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L’empreinte du changement climatique sur les phénomènes météorologiques extrêmes

Depuis des temps immémoriaux, notre monde a toujours connu des phénomènes climatiques qui pouvaient varier selon leur intensité. Ceux-ci font partie intégrante de notre histoire et ont façonné notre planète au cours des siècles.

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Le 15 juillet 2021, dans la région de Bad Neuenahr, en Rhénanie-Palatinat. Le réchauffement climatique augmente la quantité d'eau qui peut s'abattre sous forme de pluies diluviennes sur l'Europe de l'Ouest. (AFP)

Mais alors, pourquoi, de nos jours, ces phénomènes aux origines totalement naturelles deviennent de plus en plus problématiques ? Jusqu’alors, leur fréquence ainsi que leur intensité étaient relativement faibles et les cas d’une extrême violence plutôt rares. Certains ne se produisant qu’une fois dans l’année et sur une partie bien délimitée du globe. Qu’est-il donc arrivé depuis pour que nous en soyons là aujourd’hui ?

Pour commencer, faisons un plan d’ensemble 

Certains se rappelleront probablement des images des cyclones Idai et Kenneth. Ils ont touché l’Afrique centrale en 2019 (plus précisément au Zimbabwe, au Malawi et au Mozambique). Ces cyclones ont coûté la vie à plus de 1 000 personnes. Mais ont aussi dévasté des hectares de terrains, entraînant pénuries alimentaires et absence de services de base.

Ou peut-être celles des incendies et feux de forêt en Australie, au début de l’année 2020. Qui fut, par la même occasion, l’année la plus chaude jamais enregistrée. Résultat : 28 morts, des millions d’hectares brûlés, des familles déplacées.

Ou bien de la vague de sécheresse en Afrique de l’Est, au niveau de la Corne de l’Afrique. Des événements déjà survenus en 2011, 2017 et 2019, décimant culture et bétail. Cela a également provoqué de graves pénuries d’eau qui ont touché des pays entiers. On peut notamment citer le Kenya, l’Éthiopie ou la Somalie.

Ou encore des inondations en Asie du Sud, une région régulièrement touchée. Ces dernières ont forcé 12 millions de personnes à quitter leurs foyers en Inde, au Népal et au Bangladesh.

On remarque donc qu’aucune région du monde n’est désormais épargnée. 

Le dérèglement climatique, un facteur indéniable

Bien sûr, l’Homme et le changement climatique jouent éminemment un rôle important. En effet, le réchauffement climatique exacerbe les catastrophes climatiques et accroît le risque de leur venue. La chaleur atmosphérique et marine ne cessent d’accroître d’année en année, et ce, malgré les avertissements réguliers du GIEC (Groupes d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat). Cette augmentation de la température entraîne une élévation du niveau des eaux. Par conséquent l’intensité de ces phénomènes s’en trouve renforcée. Cependant, même si certaines causes à effet restent floues, il est certain que l’actuel dérèglement climatique a joué le rôle de catalyseur dans l’émergence de catastrophes marines. C’est le cas pour les cyclones ou les inondations. L’ONU est formelle. 9 catastrophes sur 10 sont maintenant liées au climat. Au cours des 20 prochaines années, elles ne feront que croître en nombre et en intensité.

« Le changement climatique a augmenté le nombre de phénomènes extrêmes à la surface de la mer associés à certains cyclones tropicaux, ce qui a exacerbé l’intensité d’autres phénomènes extrêmes, tels que les inondations et leurs répercussions. Ces réaction en chaine ont fragilisé les mégapoles de faible altitude, les deltas, les côtes et les îles de nombreuses régions du monde. »

OMM (Organisation Météorologique Mondiale)

Depuis les années 1970-80, le nombre de catastrophes naturelles a été multiplié par 5 selon l’OMM. Soit un total de 11 000 catastrophes naturelles. Entre 2006 et 2016, la vitesse d’élévation du niveau des océans était 2,5 fois supérieure à celle enregistrée au XXème siècle. Elle pourrait être de 1,10 mètre d’ici 2 100, entraînant ainsi le déplacement de 280 millions de personnes à travers le monde, selon le GIEC. De plus, depuis les années 1970, ces phénomènes ont entrainé la mort de plus de 2 millions de personnes. 

Mais ce n’est pas tout, d’autres facteurs sont aussi à prendre en compte

Le choix des lieux où s’implante les populations (les régions côtières représentent 75%) les infrastructures ou encore les activités humaines sont des facteurs déterminants. Parmi elles, on peut évoquer l’urbanisation mal réfléchie, la déforestation, la destruction de la biodiversité, etc. En effet, ces choix peuvent avoir une forte ascendance sur les risques climatiques et leurs dégâts. Le cas des pluies diluviennes au Pakistan en est un bon exemple. Si aujourd’hui elles deviennent des catastrophes naturelles, c’est en raison de « l’aménagement des sols par les hommes« , explique Yorik Baunay, directeur de Cat Nat (observatoire permanent des catastrophes naturelles et des risques naturels en France et dans le monde). « Ils construisent les habitations dans les lits des rivières, ça ne pardonne pas, surtout dans un pays en développement tel que le Pakistan

Concernant les catastrophes climatiques d’origine marine, les pays d’Asie sont les plus vulnérables. Et pour cause, selon une étude du GIEC, entre 70 et 90 cyclones sont relevés tous les ans sur le globe. Même si ce chiffre reste stable, l’intensité des cyclones connaît une forte croissance depuis quelques années. On remarque qu’il y a plus de cyclones d’intensité 4 ou 5, accompagnés de vents de plus de 200 km/h.

