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L’est de la RDC tombe aux mains du M23 : tout pour comprendre l’escalade de la violence dans la région

Le 16 février 2025, la ville de Bukavu, capitale de la province du sud Kivu est tombe aux mains du M23. Moins de trois semaines plus tôt le 28 janvier 2025, c’était la ville de Goma, au nord Kivu qui était prise par le groupe militaire armée. À l’est de la RDC, ces provinces qui se situent à la frontière avec leur voisin le Rwanda s’échauffent. Que se passe-t-il dans la région entre la RDC, le Rwanda et le M23 dans un conflit qui dure depuis plus de 30 ans ?

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Le conflit en RDC se poursuit dans le Nord et le Sud-Kivu. ©Amber Clay/ Pixabay

Le conflit en République démocratique du Congo (RDC) tire ses racines d’évènements plus anciens. En effet, cette crise découle d’une série de luttes post-coloniales pour le pouvoir, après que le pays a obtenu son indépendance vis-à-vis de la Belgique en 1960. Le 28 janvier 2025, un groupe militaire armé, le M23 a pris le contrôle de la ville de Goma, située dans le Nord-Kivu, à quelques kilomètres du Rwanda. Le 16 février 2025, c’est au tour de la ville de Bukavu, dans le Sud-Kivu de tomber face au M23. La situation est alarmante. Les groupes rebelles armés sont une centaine dans l’est de la RDC, mais le M23 a beaucoup d’emprise sur la région et l’armée congolaise n’arrive pas à lui faire face. Pourquoi le M23 a-t-il tant de pouvoir ?

Le M23 : aux origines de ce groupe rebelle armé 

Le M23 tient son nom d’un accord de paix signé le 23 mars 2009 entre le gouvernement congolais et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un groupe rebelle qui défend les intérêts de la communauté tutsie. Cet accord prévoyait l’intégration des combattants du CNDP dans l’armée congolaise et la transformation du CNDP en parti politique. 
 
La trêve est de courte durée. En 2012, une faction au sein de cette milice a contesté ces accords de paix, affirmant que les termes de l’accord n’avaient pas été respectés. Cette faction s’est donc transformée en un nouveau groupe rebelle, le M23, qui a décidé de reprendre les armes à Kinshasa, la capitale de la RDC. 
 
Le M23 a donc déjà occupé plusieurs villes en RDC, dont Goma, comme c’est le cas aujourd’hui. Mais le groupe rebelle, qui a connu une défaite face à l’armée congolaise en 2013, est resté inactif pendant près de 10 ans. Fin 2021, le M23 réapparaît et contrôle une large partie de la région du Nord-Kivu, s’attaquant violemment aux civils. Des combats d’une grande intensité se poursuivent toujours.

Le Rwanda : un voisin aux positions stratégiques

Si le M23 a tant de pouvoir aujourd’hui, c’est grâce au soutien du pays voisin de la RDC : le Rwanda. Tout cela est lié aux origines ethniques qui remontent au génocide des tutsis par les hutus au Rwanda en 1994. Le M23 et le Rwanda estiment que les tutsis sont persécutés en RDC et aident donc le M23 dans leurs actions. Selon un rapport d’experts de l’ONU publié en juillet 2024, 3 000 à 4 000 soldats rwandais combattent au côté du M23 et le Rwanda a pris le « contrôle et la direction des opérations du M23 »

Les tensions entre les deux pays voisins ne sont pas qu’ethniques, elles sont aussi liées aux ressources naturelles présentes dans la région du Nord-Kivu, en RDC. En effet, le pays abrite de nombreuses mines, d’or, d’étain, de cobalt ou encore de coltan, une ressource indispensable aux appareils électroniques tels que les téléphones ou les ordinateurs. Plus de la moitié des réserves mondiales de coltan se trouve dans la région du Kivu. Le M23, appuyé par le Rwanda, détient depuis le 30 avril 2024 une mine du Nord-Kivu produisant un quart du coltan mondial : la mine de Rubaya, située à 60km de la ville de Goma. Le Rwanda est donc accusé de piller illégalement les richesses de la RDC.

La paix est-elle envisageable entre la RDC, le Rwanda et le M23 ?

À la suite des affrontements qui ont eu lieu à Goma, plus de 500 000 personnes ont été déplacées depuis début janvier au Nord et au Sud-Kivu, selon l’ONU. Plusieurs millions de personnes avaient déjà été déplacées lors de précédents combats et en 20 ans, ce n’est pas moins de 7, 2 millions de personnes qui ont dû fuir leur foyer dans le pays. Ces chiffres démontrent que les civils sont les premiers touchés par le conflit. Les habitants commencent à revenir chez eux, dans une ville toujours en proie au conflit. 

Un accord de cessez-le-feu avait été conclu en juillet dernier entre la RDC et le M23, mais a été enfreint à plusieurs reprises. Des manifestants dénonçant l’inaction des puissances occidentales ont attaqué plusieurs ambassades, le 28 janvier 2025 à Kinshasa, dont celle de la France.

Les condamnations internationales contre le Rwanda se multiplient. Plusieurs rapports des Nations Unies ont démontré l’appui militaire qu’apporte Kigali à ce groupe armé. Le pays dément ces accusations, et le ministre rwandais a des affaires étrangères a affirmé au Monde Afrique le 15 mars que le Rwanda « n’avait pas de soldats sur le sol congolais ». Le 29 janvier 2025, Félix Tshisekedi, le président de la RDC, a également affirmé que le Rwanda voulait s’emparer des ressources congolaises. Paul Kagamé, le chef de l’État rwandais, dément toute accusation. 

Malgré un conflit qui semble s’embraser, quelques avancées ont été annoncées. Le M23 a annoncé unilatéralement un « cessez-le-feu » humanitaire, en vigueur depuis le 4 février dans l’est de la RDC. Malgré un refus répété de Félix Tshisekedi d’un dialogue avec le principal groupe armé du pays, l’Angola a annoncé qu’il accueillerait des négociations de paix directes entre la RDC et le M23 le 18 mars prochain à Luanda, sa capitale.

Ces annonces demeurent délicates, et les dirigeants du Rwanda et de la RDC n’ont toujours pas prévu de discuter de leurs différends. Ils devaient déjà se réunir le 4 février dernier mais la rencontre a été avortée. Les interrogations restent en suspens sur le futur du conflit. 

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