LIBERTY MEDIA : SYMBOLE DE L’APPÉTIT SPORTIF AMÉRICAIN
Fondé en 1994 par John C. Malone, alors directeur de la Tele-Communications Incorporation (TCI), l’un des principaux opérateurs de la télévision américaine de l’époque. Connu pour ses négociations agressives qui lui vaudront le surnom de “Dark Vador” de la part d’Al Gore, vice-président des Etats-Unis sous l’administration Clinton, Malone parvient à récupérer en 2008, l’ensemble des actions de son entreprise jusqu’alors détenu par le groupe australien, News Corporation.
Le groupe est aujourd’hui dirigé par Greg Maffei et est propriétaire de nombre de d’entreprises dans le milieu des médias sportifs comme SiriusXM, Live Nation Entertainment ou encore la chaîne de télévision STARZ. De même, le groupe est propriétaire des Atlanta Braves, l’une des équipes de baseball les plus connues aux Etats-Unis. Enfin, son fondateur John Malone est également propriétaire de Discovery Communication, lui-même propriétaire d’Eurosport.
Gagnant en visibilité et en influence, le groupe américain s’intéresse rapidement aux compagnies médiatiques en charge des sports les plus à la vogue. Grâce à ces investissements stratégiques, le magazine Forbes estime la valeur du groupe Liberty Media en 2023 à hauteur de 18.22 milliards de dollars (16.86 milliards d’euros), le qualifiant comme “empire sportif” : groupe évoluant dans un marché du sport estimé à 489 milliards de dollars à l’international et dont le seul marché américain représente près du quart.
LIBERTY MEDIA ET LA FORMULE 1
En septembre 2016, Liberty Media acquiert 18.7% du Formula One Group avant de devenir pleinement propriétaire en janvier 2017 pour un montant de 8 milliards de dollars. Dès son arrivée à la tête de la franchise, le groupe a affiché son ambition de mener une politique fondée sur six points structurants : la course, l’interaction, la performance, la responsabilité, les partenariats et l’implication des salariés.
Liberty Media a notamment contribué au développement d’une couverture de la Formule 1 dans presque toutes les langues et ce dans plus de 180 pays. De même, le groupe a massivement développé les réseaux sociaux de la discipline ainsi que la signature de sponsors, rendant la catégorie reine des sports automobiles toujours plus attractive.
La stratégie de Liberty Media pour la Formule 1 s’est notamment axée autour de la diversification géographique. Depuis l’acquisition en 2017, pas moins de cinq nouveaux Grand Prix ont été ajoutés au calendrier : Azerbaïdjan (2017), Arabie Saoudite (2021), Qatar (2021), Miami (2022) et Las Vegas (2023). Il faut également ajouter la stratégie Zéro Carbone 2030 entretenue par le groupe, caractérisée par la volonté de faire de la F1, un sport neutre en carbone d’ici six ans. Pour le moment, cette stratégie passe par une plus grande proximité géographique entre les Grand Prix, pour limiter les déplacements matériels par avion.
La couverture des médias a également été révisée. Le groupe a très rapidement cherché à permettre au téléspectateur d’évoluer dans le paddock, avec l’augmentation du nombre de prises de vue dans les garages ou sur la voie des stands, mais également en encourageant les écuries à se dévoiler sur leurs réseaux sociaux. Mais la plus grande réussite de Liberty Media autour de la Formule 1 reste sa politique de “storytelling” caractérisée par la série “Drive to Survive” disponible sur la plateforme Netflix depuis 2019. Cette série a permis de toucher plus de 230 millions de personnes ainsi que de rajeunir la moyenne d’âge des spectateurs.
Avec tous ces éléments, selon les données de la FIA publiées en 2021, la Formule 1 a vu ses audiences augmenter de 48% en France, 39% au Royaume-Uni, 40% en Italie, 58% aux Etats-Unis et 81% aux Pays-Bas. Ces résultats font du Championnat de Formule 1, le dixième évènement sportif le plus regardé au monde en 2021, avec un chiffre d’affaires de 3.22 milliards de dollars.
QUELLES OPPORTUNITÉS POUR LE MOTOGP ?
Après un mois de rumeurs au sein du paddock, l’acquisition de 86% de Dorna Sports par Liberty Media est désormais officielle pour un montant estimé de 4.6 milliards de dollars. Bien que l’acquisition sera finalisée d’ici la fin de l’année 2024, les actuels propriétaires du MotoGP ont tenu à conserver leur part du gâteau soit 14%.
Carmelo Ezpeleta, CEO de Dorna Sports n’a pourtant jamais caché que son groupe était à vendre en précisant : “Les actionnaires majoritaires de Dorna sont des fonds d’investissement qui achètent des choses pour les revendre, et nous avons toujours été à vendre depuis le premier jour. Aujourd’hui c’est pareil. Aujourd’hui, nous le sommes comme nous l’avons toujours été.” Le patron du MotoGP a d’ores et déjà annoncé que la direction de son groupe répondra à l’ensemble des interrogations soulevées par cet accord lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre du Grand Prix des Amériques à Austin, le 11 avril prochain.
Dans un communiqué, Greg Maffei n’a pas caché ses ambitions envers le MotoGP : “Nous sommes ravis d’élargir notre portefeuille de Championnats et de divertissements avec l’acquisition du MotoGP […] Carmelo [Ezpelezta] et son équipe dirigeante ont mis un excellent Championnat sportif que nous pouvons faire grandir auprès d’un public international plus grand.” Ezpeleta a quant à lui ajouté : “Nous sommes fiers du support mondial que nous avons développé, et cette transaction est un témoignage de la valeur du sport aujourd’hui et de son potentiel de croissance. Liberty Media a un incroyable historique dans le développement d’actifs sportifs et nous ne pourrions pas souhaiter meilleur partenaire pour étendre la base de fans de MotoGP dans le monde entier.”
Cet achat confirme la volonté des investisseurs en provenance des Etats-Unis de développer le MotoGP sur leur sol, dans un marché estimé à plus de 100 milliards de dollars. En effet, la catégorie reine avait déjà vu arriver l’écurie Trackhouse Racing pour la saison 2024 en remplacement de RNF Aprilia, dont l’objectif assumé était de populariser ce sport sur le sol Américain.
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Mais l’arrivée de Liberty Media à la tête est également synonyme d’évolutions pour le MotoGP. Nombre de fans espère voir un développement aussi spectaculaire qu’à connu la Formule 1 depuis 2017 avec l’arrivée de nouveaux circuits à travers le globe. Certaines rumeurs de projets entretenus par Liberty Media circulent déjà et notamment celle de la réalisation d’une série sur le modèle de “Drive to Survive” en lien avec Netflix, uniquement dédiée au MotoGP. Le MotoGP avait déjà fait l’objet d’une série par Amazon Prime, mais le projet a été abandonné au terme d’une seule saison, laissant ainsi le champ libre au groupe de Greg Maffei.
Toutefois, l’acquisition des droits par Liberty Media reste soumise à l’approbation de l’Union européenne. L’entité politique avait déjà désapprouvé la première tentative de CVC Capital Partners d’acquérir la Formule 1 en 2006. Greg Maffei, épaulé par Renee Wilm, responsable juridique de Liberty Media se sont déclarés confiants et s’apprêtent à soumettre leur dossier auprès de l’UE, mais également au Royaume-Uni, au Brésil, à l’Australie, à l’Espagne et l’Italie. Ceci, dans l’optique d’obtenir une autorisation rapide.