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L’ENTRETIEN AVEC PATRICE FRANCESCHI SUR LE ROJAVA

L'équipe CSACTU a rencontré Patrice Franceschi le 12 décembre 2023 pour un entretien, après qu’il ait aimablement accepté notre invitation. Nous sommes ravis de partager notre discussion amicale au Café Zimmer avec nos lecteurs.

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Crédit photo: Clara Privitera du CSACTU
Crédit photo: Clara Privitera du CSACTU
Monsieur Franceschi, merci d’avoir rencontré l’équipe de CSACTU. Merci également de partager vos connaissances et votre expérience avec nos jeunes lecteurs. Vous avez un riche parcours d’auteur, aventurier, aviateur, marin, Ancien président de Solidarités International, et Président d’honneur de la Société des explorateurs français. Vous êtes également un humanitaire. Je ne vous demanderai pas de résumer votre expérience vieille de plusieurs décennies à travers le monde, de l’Amazonie à l’Himalaya. Donc, je préfère vous le demander directement ! Qui est Patrice Franceschi et que fait-il ? 

PF: Je suis écrivain, et à partir du moment où on est écrivain, que l‘on vit de ses livres, on peut avoir en plus de ces livres toute sorte d’activités, d’actions, d’engagements. Par conséquent, comme je suis très engagé sur beaucoup de choses, j’ai écrit sur l’Afghanistan pendant la guerre de l’union soviétique ou sur les kurdes en Syrie. C’est tout une part d’aventure qui se rajoute à l’écriture. Le mélange constant, permanent, de l’écriture et de l’aventure me caractérise.

Notre sujet aujourd’hui est le Rojava, la région autonome du nord-est de la Syrie, également appelée « Kurdistan syrien ». Vous y avez été en tant que membre de la délégation française avec l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer et Khaled Issa, le représentant français au Rojava le mois dernier

PF: Je soutiens activement les Kurdes depuis le début de la guerre, depuis 10 ans. J’y ai fait des dizaines de séjours de travail, d’engagement. Il y a 15 jours j’ai accompagné l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer qui portait un message de soutien du Président de la République aux kurdes. Avec Khaled Issa, j’ai fait des dizaines de missions là-bas! C’est mon binôme de travail.

Tout d’abord, est-ce que ce séjour répondait aux objectifs et aux attentes du gouvernement français ?

PF: Dans certains cas oui, bien sûr. Cela se fait toujours en liaison avec le gouvernement français, notamment pour établir des liens entre les deux gouvernements donc il s’agit de travail, de missions, d’engagements fréquents depuis 10 ans. À mes yeux, mes engagements personnels se poursuivront jusqu’à la fin en espérant que cette fin soit la victoire des kurdes. Mais la situation est très difficile aujourd’hui. Les Turcs sont d’une implacable et une impitoyable violence chaque jour contre le Rojava et les populations civiles : ils bombardent les centrales électriques, les villages les cimetières, les drones, l’artillerie, l’aviation pour que la population ne puisse plus croire à une victoire et à une autonomie, qu’elle s’exile, que cette population n’ait plus confiance dans le gouvernement surtout l’administration du nord de la Syrie car il serait incapable de les protéger. Voilà l’objectif des Turcs ! Cela se fait dans le silence le plus imaginable depuis des années, depuis l’abandon pour une grande part de l’occident.

Également, le journal Libération évoque un rapport qui sera préparé après la visite. Pouvez-vous en parler dans ses grandes lignes sans données d’informations confidentielles ?

PF. Non je ne peux pas.

La carte de la région montrant le fleuve Euphrate et le tigre
Crédit Photo: Encyclopedia Britannica, Inc.


Ma prochaine question est sur la guerre de l’eau. La Turquie lance des frappes aériennes au Rojava en prétextant l’autodéfense qui frappent des infrastructures critiques des installations d’électricité et d’eau. « Vous avez une tribune dans le journal « Le Monde » parût en 2021 sur « la guerre de l’eau » quelles vos réflexions et observations sur le sujet depuis, et pouvez-vous développer l’exemple de la fleuve Euphrate et la Turquie sur la transformation l’eau en arme pour nos lecteurs moins renseignés ?

