Les causes de la prolifération des algues vertes
Les algues vertes sont principalement des espèces de la famille des Ulvaceae. Elles se développent dans les eaux riches en nutriments, notamment l’azote et le phosphore, provenant principalement des activités agricoles. La Bretagne est un territoire propice à leur développement. Cette région compte cinq fois plus de cochons que d’habitants. L’élevage intensif (le lisier agricole) en filière porcine et la fertilisation excessive (les engrais) des terres agricoles sont les principaux facteurs responsables de la pollution des eaux bretonnes. Épandu par les agriculteurs, le lisier fini dans la mer, ses excédents sont acheminés par les fleuves côtiers. Cette surabondance de nutriments favorise la croissance des algues, qui, in fine, prolifèrent à une vitesse alarmante.
Les conséquences pour l’environnement et la santé
Les proliférations d’algues vertes ne sont pas sans conséquences. Elles entraînent de graves perturbations pour l’écosystème marin et la biodiversité. Lorsque les algues meurent et se décomposent, elles consomment une grande quantité d’oxygène. Ceci crée ainsi des zones mortes où la vie marine est étouffée. En plus de sentir l’œuf pourri, en putréfaction, les algues vertes libèrent des gaz toxiques, tels que l’hydrogène sulfuré (H2S), mortels pour les mammifères (humains compris) lorsqu’ils s’accumulent sur les plages.
Les marées vertes ont également un impact économique négatif, affectant les industries liées au tourisme et à la pêche. Chaque année entre 75 et 115 sites bretons sont concernés. Les autorités sont alors contraintes de fermer des plages, notamment dans la baie de Saint-Brieuc.
Les actions entreprises pour lutter contre les algues vertes
Face à cette problématique, les autorités locales ont pris des mesures pour tenter de diminuer les proliférations d’algues vertes en Bretagne. Des plans de réduction des nitrates et de gestion de l’eau ont été mis en place. Les objectifs visent à réduire les flux de nutriments dans les rivières, d’une part. D’autre part, à encourager des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement. Ces tentatives restent vaines. Les taux de nitrate peinent à baisser dû à l’inactivité de l’État. Seuls des panneaux de préventions ont véritablement été installés sur des plages.
Toutefois, des stratégies sont déployées pour favoriser le développement de filières de valorisation des algues. C’est notamment le cas dans le domaine de l’énergie et de l’agroalimentaire.
Certes des initiatives sont prises pour diminuer les dangers, mais comme a su le démontré la journaliste Inés Léraud, tant que le modèle agricole breton ne changera pas, cette problématique subsistera.
Les défis et les perspectives
La lutte contre les algues vertes en Bretagne reste un défi complexe. Les changements de pratiques agricoles nécessitent une prise de conscience des politiques et des lobbys agroalimentaires. Un engagement de la part des agriculteurs ne pourra pas se faire tant qu’ils seront encouragés à agrandir leurs productions et à construire des fermes-usines. L’État français doit pouvoir prendre en compte ces défis.
Pour combattre ce fléau environnemental et social, des investissements dans les infrastructures de traitement des eaux existent mais sont coûteux. De plus, les effets du changement climatique, tels que l’augmentation des températures de l’eau, pourraient aggraver le problème en favorisant la croissance des algues. Néanmoins, des solutions innovantes, telles que l’utilisation de plantes filtrantes ou l’implémentation de zones tampons végétalisées, offrent des perspectives supplémentaires pour atténuer le problème à long terme.
La problématique des algues vertes en Bretagne est un enjeu environnemental et sanitaire majeur qui nécessite une action collective et une prise de conscience continue. Les solutions pour lutter contre ce phénomène complexe impliquent des remaniements profonds dans les pratiques agricoles, et des investissements dans la recherche et le développement de technologies durables. D’après les défenseurs de l’environnement et les scientifiques, les acteurs clés ont les informations nécessaires pour agir. Nous savons d’ores et déjà qu’il est possible de préserver les côtes bretonnes et épargner des vies. Tout cela, dans le but de garantir un avenir plus sain à l’écosystème marin et les générations futures. Dans l’histoire des algues vertes, l’omerta à une odeur et surtout un prix, celui de la mort.