Jour 1 : L’Europe intraitable
Pour la première fois dans l’histoire de la Ryder Cup, les Européens ont réalisé un sans-faute dans la session d’ouverture en foursomes. Le Marco Simone Golf & Country Club a été le témoin d’une performance collective hallucinante, qui a vu les quatre doublettes bleues l’emporter sur leurs adversaires. Affichant un niveau de jeu irréel dans cette formule réputée la plus exigeante, les paires établies par Luke Donald se sont imposées les unes après les autres, offrant au Vieux Continent un 4-0 inédit de ce côté-ci de l’Atlantique, puisque seuls les Américains avaient réussi, à trois reprises depuis 1927, un tel exploit.
Les associations désignées par le capitaine européen ont fait merveille, à l’image de Jon Rahm et Tyrrell Hatton, vainqueurs 4&3 de Scottie Scheffler et Sam Burns. Même punition dans le match n° 2 infligée par Viktor Hovland et Ludvig Åberg, aux dépens de Max Homa et Brian Harman. Et si les deux autres rencontres ont été plus serrées, elles se sont également conclues par une victoire européenne : d’abord celle de Shane Lowry et Sepp Straka, 2&1 contre Rickie Fowler et Collin Morikawa ; puis celle de Rory McIlroy et Tommy Fleetwood, sur le même score contre Xander Schauffele et Patrick Cantlay.
Dans l’après-midi, consacrée aux quatre-balles, une réaction des Américains était évidemment attendue. Et elle a bien eu lieu, puisque les hommes de Zach Johnson ont joué à leur meilleur niveau dans cette formule réputée pour être leur favorite. Mais l’Europe, portée par quelque 45 000 fans en liesse, n’a rien lâché et a répondu coup pour coup, en particulier sur les derniers trous du parcours, quand cela comptait le plus. Virtuellement assurés d’un point supplémentaire par le départ canon de Rory McIlroy et Matthew Fitzpatrick – l’Anglais a aligné quatre birdies et un eagle du 2 au 6, le Nord-Irlandais a ajouté un birdie au 7 pour faire bonne figure – les Européens se sont finalement débarrassés de Collin Morikawa et Xander Schauffele au 15, sur le score sans appel de 5&3.
Dans les trois premiers matchs, l’Europe a écrit un scénario exceptionnel, à grands coups de chips rentrés et de putts d’anthologie, pour empêcher les États-Unis de remporter le moindre point, et s’offrir trois matchs nuls cruciaux. Tyrrell Hatton et Viktor Hovland ont privé Jordan Spieth et Justin Thomas d’une nouvelle victoire ensemble en revenant de 2 down après 13 trous ; Jon Rahm et Nicolai Højgaard ont écœuré Scottie Scheffler et Brooks Koepka grâce à un eagle de l’Espagnol au 18 ; et enfin Justin Rose et Robert MacIntyre ont été récompensés de leurs efforts face à Max Homa et Wyndham Clark grâce à un ultime de l’Anglais sur le dernier green.
Jour 2 : L’Europe maintient l’écart sous tension
Après la déroute infligée aux Américains lors de la première journée (6,5 à 1,5), l’Europe pouvait remporter la Ryder Cup dès ce samedi, à condition de gagner les huit rencontres. Si le début de journée a un temps laissé croire à un tel scénario, la réaction américaine l’a toutefois empêché. Pourtant, les hommes de Luke Donald ont rapidement engrangé des points lors des foursomes matinaux, notamment grâce à Viktor Hovland et Ludvig Åberg, vainqueurs expéditifs de Scottie Scheffler et Brooks Koepka, avec un score de 9&7 surpassant tous ceux enregistrés lors des 43 premières éditions !
