Des Jeux Olympiques divisant par deux leurs émissions de gaz à effet de serre, voici l’objectif des Jeux de Paris 2024
En mars 2021, le conseil d’administration du comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques annonçait les premiers Jeux ayant une contribution positive pour le climat. Cette déclaration rentrait dans la continuité de l’engagement du Comité International Olympique (CIO) en 2020. L’objectif était que les Jeux Olympiques aient un bilan carbone négatif à compter de 2030.
Cependant, l’objectif pour cet événement international ne représente plus une contribution positive pour le climat comme prévu initialement. Autrement dit, il capterait plus d’émissions que ce qu’il en émettrait. Sa neutralité carbone n’aurait de sens qu’à l’échelle planétaire ou d’un pays. L’objectif serait désormais une réduction des émissions de CO2 de l’événement par 2.
Les partenariats : l’outil nécessaire pour y parvenir
Puisque les Jeux Olympiques sont un événement suivi dans le monde entier, cela représente un moyen de communication massif. Les organisateurs ont conscience de la crise climatique et des enjeux environnementaux qu’apportent ceux-ci. Ainsi, la cause environnementale sera mise en avant par des partenariats et des actions écoresponsables. Ils souhaitent faire en sorte que le domaine du sport soit porteur d’actions impactantes à long terme. Laisser une planète propre pour les futures générations est essentiel.
Le président du CIO, Thomas Bach, déclare fermement que “le changement climatique est un enjeu d’une ampleur sans précédent, qui exige une réponse sans précédent”.
En effet, les émissions de dioxyde de carbone des Jeux Olympiques précédents atteignaient les 3.5 millions de tonnes de CO2. Cela est notamment dû aux infrastructures créées spécialement pour l’événement. Mais aussi aux modes de transports comme l’avion ou d’autres moyens mis en place. Tout cela se faisait pour le bon déroulement des Jeux et de l’expérience touristique.
Cette fois-ci, les organisateurs prévoient approximativement 34 % des émissions provenant des déplacements des spectateurs, des officiels et des athlètes. 33 % de ces émissions seraient dues aux constructions et 33 % dues aux « opérations » (restauration, hébergement, logistique, etc.).
Afin de réduire celles-ci, le comité de candidature de Paris 2024 et le WWF France ont mis en place un partenariat. WWF France a fait des recommandations dont 80% ont été conservées pour les Jeux de 2024. Cela fait de ces Jeux les premiers alignés avec les objectifs de l’Accord de Paris (2015).
Les mesures
Pour atteindre leur objectif d’1.5 millions de tonnes de CO2, le comité d’organisation a décidé d’adopter une méthode consistant à anticiper, éviter, réduire, et compenser les émissions carbones. La mobilisation de l’ensemble de l’écosystème des Jeux est nécessaire pour y parvenir. Afin d’éviter de nouvelles émissions de gaz à effet de serre, 95% des infrastructures des JO seront déjà existantes ou temporaires.
De plus, Paris 2024 a lancé « Coach climat ». Une application permettant d’aider ses collaborateurs à comprendre et réduire leurs impacts personnel et professionnel sur le climat.
En ce qui concerne l’alimentation présente sur les JO, l’offre de restauration sera à 60% végétarienne. De plus, elle devra être 100% certifiée. Cela signifie que tous les produits alimentaires doivent porter au moins une appellation. Parmi elles : Agriculture Biologique et biodynamie, Haute Valeur Environnementale, Label Rouge, Appellation d’Origine Protégée, Bleu Blanc Coeur ou Commerce équitable. Les produits devront également être de saison.
Infrastructures et transports : le fléau des Jeux Olympiques
Du côté des infrastructures, les standards de construction seront modifiés. Cela permettra d’adapter l’isolation des bâtiments et de développer les énergies renouvelables. Concernant les énergies, les Jeux souhaitent être couverts à 100% par des énergies renouvelables.
En outre, la priorité sera donnée aux modes de transports propres comme le vélo ou la marche. En effet, 100% des sites devront être accessibles par ces moyens-là. Cependant, Benjamin Lévêque reconnaît que « c’est clairement un sujet sur lequel on a moins directement la main ».
La compensation carbone au rendez-vous pour le reste des émissions
Enfin, les Jeux de Paris 2024 auront recours à la compensation carbone. Ce sera notamment utilisé pour le reste des émissions produites et non évitées. Celle-ci consiste à financer des projets pour réduire, éviter ou séquestrer des émissions de CO2. Ainsi, cela permet de contrebalancer ses propres émissions. Cette mesure est considérée comme contestable par de nombreuses personnes, telle que la climatologue Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe de travail 1 du Giec. Cette dernière fait remarquer qu’il n’y a « pas encore un cadre suffisamment strict sur ces actions dites de compensation pour s’assurer de leur crédibilité ».
Parmi ces projets, on peut trouver la « Grande Muraille verte ». C’est une initiative de l’Union africaine afin de lutter contre les effets de la désertification en utilisant durablement les forêts, les pâturages et les autres ressources naturelles.
Bien que beaucoup soient sceptiques à l’idée de ces promesses, en raison de la taille et des coûts grandissants des Jeux à chaque édition, Niclas Svenningsen affirme que “si nous voulons atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et éviter le pire impact du changement climatique, il ne nous reste que dix ans pour réduire les émissions mondiales de 50 %. […] Le conseil d’administration de Paris 2024 a montré que l’esprit de 2015 était toujours vivant et bien portant : nous devons, nous pouvons, et nous réussirons dans la lutte contre le changement climatique. Nous saluons cette annonce et félicitons Paris 2024 !”