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Les sports d’hiver face à la réalité du changement climatique

La coupe du monde 2024-2025 de ski alpin est lancée, mais les interrogations climatiques, elles, continueront de planer durant toute la saison hivernale.

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Le weekend dernier, à Sölden, en Autriche, s’ouvrait la Coupe du monde de ski alpin avec les géants hommes et femmes remportés par l’italienne Federica Brignone et le norvégien Alexander Steen Olsen. L’occasion de lancer plus largement la saison des sports d’hiver qui nous font vibrer pendant les mois les plus froids de l’année. L’exercice 2024-2025 de cette Coupe du monde de ski alpin regorge d’enjeux sportifs palpitants avec le retour à la compétition de Marcel Hirscher qui tentera de concurrencer un Marco Odermatt roi des pistes l’hiver dernier. Mais aussi les 100 victoires en Coupe du monde que l’Américaine Mikaela Shiffrin pourrait atteindre ou encore les espoirs tricolores sur Cyprien Sarrazin auteur d’une saison éclatante dans les épreuves de vitesse l’an passé.

Cependant, années après années, le sujet environnemental vient assombrir la saison sportive blanche. En effet, les sports d’hiver font face à une véritable crise existentielle qui remet en cause leur avenir et les façons de les pratiquer. Chaque saison, à mesure que l’urgence climatique s’accélère, le ski alpin comme le biathlon et les autres sports de neige doivent affronter les conséquences du dérèglement et les critiques qui les fustigent.

Un hiver 2023-2024 de ski alpin contrarié par le climat qui pourrait se reproduire

La saison passée de ski alpin en témoigne avec 10 courses sur 45 non disputées chez les hommes et 6 courses sur 44 chez les femmes. 5 autres épreuves de la saison avaient également été annulées puis reprogrammées lors d’une autre étape de Coupe du monde. Au total, ce sont 28 % des courses prévues qui ont été annulées l’hiver dernier calcule le magazine Ski Chrono. Un chiffre qui peut faire regretter de belles émotions aux fans d’alpin mais qui posent aussi question sur les conditions climatiques adéquates pour la pratique du ski. Certes, sur l’ensemble de ces annulations, certaines étaient dues à des chutes de neige trop fortes, à des visibilités réduites ou à des vents trop violents, même si tous ces phénomènes sont aussi accentués par le dérèglement climatique.

Mais sur les étapes de Coupe du monde de Chamonix, de Kranjska Gora en Slovénie et de Garmisch-Partenkirchen en Allemagne, c’est bien le manque de neige qui a fait défaut en plein hiver. Pourtant, cela n’empêche pas les étapes slovéniennes et allemandes d’être programmées à nouveau sur le circuit cet hiver. Des annulations pourraient donc planer lorsqu’il sera l’heure de ces étapes, tant il est clair que la tendance est à un enneigement de plus en plus faible dans toutes les stations au fil des années.

Des pratiques qui posent question écologiquement

Autre image qui avait choqué l’hiver dernier, ces pelleteuses à Zermatt en Suisse qui « pillaient » le glacier pour préparer la piste de Coupe du monde de ski alpin. Un désastre pour ces géants de glace déjà bien assez exposés et vulnérables sans que des pelleteuses viennent leur enlever de la neige. La piste de Zermatt n’avait finalement servi … à rien car les courses hommes et femmes avaient été annulées.

Pour l’exercice 2024-2025 de ski alpin, la Fédération Internationale de Ski (FIS) n’a rien trouvé de mieux que de programmer deux séries de compétitions outre-Atlantique avec une première tournée nord-américaine en décembre puis les finales de la Coupe du monde à Sun Valley, aux Etats-Unis fin mars. Deux voyages qui n’amélioreront pas le bilan carbone de la saison et qui semblaient tout à fait évitables si la FIS avait réalisé un petit effort pour regrouper les deux.

L’enquête du média Blast publiée la semaine dernière sur la station de Courchevel, qui accueillera la Coupe du monde de ski alpin le 30 janvier prochain, n’améliore pas l’image écolo des sports d’hiver. En se procurant des rapports d’inspection, le média indépendant a révélé que la station « avait asséché un cours d’eau en 2018 » et qu’elle avait réalisé des « sur prélèvements d’eau » en 2022 pour répondre au besoin des championnats du monde de ski alpin en neige artificielle.