PF: La géographie est l’avantage de la Turquie : L’Euphrate et le Tigre irriguent à la fois la Syrie et l’Irak. Il suffit de fermer le robinet des barrages pour que d’un seul coup l’irrigation ne se fasse plus, pour qu’on voit les rivières baisser. La problématique qui va arriver ce n’est pas la mort de soif car on peut creuser des puits mais la mort de faim à cause du manque de l’irrigation des champs de blé. Cette guerre de l’eau est employée en parallèle des autres guerres. Quand on tente d’affamer des populations, qu’il y a un blocus, et qu’en même temps on les bombarde, on détruit toute l’électricité, qu’il n’y a plus d’éclairage public la nuit dans la ville et que l’artillerie terrifie tout le monde parce qu’il tombe au hasard, la guerre d’eau n’est qu’un élément parmi d’autres. Mais c’est un élément très facile. Quand les turcs bombardent un village, cela coûte de l’argent, ça peut être dangereux alors que la guerre d’eau c’est un geste : on ferme le robinet. C’est très facile. 

Donc, cela fait partie de la stratégie turque implacable contre les kurdes et toujours avec le même prétexte : que les kurdes sont des terroristes, qu’ils les menacent. En 10 ans je n’ai vu tirer aucune balle de Rojava envers la Turquie. Ils se l’interdisent pour ne pas provoquer les Turcs. Ils ont d’autres choses à faire que d’affronter les Turcs et le Daech et le régime syrien. Tout cela est un immense mensonge. Du moment où on dit “voilà nos ennemis” : le peuple kurde, et bien on peut tout se permettre. Ce sont des terroristes, des méchants. Le problème c’est qu’Erdogan ne veut pas que l’exemple social et politique du Rojava se répande en Turquie. Dire que l’islam doit être sécularisé, que la femme et l’homme doivent être égaux, que la démocratie est plus importante que la théocracie et que les minorités doivent être respectées est insupportable pour lui. C’est tout aussi insupportable pour le régime syrien et pour le régime irakien. 

Les djihadistes profitent de l’affaiblissement de la résistance kurde et de l’instabilité de la région pour regagner du territoire et de l’influence. En France, malheureusement nous connaissons et souffrons du terrorisme islamiste et du radicalisme. Du massacre du Bataclan et du meurtre brutal de Samuel Paty à l’attentat d’Arras et de Bir-Hakeim la semaine dernière. Comment interprétez-vous la position de Tayyip Erdogan en tant que membre des forces alliées contre Daesh, également en tant qu’allié de l’OTAN, et en même temps combattant la résistance kurde qui combat les jihadistes ?

PF: C’est parce qu’il y a eu deux volets à cette histoire. La Turquie avant Erdogan n’est pas la Turquie d’Erdogan notamment par la laïcité. Il suffit de regarder les universités que j’ai connu dans les années 80. L’islamisation est impressionnante aujourd’hui. A cette époque-là c‘était la guerre froide. La Turquie laïque s’est liée avec l’occident et était dans l’OTAN. Quand Erdogan est arrivé et que les Frères Musulmans ont commencé à prendre le pouvoir et se répandre en Turquie, ils étaient toujours membres de l’OTAN. Cela n’a pas changé. Erdogan s’est retrouvé avec la situation géniale d’être d’un côté avec l’OTAN donc protégé par cette alliance et de l’autre côté, il a pu mettre en application sa politique à la fois islamique et nationaliste. C’est l’alliance  des Frères Musulmans et des loups-gris quand même. Il a pu l’appliquer contre ses ennemis, à commencer par les kurdes. On se retrouve donc avec cette situation aujourd’hui où il faudrait le virer de l’OTAN à cause de toutes les menaces et les chantages permanents sur l’immigration et sur la base Incirlik, où les Américains sont avec les bombes nucléaires. Il bénéficie d’une situation antérieure qui n’a pas bougé alors qu’elle aurait dû évoluer.