Les fortes vagues de chaleur, un problème inévitable ? 

Même si les inondations et catastrophes d’origine marine sont les plus fréquentes depuis quelques années, l’ONU estime que le pire problème à venir sera les vagues de forte chaleur. Pour Debarati Guha-Sapir, professeure d’épidémiologie à l’université de Louvain, en Belgique, le résultat est sans appel : « les vagues de chaleur ont augmenté de 232% depuis 1999. C’est énorme. Et les inondations dans le monde […] ont augmenté de 134%, donc elles ont plus que doublé« . Selon elle, « si cette accélération de phénomènes météorologiques extrêmes continue pendant les vingt prochaines années, l’avenir de l’humanité semble certainement très sombre« .

L’année 2022 a été marquée par une canicule précoce sur une grande partie du globe. En Europe, elle a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Dans la péninsule ibérique, les températures pouvaient atteindre facilement les 40°. En tout, on recense 14 108 morts juste pendant la période estivale. Un nombre toujours en hausse. La région du Sud de la France a aussi été victime d’un fort déficit de pluviométrie de 40% en 2022, rendant cette période une des plus sèches jamais enregistrée. Cette sécheresse a évidemment favorisé les départs de feu de forêt. La région de la Gironde fut durement touchée. Au total, 72 000 hectares de forêt ont été réduits en cendre, “six fois plus que la moyenne des dix dernières années ” rappelle Emmanuel Macron, lors d’une allocution le vendredi 28 octobre 2022. 

Certaines régions du monde restent plus affectées que d’autres

Les pays pauvres et en voie de développement sont ceux qui paient le plus lourd tribut, alors même que leur part de  responsabilité reste infime. En 2019, 91 % des décès sont dénombrés dans des régions qui manquent d’équipements de prévention. L’OMM révèle que seulement la moitié des pays membres de l’ONU en sont pourvus. On retrouve l’Éthiopie, le Bangladesh, le Mozambique, le Soudan ou encore le Myanmar (ex-Birmanie). 

On recense près de 20 millions de personnes par an dans des exodes massifs pour cause de ces phénomènes, une situation jusqu’alors inédite. C’est l’arrivée de réfugiés climatiques. Ils pourraient être 250 millions d’ici à 2050. 

La représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe de l’Onu, Mami Mizutori, a déclaré que « de plus en plus de personnes subissent les effets de cette situation d’urgence climatique qui est en train de se développer« . 

Un gouffre financier ? 

Le Programme des Nations-Unis estime que le coût des dégâts et le coût des réparations pourraient être entre 140 et 300 millions de dollars par an d’ici 2030 pour les pays en développement. Durant ces 30 dernières années, pour tout pays confondu, un chiffre total s’élève à 95 milliards de dollars de dégâts. Pour les États-Unis, le coût des dégâts s’élève à lui seul à près de 2 billions de dollars de pertes depuis 50 ans. Elles sont notamment due notamment aux violents ouragans qui s’abattent régulièrement sur le territoire. 

De possibles solutions pour aujourd’hui et demain 

Mami Mizutori a appelé les gouvernements à investir dans des systèmes d’alerte précoce et à mettre en place des stratégies de réduction du risque. Car s’il est, encore aujourd’hui, difficile de prévenir et d’anticiper l’augmentation de catastrophes naturelles sur le long terme et de manière efficace, la recherche scientifique et le développement d’appareils de détection météorologique et autres instruments de prévention devraient aider à contenir le nombre de décès liés à ces phénomènes, permettant aux populations de quitter les lieux rapidement. De nouveaux types de bâtiments et matériaux résistants aux secousses et au choc sont aussi en phase d’essai. 

Pour conclure, les challenges auxquels devra faire face l’humanité sont donc urgents. Aider les populations les plus vulnérables et agir ensemble pour la réduction des gaz à effet de serre doivent être les principaux objectifs des pays, afin d’éviter ce qui pourrait être un “avant-goût des années 2050”, expression de Christophe Cassou, chercheur au CNRS.

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter les articles CSactu suivants : https://www.csactu.fr/g7-2023-une-avancee-commune-pour-le-climat/, https://www.csactu.fr/canicule-en-espagne-les-effets-dune-secheresse-historique/, https://www.csactu.fr/climat-une-montee-des-eaux-alarmante-en-nouvelle-zelande/

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