres tribales éclatèrent, causant de nombreuses pertes humaines et facilitant la propagation de maladies. De plus, certaines pratiques culturelles associées aux rites funéraires et aux tatouages furent perçues comme des facteurs de transmission de maladies infectieuses, comme la tuberculose.
La surpopulation dans certaines zones, liée aux conditions de vie précaires, compliqua la subsistance des habitants, conduisant à des famines et des épidémies. Enfin, la dégradation de l’environnement (notamment par la déforestation et la surpêche) eut un impact négatif sur la subsistance des habitants et la disponibilité des ressources alimentaires.
Pourquoi les Îles Marquises ont-elles été inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO ?
L’inscription des Îles Marquises au patrimoine mondial de l’UNESCO repose sur plusieurs critères d’exceptionnalité culturelle et naturelle.
Un archipel exceptionnel
Les Îles Marquises sont isolées de tout continent, ce qui en fait un haut lieu de conservation de la biodiversité terrestre et marine du Pacifique. Elles abritent notamment un assemblage d’oiseaux marins parmi les plus diversifiés du Pacifique Sud.
Les eaux marquisiennes sont considérées comme l’une des dernières aires marines sauvages de la planète, abritant plus de 40 espèces emblématiques, dont des raies, des requins et des dauphins.
Un patrimoine culturel unique
Les Îles Marquises témoignent de la capacité d’adaptation remarquable de leurs premiers habitants venus de Polynésie occidentale autour de l’an 1 000.
L’isolement géographique a permis le développement d’une culture distincte et uniforme, caractérisée par de nombreux éléments : l’organisation territoriale des chefferies, le développement des arts lithiques (sculpture sur pierre), et une architecture monumentale inspirée par l’environnement naturel.
Préservation du patrimoine
La préservation du patrimoine marquisien a été rendue possible grâce à plusieurs décennies d’engagement de la part des Marquisiens eux-mêmes. Les associations locales ont joué un rôle essentiel dans la défense de leur patrimoine culturel et naturel.
Désormais, les acteurs impliqués s’engagent à poursuivre les actions de préservation de l’archipel. Le plan de gestion du site fixe des ambitions collectives pour les 15 prochaines années et des engagements partagés à l’échelle internationale.
Les retombées de l’inscription à l’UNESCO
L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO a plusieurs effets bénéfiques. Tout d’abord, la protection du patrimoine naturel et culturel : les sites culturels et naturels des Marquises bénéficient de mesures de conservation renforcées.
Également, le tourisme durable : l’UNESCO attire des touristes, mais cette inscription encourage un tourisme responsable et respectueux de l’environnement et des coutumes locales.
Le soutien financier : l’inscription permet de bénéficier de financements internationaux pour la préservation du site
Enfin, une fierté culturelle : cette reconnaissance mondiale renforce l’identité culturelle des Marquisiens et soutient la transmission des savoirs aux générations futures.
En résumé, les Îles Marquises sont un joyau du patrimoine mondial. Leur histoire riche et tragique témoigne de la résilience des Marquisiens face à la colonisation, aux épidémies et aux transformations culturelles forcées. Leurs paysages naturels uniques et leur héritage culturel millénaire justifient pleinement leur inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette reconnaissance permet de protéger un patrimoine inestimable, de soutenir un tourisme durable et de redonner aux Marquisiens la fierté de leurs racines culturelles.