J’ai vu Erdogan et Daesh depuis des années : le passage de la frontière, l’armement, l’argent ; non pas parce qu’il était vraiment proche de Daesh mais surtout parce que Daesh pourrait faire son travail contre les Kurdes. Quand Daesh a commencé à être éliminé il a dû envoyer beaucoup plus de mercenaires,  l’armée turque, beaucoup de jihadistes fabriqués par lui et d’autres recyclés, comme il le fait dans la région d’Idlib et donc il s’est retrouvé dans une situation beaucoup plus difficile qu’en 2012 et 2014. Au début, il y avait Daech mais après il a fallu faire le boulot soi-même.  C’est pour ça qu’il y a l’aviation, les drones, des choses dont il n’avait pas besoin avant. Il est quelque part complice et devrait passer devant un tribunal pour l’affaire du Bataclan notamment. Il n’y pas que lui, il y a aussi les Qataris, les Saoudiens. Ils ont tous armé Daesh contre le régime syrien mais ça s’est retourné contre nous. Les attentats du Bataclan ont été fomentés par Raqqa. Il fallait donc éliminer ces gens d’où notre intervention.

Maintenant on a abandonné les Kurdes parce qu’on est incapables d’avoir la détermination. Erdogan est un homme d’Etat, il sait ce qu’il veut, il a un but à accomplir et le poursuit, d’où le danger qu’il représente. Il sait ce qu’il veut, il ira jusqu’au bout. Il est très violent. La vie humaine n’a aucune valeur pour lui. Il a enfermé je ne sais combien de dizaine de milliers d’intellectuels, de professeurs, etc.. Nous n’avons pas la même force morale, plus d’homme d’état à la hauteur des enjeux. Voilà notre problème. La situation pour les kurdes comme pour nous, notamment pour le terrorisme et tous les prisonniers kurdes et les prisonniers de Daech, c’est qu’ils attendent de prendre leur revanche sur la France.Ce qu’ils veulent c’est recommencer le Bataclan en mille fois plus, faire ce que le Hamas a fait aux juifs en Israël. Les Kurdes sont nos seuls alliés sur place pour empêcher que ce danger revienne en France. C’est l’objectif de ces gens-là et c’est l’objectif d’Erdogan. Erdogan contrôle les terroristes pour montrer à l’occident que si on accepte tout ce qu’il veut, il les tient.. Voilà la politique d’un tyran qui a soumis son pays et enfermé tous les opposants.. Il est très fort pour ça: il islamise et en même temps il fascise avec les loups gris.  Cette alliance entre l’extrême droite et l’islamisme radical est une bombe.

Des ONG, des journalistes et des organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch ont publié des rapports sur les violations du droit international et des droits de humains que l’État turc dément. Comment interprétez-vous le manque de réaction de la communauté internationale face à cette irresponsabilité ?

PF: Il est évident que tous les tyrans, quand on leur dit qu’ils sont coupables de quelque chose, le nient et demandent des preuves. Même si on le prouve, est-ce que cela va intéresser les gens ? Est- ce que la communauté internationale va réagir ? Elle va réagir un jour, deux jours et puis elle va passer autre chose. Quand le nettoyage ethnique pratiqué par Erdogan dans la région de l’Afrin en 2018 a été avéré, documenté et condamné par les nations unis, je me souviens qu’il y a eu pendant deux jours dans Le Monde et Le Figaro une condamnation. Mais, 3 jours après, c’était fini. La règle de la communication fait que certains sujets ont une malédiction : elles n’intéressent personne. On les oublie et on passe à autre chose. C’est la malédiction des médias.

Pensez-vous que cette tragédie humanitaire au Kurdistan syrien, une région au cœur du Moyen-Orient et voisine des conflits en Iran et la guerre entre le Hamas et Israël, est oubliée par la communauté internationale ? Pourquoi les tragédies du Moyen-Orient ne sont pas traitées de la même façon? Pourquoi cette tragédie du Kurdistan Syrien est beaucoup plus invisibilisée que le conflit actuel entre Israël et le Hamas ?

PF: Une actualité remplace une autre. Si demain il y a une guerre en Chine, on ne parlera plus du Hamas. C’est l’actualité. C’est une malédiction. Regardez l’Ukraine, on en parle de moins en moins par exemple. Et les Arméniens, on n’en parle pas alors qu’il y a un nettoyage ethnique au Haut Karabagh. C’est la faute des journalistes. Si j’appelle un journaliste, et je lui dis que je rentre du Kurdistan et qu’il y a des drones iraniens, les journalistes diront qu’on en a déjà parlé l’année dernière.