Derrière, Rory McIlroy et Tommy Fleetwood ont fait le job en dominant Justin Thomas et Jordan Spieth 2&1, tout comme Tyrrell Hatton et Jon Rahm face à Patrick Cantlay et Xander Schauffele sur la même marque. Néanmoins, les USA ont remporté leur première victoire de la semaine dans le 3e foursome, grâce à Max Homa et Brian Harman, victorieux 4&2 face à Shane Lowry et Sepp Straka. Avec un total de 9,5 à 2,5, l’Europe restait encore largement en tête à la pause-déjeuner.
Dans l’après-midi, les boys de Zach Johnson ont enfin pris le dessus sur leurs adversaires, dans une session de quatre-balles remportée 3 à 1. Impériaux dans la matinée, Hovland et Åberg ont subi la loi de Sam Burns et Collin Morikawa, nets vainqueurs 4&2. L’issue du deuxième match a également tourné en faveur des visiteurs lorsque Homa et Harman sont venus à bout de Fleetwood et Nicolai Højgaard, 2&1, malgré une résistance tardive du duo anglo-danois.
Et si Justin Rose et Robert MacIntyre ont permis à l’Europe de franchir le cap des 10 points en enlevant leur match 3&2 contre Thomas et Spieth, la dernière rencontre est allée jusqu’au 18, où deux putts assassins au 17 et au 18 de Cantlay, associé à Wyndham Clark, a permis aux USA de s’imposer 1 up contre McIlroy et Matthew Fitzpatrick. Avec cette défaite sur le fil, l’Europe a donc conclu cette journée de samedi sur un score de parité, 4-4, et conserve donc son avantage de cinq points avant les simples.
Juste après sa défaite dans le quatre balles avec Matthew Fitzpatrick, Rory McIlroy s’est emporté avec le caddie de Patrick Cantlay, Joe Lacava sur le parking du Marco Simone Golf Club & Country club. Une scène captée par les caméras qui faisait suite à de premières tensions sur les greens de la Ryder Cup 2023.
Jour 3 : Une victoire au bout du suspense
Si le score final de 16,5 à 11,5 peut laisser penser que la victoire européenne, ce dimanche au Marco Simone Golf & Country Club, fut aisée, la réalité de ce qui s’est passé sur le terrain est tout autre. Le Vieux Continent, fier d’une avance de cinq points à l’issue des doubles (10,5 à 5,5), a dû batailler comme rarement pour récupérer le mythique trophée laissé aux Américains il y a deux ans à Whistling Straits. Portés par un public exceptionnel, les hommes de Luke Donald ont puisé au plus profond d’eux-mêmes pour arracher les quatre petits points qu’il leur manquait au départ ce matin, mais Dieu que ce fut difficile !
Les premiers simples ont rapidement permis aux Bleus de se rapprocher de leur objectif de 14,5, grâce à la nette victoire de Viktor Hovland sur Collin Morikawa, puis à l’égalité arrachée par Jon Rahm face à Scottie Scheffler. Mais le come-back made in USA tant redouté a bel et bien eu lieu, sous l’impulsion de Patrick Cantlay et Max Homa, les deux meilleurs joueurs de la team de Zach Johnson cette semaine. Et si Rory McIlroy puis Tyrrell Hatton ont placé les leurs au seuil de la victoire en remportant leur duel, la vague rouge de la deuxième moitié du tableau de score a longtemps, très longtemps, retardé l’échéance.
Brooks Koepka, Justin Thomas et Xander Schauffele ont en effet apporté chacun un point à l’Amérique, retardant l’échéance et faisant douter les fans romains. Mais un drive parfait de Tommy Fleetwood au 16, suivi d’un putt pour eagle laissé à 50 cm du trou, a fini par avoir raison de la résistance américaine : en validant à ce moment-là le demi-point qui manquait, l’Anglais a définitivement libéré ses coéquipiers, son capitaine Luke Donald et tout un continent ! Conclue sur le score de 16,5 à 11,5, cette 44e Ryder Cup de l’histoire a donc basculé en faveur des locaux, qui l’ont emporté pour la 15e fois – la 12e en 22 éditions depuis que l’Europe continentale a rejoint la Grande-Bretagne et l’Irlande, en 1979.