L’Europe ou la Russie : qui sera le meilleur allié ?

Depuis le 26 octobre, la Géorgie est en proie à de fortes manifestations. La cause ? La victoire du président pro-russe Mikheïl Kavelashvili, du parti Rêve géorgien, qui rend difficile tout espoir de rapprochement avec l’Union Européenne. Il a été investi à huis clos le dimanche 29 décembre. Le pays a beau être uni dans la volonté de se rapprocher de l’Union européenne, il est partagé en deux sur la question des relations avec la Russie. 

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Алексей Вечерин, Pexels.com
Алексей Вечерин, Pexels.com

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Europe est à flots face à la menace russe. La Géorgie, la Roumanie et la Moldavie, trois pays de l’ex-Union Soviétique, sont en proie aux mêmes doutes. Ces pays sont tiraillés entre le rêve d’une protection européenne ou un rapprochement stratégique envers la Russie. Manifestations, corruption, élections truquées et guerres de pouvoir, comment choisir son avenir ?

En Géorgie, les tensions montent après un résultat surprise aux élections

Depuis le 26 octobre, la Géorgie est en proie à de fortes manifestations. La cause ? La victoire du président pro-russe Mikheïl Kavelashvili, du parti Rêve géorgien, qui rend difficile tout espoir de rapprochement avec l’Union Européenne. Il a été investi à huis clos le dimanche 29 décembre. Le pays a beau être uni dans la volonté de se rapprocher de l’Union européenne, il est partagé en deux sur la question des relations avec la Russie. 

Des élections controversées 

224 voix sur 225. Le Parlement pro-russe a tranché lors de l’élection présidentielle du 14 décembre 2024 pour le candidat aux positions ultraconservatrices et anti-occidentales. Pour la première fois de l’histoire, le président n’a pas été élu au suffrage universel direct mais par un collège d’électeurs, contrôlé par le parti au pouvoir, Rêve géorgien. Le parlement, composé de 300 grands électeurs, a été renouvelé le 26 octobre 2024 par des élections législatives qui ont donné la majorité (54%) au parti Rêve géorgien. Ce 14 décembre, l’opposition a décidé de s’abstenir au moment de désigner le futur président.

Cette victoire est jugée « illégitime » par la présidente sortante, Salomé Zourabichvili, qui se considère comme la « seule présidente légitime » du pays. Elle a également qualifié la désignation du président de « parodie ».

En effet, les élections législatives d’octobre ont été accusées de fraudes. L’ONG My Vote, une mission d’observation locale réunissant des dizaines d’organisations de la société civile géorgienne, a déclaré que ces résultats « ne reflètent pas les choix de la population géorgienne ». Ils dénoncent, entre autres, un bourrage d’urnes, le pré remplissage de bulletins, des « emprunts » de cartes d’identités et des violences. 

Un recomptage des voix a eu lieu, confirmant le vote. Cela s’explique car « le pays, uni dans la volonté de se rapprocher de l’Union européenne, est partagé en deux sur la question des relations avec la Russie, le parti Rêve géorgien étant pour le maintien de relations apaisées avec Moscou et l’opposition souhaitant une rupture marquée et un tournant radical vers l’Occident » analyse, Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS, ancien ambassadeur de France en Russie et spécialiste de la Russie et son environnement régional.

Une forte volonté de rapprochement avec l’UE

L’ex-footballeur et nouveau président de la Géorgie Mikheïl Kavelashvili ralentit le processus d’adhésion du pays à l’Union Européenne. La candidature d’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne a été déposée le 3 mars 2022 et le statut de pays candidat lui a été accordé en décembre 2023. Mais le Premier ministre pro-russe, Irakli Kobakhidzé, a annoncé le jeudi 28 novembre la suspension des négociations d’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne jusqu’en 2028. C’est pour cette raison que des milliers de personnes manifestent dans la rue depuis ce jour. 

Mais le processus était déjà à l’arrêt. En effet, l’Union européenne a suspendu la procédure d’adhésion de la Géorgie en 2024. Le vote de la loi sur les « agents de l’étranger », sur le modèle russe et celle sur la « propagande LGBT » violait certaines des 12 conditions posées pour entamer la procédure d’adhésion. 

Le scrutin d’octobre était vu comme un test pour l’avenir européen de la Géorgie, qui s’est révélé décevant.

Des liens toujours plus forts avec la Russie

Le nouveau président géorgien Mikheïl Kavelashvili a cofondé le mouvement politique d’extrême droite Pouvoir du peuple. Il était allié au Rêve géorgien et s’est fait connaître pour sa forte rhétorique anti-occidentale. Ce parti est accusé de dérive autoritaire et soupçonné de se rapprocher fortement de Moscou. Certains de ses dirigeants, dont Bidzina Ivanichvili, chef du Rêve géorgien, ont multiplié les déclarations hostiles envers l’Occident. Le riche oligarque, possède une partie de ses intérêts en Russie. 

Mais deux régions séparatistes russes pourraient faire changer la donne. En effet, il s’agit de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Elles sont directement contrôlées par Moscou, qui a officiellement reconnu leur indépendance en tant que Républiques mais n’a jamais formellement annexé ces deux régions. Les Russes ont donc un accès militaire direct aux deux régions séparatistes de Géorgie. 

La Géorgie fait donc face à des tensions internes, et le pouvoir est bridé par les nombreux manifestants pro-européens qui continuent de se mobiliser. Malheureusement, des mesures ont été annoncées par le nouveau président géorgien. Entrées en vigueur le 30 décembre 2024, ces mesures augmentent considérablement les amendes pour les protestataires, facilitent le licenciement des fonctionnaires et les détentions extrajudiciaires, élargissent le champ des nominations politiques dans la fonction publique et simplifient le recrutement des forces de police. C’est une année 2025 qui s’annonce compliquée en Géorgie.

Anaïs Binghinotto

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