Du biathlon sur neige artificielle

Le ski alpin n’est pas le seul des sports d’hiver qui fait face aux défis environnementaux. En effet, le biathlon n’est pas en reste. Regarder la saison 2023-2024 de biathlon apportait aux téléspectateurs un défi presque plus difficile que de blanchir les cinq cibles à la carabine : trouver une piste avec de la neige naturelle. Oberhof, en Allemagne, et l’état catastrophique d’une piste de neige artificielle battue par la pluie qui s’était invitée obligeant le report de certaines courses. Ruhpolding, une semaine plus tard, toujours en Allemagne à 700 mètres d’altitude, et pas une trace de neige naturelle.

Le plus marquant reste les championnats du monde, à Nove Mesto (600 mètres d’altitude), en République Tchèque. Le site qui accueillait 12 courses voyait s’affairer, juste avant le début des épreuves, les camions et tractopelles pour préparer la piste entièrement en neige artificielle. Une préparation qui avait par ailleurs obligé les athlètes à réaliser leurs premiers entrainements uniquement en course à pied. Une languette de neige au milieu des prés que le journal l’Equipe, diffuseur emblématique du biathlon en France, qualifiait de « neige de qualité premier prix ». Enfin, Soldier Hollow aux Etats-Unis, sous un soleil de plomb, des athlètes en manches courtes, et une piste dégradée qui fond à vue d’œil courses après courses.

En France, c’est le site de biathlon haut savoyard du Grand-Bornand qui avait été vivement critiqué il y a deux saisons malgré l’ambiance festive qui y régnait durant le weekend de courses. En effet, les associations de défense de l’environnement dénonçaient « un défilé de camions » pour transporter la neige stockée plus haut, jusqu’au village délaissé par la poudre blanche.

Malgré la nécessité de faire tourner les canons à neige à plein régime dans nombre de ces sites de biathlon, l’International Biathlon Union (IBU) a programmé, pour la nouvelle saison qui débutera fin novembre, des étapes au Grand-Bornand, à Oberhof, à Ruhpolding et à Nove Mesto. Des weekends de Coupe du monde de biathlon qui pourraient encore une fois se dérouler sur neige artificielle pour le plus grand malheur de l’environnement.

La neige artificielle bourreau de l’environnement

Car il est toujours bon de rappeler que cette neige de culture nécessite une dépense d’énergie et d’eau considérable (4000 m³ pour un hectare de piste quand on sait qu’une personne consomme en moyenne 54 m³ d’eau par an). La neige artificielle impacte aussi l’oxygénation et la repousse des plantes recouvertes et érode les sols lors de la fonte.

Au delà de l’aspect écologique, cette dernière fait perdre l’esprit hivernal des compétitions quand les athlètes skient au milieu de prairies vertes et elle rend parfois le sport moins spectaculaire. En effet, la neige de culture est bien moins humide qu’une neige naturelle, et alliée à des températures très froide comme aux JO de Pékin en 2022, elle ralentit la progression sur les skis. Une composition de neige qui nécessite de nouvelles recherches sur le fartage des skis (enduit que l’on applique sur les skis pour une glisse optimale) et qui accroit les inégalités entre les athlètes de nations en capacité d’adapter leur fartage et ceux des nations avec des moyens plus faibles.

Une étape jurassienne de ski de fond sans garantie

La saison de ski de fond pourrait aussi faire les frais du dérèglement climatique et du manque de neige. Notamment l’étape française dans la station des Rousses. En effet, la FIS a dévoilé le programme de la Coupe du monde avec une halte jurassienne du 17 au 19 janvier 2025 qui avait conquise sur le circuit mondial il y a deux ans. Quand on sait que la Transjurassienne, course mythique de ski de fond en France qui part du petit village de Lamoura sur le domaine des Rousses, a été annulée la saison dernière par manque de neige, on peut s’inquiéter de la bonne tenue des épreuves de Coupe du monde cet hiver.

Alors, les sports d’hiver sont bien sûr victimes du dérèglement climatique mais aussi acteur de celui-ci avec des méthodes polluantes et des localisations qui peuvent poser question sur leur pertinence. Doit-on attendre des courses annulées en cascade et des pistes de neige artificielle dans toutes les stations accueillant les coupes du monde pour que le monde du ski se réveille ? Il faut maintenant revoir son modèle pour ne pas aggraver le réchauffement climatique et garantir au maximum la beauté de ces sports d’hiver durablement.

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