Vous avez écrit sur la résistance féminine kurde dans votre roman « S’il n’en reste qu’une ». Pouvez-vous s’il vous plaît expliquer brièvement pourquoi et comment vous avez décidé d’écrire sur les héroïnes Tékochine et Gulistan et ce qu’elles représentent pour la résistance, pour la cause kurde et l’objectif de liberté ?

PF: Elles sont assez extraordinaires à tout point de vue et donc j’avais envie de rendre hommage au courage de ces femmes, à cette tragédie antique qu’elles vivent aux temps modernes. C’était l’objectif après plusieurs années en tant qu’écrivain de traduire ça par une fiction mais en même temps une fiction de fait réels.

La Turquie a gagné 8 000 km² de territoire par son invasion et a créé une « zone tampon » le long de sa frontière avec la Syrie avec une profondeur de 30 km dans le cadre d’un accord avec la Russie. Le régime de Tayyip Erdogan « turquifie » la région. Il nomme les rues et les places en turc, fait adopter des programmes d’études turques dans les écoles avec l’interprétation de l’Histoire selon le point de vue qui convient à l’État Turc et à sa 4 politique. Il modifie également sa démographie par des politiques de réinstallation. Les Yézidis et les Kurdes, en particulier les femmes et les filles, ont été déplacés en raison des menaces de persécution et de mariage forcé. Pensez-vous que ces actions encouragent ces femmes et ces hommes à se défendre et à déterminer leur propre destin malgré l’oppression en rejoignant les forces de résistance ?

PF: Ça va être très difficile. L’armée Turque est un grand morceau. Les djihadistes pros turques aussi. Il y a une grande violence. Ça va être un nettoyage ethnique : on enlève les Kurdes et on les remplace par des réfugiés syriens qui étaient en Turquie sous prétexte humanitaire, pour démontrer qu’ils sont sympas. Finalement, tout le nord sera purement arabe et pro-turc. Par rapport au régime syrien c’est un avantage : Erdogan aura une population qui lui est favorable en Syrie contre Bashar Al Assad. Pour l’instant, je vois mal les kurdes reprendre leurs territoires. Quand la Turquie s’installe quelque part avec une politique du fait accompli comme à Chypre en 1974, ils y restent. Ils ont envahi Chypre en dépit de toutes les lois internationales, comme ils bombardent la Syrie en dépit de toute loi internationale. Au début, ça crie et puis ça s’arrête et ils y restent. Je vous rappelle que pendant plus de 20 ans, il a des bases militaires dans le nord de l’Irak, tout le monde le sait. Ce sont des bases militaires importantes. Pour le chasser il faut faire la guerre à la Turquie mais va-t-on le faire ? Non, car ils sont trop forts.

Vous avez participé à la résistance afghane contre l’armée soviétique. Vous avez de l’expérience sur les zones de guerre et avez mené de nombreuses missions humanitaires. Voyez-vous sur certains aspects une ressemblance entre notre combat au Sahel et la résistance kurde dans la région ? Malgré les différents paramètres comme l’ampleur des opérations et les partenaires impliqués, dans les deux cas les opposants sont les jihadistes et des radicaux.

PF: Quand il y a des ressemblances, ce sont des preuves qu’ils luttent pour leur liberté parce qu’ils ont été envahis par une puissance étrangère ou opprimés par l’intérieur. Parfois, c’est les deux. C’est ce qui relie ces situations et ce qui a fait que je me suis engagée. Les gens luttent pour leurs libertés. Nous on nous l’a donné. On pense que c’est un acquis, que ça ne coûte pas cher. Ils ne l’ont jamais eu et il la veulent comme nous on l’a voulu à l’époque de la révolution et ils payent le prix très cher. J’aime bien les peuples qui se battent pour leur liberté, qui ne se soumettent pas et ne se résignent pas.

Nous avons vu tout au long de l’histoire la puissance de la résistance en France et dans toute l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale contre le fascisme et le nazisme. Quel est le facteur définitif ? L’engagement de la résistance locale est-il le plus important ?

