Attendu dans un stade Abdoulaye-Wade flambant neuf, le match retour entre Sénégal et l’Égypte a finalement pris place dans une véritable fournaise. La rencontre de qualification pour la Coupe du Monde, entre les deux derniers finalistes de la CAN, avait déjà une odeur de poudre. Alors lorsque Boulaye Dia donne l’avantage aux Lions après à peine cinq minutes de jeu. C’est tout un stade qui explose. Au match aller, les égyptiens s’étaient imposés 1-0, dans une ambiance très tendue. Sifflets durant l’hymne ou lasers dans les yeux, la confrontation retour s’est aussi faite dans les tribunes. À quelques kilomètres de Dakar, les Pharaons ont été copieusement sifflés, et harcelés de lasers durant tout le match.
La pression était maximale au coup d’envoi. Les deux équipes se sont quittées il y a à peine deux mois en finale de la CAN. Après une séance de tirs aux buts remportée par le Sénégal. Cette double confrontation offrait une revanche à Mohamed Salah face à son coéquipier en club, Sadio Mané. Les sénégalais, poussés par leur public en début de match, mettent une pression énorme sur les buts égyptiens. L’ouverture du score de Dia (4e) ne stoppe pas la furia des Lions, qui impose une forte intensité. La deuxième mi-temps voit les hommes de la Teranga reculer peu à peu, tétanisés par l’enjeu du match.
Une séance encore cruelle pour les Pharaons
Les Lions dominent la prolongation. À l’image de d’une occasion presque immanquable qui échappe de nouveau à Ismaïla Sarr (95e). Le Sénégal, comme au match aller, a dominé les débats. Face à une équipe très regroupée et organisée en défense, les hommes d’Aliou Cissé butent. La séance de tirs aux buts est donc inévitable. En trois matchs en deux mois, les deux belligérants n’ont pas su se départager dans le jeu. La dernière séance avait vu les égyptiens échouer à deux reprises, sans pouvoir faire tirer son leader Mohamed Salah.
L’ailier des Reds de Liverpool prend ses responsabilités en premier, mais manque totalement le cadre. Ciblés par des centaines de lasers, les tireurs égyptiens et leur gardien sont mis en difficulté. La séance débute de manière exceptionnelle, avec les quatre premiers tireurs en échec. Un arrêt de Mendy donne l’avantage aux Lions. Comme en finale de la CAN, c’est Sadio Mané qui sonne le glas pour l’Égypte. Il propulse son pays dans l’euphorie. Aliou Cissé le dira plus tard à la presse : « C’est le public qui nous a fait passer ». Dans une ambiance irréelle, les Lions se qualifient pour la troisième Coupe du Monde de l’histoire du pays. 20 ans après les héros de 2002, en Corée du Sud.
Les Fennecs devaient rebondir
L’Algérie était plus qu’attendue. Après sa désillusion à la CAN au Cameroun, quelques semaines plus tôt. Le groupe vainqueur de la Coupe d’Afrique en 2019 avait fort à faire en 2022. Après avoir remporté l’Arab Cup l’année précédente. Fort d’un effectif très fourni et d’un jeu alléchant, la sélection guidée par Djamel Belmadi avait également une série d’invincibilité de 34 matchs (record d‘Afrique) avant la CAN. Après le fiasco au Cameroun, les Fennecs retrouvaient justement le pays organisateur en barrages pour la Coupe du Monde au Qatar. Revanchards, ils s’étaient imposés 1-0 à l’extérieur. Le tout grâce à une défense efficace et un but crucial de Islam Slimani avant la pause. Cette option prise au match aller devait être suivie d’une performance solide au retour.
Plutôt menacé en première période, c’est pourtant le Cameroun qui lance les hostilités. Raïs M’Bohli se manque sur sa sortie sur corner, et voit Choupo-Moting en profiter et égaliser sur les deux rencontres. L’Algérie a beaucoup de mal à se montrer dangereuse et rentre à la pause, menée. La deuxième période ainsi que les prolongations ne cessent de monter en tension. André Onana enchaîne les arrêts sur les occasions algériennes, qui se multiplient. Par deux fois, Islam Slimani réussi à trouver le fond des filets (50e et 98e). Par deux fois, l’arbitre Bakary Gassama fait appel à la VAR et refuse les buts pour hors-jeu et main. C’est finalement sur corner que l’Algérie fait enfin tomber un Onana héroïque. Ghezzal dépose un centre millimétré sur Ahmed Touba complètement isolé, qui conclut en toute fin de prolongations.
Une conclusion irréelle
Les Fennecs lâchent tout : leur rage, leur pression et surtout leurs nerfs. Ils ont enfin dompté les Lions. Mais alors que le match semble avoir rendu son verdict, l’Algérie craque sur coup de pied arrêté (125e). C’est Toko Ekambi offre la qualification à son pays. Complètement dépassés par les émotions, l’Algérie a perdu les pédales. Le stade Mustapha Tchaker s’éteint. Les camerounais courent vers leurs fans en plein délire, pendant que Djamel Belmadi, en larmes, s’effondre au sol. Les Verts traversent un deuxième fiasco en deux mois.
Le choc est total, et la déception est bien plus grande qu’en 2018. D’autant plus que ces dernières années, l’Algérie s’est affirmée comme un cador des équipes africaines. Riyad Mahrez, leader technique et capitaine s’est montré fantomatique et incapable de trouver des solutions. Après la rencontre, l’arbitre a subi de nombreuses critiques par rapport à la gestion de son match. Furieux, le coach algérien s’en est pris à Gassama : « Ces arbitres ne respectent pas notre pays. Ils viennent ici ? Voient ce travail, et ne nous respectent pas ». Le sélectionneur, terrassé par cette défaite cruelle a laissé le flou sur son avenir à ce poste.
Les deux chocs de barrages africains ont offert des scénarios cruels et remplis d’émotion. Les critiques sont encore nombreuses sur le format des qualifications des équipes africaines pour la Coupe du Monde. Elles sont considérées comme trop compliqué. En 2022, des sélections comme l’Algérie, l’Égypte ou le Nigéria ne pourront pas se déplacer à Doha. Hugo Lloris, après son match face à la Côte d’Ivoire soulève ce problème : « C’est quand même difficile de comprendre qu’une nation aussi talentueuse ne soit pas présente à la Coupe du Monde ». Le Sénégal et le Cameroun représenteront l’Afrique au Qatar avec le Maroc, la Tunisie et le Ghana.