PF: La résistance locale c’est le début ; sans ça il n’y a rien. Selon qui elle affronte elle peut perdre ou gagner. Si elle peut perdre, il faut qu’elle s’allie avec l’extérieur. C’était le cas durant la deuxième guerre mondiale. Jamais la France ne se serait débarrassée du Nazisme sans l’Amérique et l’Angleterre. C’est comme ça. Les rapports de force ne permettaient pas, après une grande défaite, de remonter la pente. L’Allemagne Nazie c’était quelque chose. A ce moment-là, il faut trouver des alliés à l’extérieur et c’est le cas pour les Kurdes. Ils ont une résistance intérieure forte mais ils ne peuvent pas vaincre sans une aide extérieure. Ils ont cherché une aide là où il y a des pays de liberté : les occidentaux. Ce n’est pas en Arabie Saoudite, ni en Chine qu’ils allaient trouver de l’aide. Le cœur de l’affaire c’est d’abord cette résistance du peuple à l’intérieur.

Suite à votre dernier séjour avec la délégation, vous avez rencontré des habitants et écouté leurs histoires, qu’est-ce qui vous a le plus surpris lors du séjour? Est-ce que les habitants de la région ressentent le soutien de la France ? Qu’est-ce que cela représente pour eux d’après vos observations ?

PF: Il y a un esprit de résistance très fort. Les kurdes ne veulent pas revenir au statu quo d’avant sous le régime de Bashar Al Assad ou ils étaient vraiment opprimés. Ils sont prêts à se battre pour ça. Pas tout le monde, mais un noyau dur important le veut. Ils sont déterminés. Pour eux la mort n’est pas à craindre. Depuis l’abandon de l’occident, ça décroit un peu. Parce que l’espoir qu’il y avait avant d’une victoire pas seulement sur Daech, mais sur le régime de Bachar Al Assad, de devenir libre, s’affaiblit d’année en année, depuis 2019, devant l’état des lieux, l’état de la situation et la détermination d’Erdogan. Et donc, à ce moment-là, ils ont beaucoup compté sur la France, sur les Etats- Unis, sur l’occident en général. Ils sont un peu déçus. Cela dit, ils disent que ce n’est pas fini. Leur appareil militaire est encore intact.

Khaled Issa, Jean Michel Blanquer, Patrice Franceschi avec une famille kurde au Kurdistan syrien au Rojava
Crédit Photo: Jean Michel Blanquer / @jmblanquer sur X (anciennement Twitter)
Que pouvez-vous dire de la future stratégie de la France en termes d’aide financière et de soutien politique au Rojava et à ses partenaires dans la région ? Comment voyez-vous le soutien de l’Union européenne à la résistance kurde ? Comment positionnez-vous l’importance de la résistance du Rojava pour la sécurité des Européens ?

PF: L’Europe est très absente. La France est beaucoup plus présente car on soutient encore militairement les Kurdes. On a encore des troupes françaises là-bas. On le soutient aussi politiquement : Macron a été le seul chef d’État qui a reçu les Kurdes officiellement à l’Élysée 3 fois. C’est insuffisant à mes yeux mais c’est une réalité. Les Etats-Unis et les Britanniques sont toujours présents de manière très secrète. Personne n’en parle mais c’est ça qui empêche Erdogan de continuer son invasion terrestre. Si les kurdes perdaient, on peut être certains que le terrorisme de Daesh réactiverait ses réseaux utilisant les populations favorables en Europe pour refaire des bataclans multipliés par dix. L’enjeux sécuritaire des kurdes est entièrement lié à l’enjeux sécuritaire des occidentaux. C’est une guerre qui nous concerne directement.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose, ou faire passer un message à nos lecteurs ?

PF: Préoccupons-nous de ce qu’il se passe dans le monde extérieur parce que ça a un impact sur notre monde intérieur. Toujours. Mais pas seulement les Turques, mais aussi l’Ukraine, l’Israël, l’Arménie. Ça a un impact chez nous d’une manière ou d’une autre. Petit ou grand, tout de suite ou demain. Qu’on le veuille ou non, nous vivons dans un petit paradis. Ce qui ne veut pas dire qu’il est parfait, loin de là. Mais comparé au reste du monde, franchement.

Merci beaucoup d’avoir partagé vos observations et répondu à mes questions. C’est un honneur d’avoir pu vous rencontrer et de partager votre savoir avec des jeunes à travers le média étudiant CSactu. Je vous souhaite une bonne continuation et garderai un œil sur votre travail !

PF: Merci à vous.

Note de l’autrice: J’offre ma sincère gratitude et mes remerciements à Ambra Haxhaj, Clara Privitera et mon amie Khadira pour leur aide. 

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